La dissidence tarifaire, un mode de contestation qui séduit les médecins

Devant l’échec des négociations conventionnelles, un certain nombre de médecins libéraux ont décidé de majorer leurs tarifs pour compenser l’inflation et manifester leur mécontentement.
La CNAM affirme que ce mouvement est ultra-minoritaire, voire anecdotique. Mais est-ce bien la vérité ?

Nous avons décidé pour le savoir d’interroger directement les médecins. 3022 ont répondu à notre appel, et les résultats ne confirment absolument pas les affirmations de la CNAM.

En effet, les 55 % des répondants affirment participer peu ou prou au mouvement.

Chiffre qu’on peut affiner selon la participation : pour certains patients, pour la plupart des patients, ou systématiquement :

Et plus intéressant, plus d’un tiers de ceux qui ne participent pas envisagent de le faire à l’avenir, contre un tiers qui s’y refuse, et un tiers qui réserve sa réponse.

 

Clairement, le mouvement n’est pas essentiellement financier, puisque les deux tiers des participants appliquent des dépassements inférieurs ou égaux à 5 €. La motivation première est de montrer le « raz-le bol » d’une profession qui en a assez d’être maltraitée et attaquée de tous bords, et qui n’a plus que ce moyen pour l’exprimer et le faire savoir.

Et le raz-le-bol est tel que même les menaces ou les sanctions ne semblent pas en mesure de faire reculer les récalcitrants, alors que la profession n’est pas réputée très remuante :

 

Donc une chose est claire, le mouvement de fronde tarifaire n’est ni marginal, ni anecdotique. Si la CNAM peut affirmer le contraire, c’est uniquement parce qu’il n’est pas très visible (la plupart des patients acceptent sans souci de payer 5€ de plus). Mais la presse nationale commence à s’y intéresser, et surtout il risque fort de n’être que le premier pas d’une fronde plus dure, si des réponses à la mesure des attentes des médecins ne sont pas apportées rapidement par le Ministère de la Santé et la CNAM.

 

Vous n’avez pas encore participé ? Tant pis, l’enquête est close … la prochaine fois peut-être.