AmeliPro (?) : peut mieux faire !

Une nouvelle mouture d’AmeliPro a vu le jour il y a quelques semaines, censée améliorer grandement l’ergonomie du site phare de l’assurance maladie et l’expérience utilisateur des médecins.

Las ! les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances. Rien de très neuf finalement depuis l’article du 15 mars 2021 ou celui du 24 mars 2022.

L’ergonomie qui n’est franchement pas au rendez-vous

A commencer par cette obligation de cliquer, l’adresse ayant changé :

donc un clic obligatoire totalement inutile.
Et il n’est pas exceptionnel d’obtenir, de façon totalement aléatoire, ce message désespérant :

qui oblige à tout redémarrer le plus souvent pour s’en sortir.

Les difficultés arrivent d’ailleurs souvent dès la connexion parce qu’on obtient aussi régulièrement cet écran, alors que la lecture de la CPS fonctionne sans aucun problème sur d’autres sites :

 

Puis cette nouveauté quand on veut saisir un quelconque document pour un patient : encore un clic supplémentaire sur ce bouton

 

pour arriver à cet affichage

Alors un clic, ça peut paraître peu, mais c’est quand même une manœuvre DE PLUS, des kms souris en plus, et du temps en plus, donc une nette régression par rapport à la version, surtout que LE défaut principal d’AmeliPro, c’est son manque de réactivité. Et encore je suis gentil, je devrais dire sa lenteur catastrophique.

Nous sommes en permanence confrontés à l’équivalent AmeliPro de la petite roue multicolore qui tourne ; là ce sont les petits ronds verts et bleus qui dansent, qui dansent, qui dansent … parfois plus d’une minute d’attente entre 2 écrans.

Et le calvaire ne s’arrête pas là, parce que la lecture de la carte vitale elle-même est très lente … quand elle fonctionne.
Et pourtant j’ai une connexion fibre très performante … et je n’ai aucun souci avec les téléservices intégrés à mon logiciel patient.

Il faut donc entrer le NIR du patient … mais sans espaces et sans la clé, donc le bête copier-coller à partir du logiciel patient ne fonctionne pas.

Et même comme ça, il n’est pas exceptionnel que ça n’aboutisse pas, et qu’il faille saisir le NIR du patient 2, 3, 4 fois. mon record personnel étant de 5 tentatives avant que ça veuille bien fonctionner.

Il existe pourtant une alternative à Chrome ou Firefox pour se connecter : l’application AmeliproConnect qui fonctionne nettement mieux (sans toutefois être exempte de bugs) si vous vous connectez avec un lecteur PCSC. Malheureusement elle n’est pas du tout mise en avant et le chemin pour la télécharger est TRÈS bien planqué. Il faut aller tout en bas à droite et aller chercher l’item « Configuration » : pas évident du tout !

Les bugs

Malheureusement ils restent encore nombreux, souvent en rapport avec les ALD ou la MGEN (toujours elle), mais pas que …

Par exemple il n’est pas exceptionnel d’avoir des patients en ALD … sans affichage possible de la pathologie en cause !

De façon générale, consulter le dossier ALD d’un patient MGEN est impossible.

ce qui est assez drôle (non en fait) puisque l’échelon médical pour la MGEN … n’existe pas !

On nous a aussi vendu la possibilité de faire les PIRES MGEN sur AmeliPro. Sans pouvoir les transmettre mais il suffit alors d’imprimer le PIRES et de le transmettre par voie postale.
Sauf que le message obtenu alors, c’est :

Même chose évidemment pour les accidents ou les arrêts de travail.

Un certain nombre de médecins n’ont plus DU TOUT accès à l’affichage de leur patientèle. C’est un bug aléatoire, connu de la CNAM, mais dont la cause n’est pas identifiée … donc aucune correction possible !

Parfois de façon ponctuelle

ou permanente :

Sur AmeliproConnect, la validation des PIRES n’est pas possible jusqu’au bout, parce que l’impression des volets médecin et patient aboutit aussi sytématiquement à une erreur.

Autre bug d’AmeliproConnect, la saisie des dates en cas de délégation de service AmeliPro à un remplaçant ou un assistant bugue lamentablement. La saisie manuelle ne fonctionne pas (impossible à valider) et la saisie par le calendrier inverse le jour et le mois, et donc la date n’est pas reconnue par le logiciel qui visiblement attend une date au format français standard.

Il est donc obligatoire de repasser par FireFox pour faire la délégation.

 

Les améliorations qu’on aurait aimé avoir … et qu’on n’a pas eues 

Il faut bien le dire, pas beaucoup d’améliorations depuis mon coup de gueule de mars 2022.

Le renouvellement des arrêts de travail à partir d’un historique : ce serait tellement top de pouvoir reprendre un arrêt de travail, et de pouvoir le prolonger d’un clic en ne remettant que le nombre de jours de prolongation. Mais pour ça il faudrait déjà avoir un historique.

INS-C et transfert automatique dans le DMP : Alors que la CNAM pousse +++ pour qu’on qualifie l’INS-C des patients et qu’on pousse le plus de choses possibles dans le DMP, elle n’est elle-même pas capable d’utiliser l’INS-C ( qui contrairement au NIR ne peut concerner qu’un seul patient) ni de pousser dans le DMP les certificats d’arrêt de travail, la page patient du PIRES ALD, les CMI d’accident de travail, ou même d’envoyer sur la messagerie MSS du médecin les éléments à ranger dans le dossier patient. Au lieu de ça il faut toujours imprimer les documents, et si on veut le intégrer dans le dossier du patient les décharger en PDF puis les intégrer manuellement.

Le renouvellement des ALD à partir de la liste des patients en ALD est toujours impossible. Impossible de tout bêtement cliquer sur le nom d’un patient pour initier une prolongation d’ALD.

Non il faut retourner sur la page d’accueil, (se) retaper le numéro (sans les espaces !) et ensuite retourner dans l’espace de gestion des ALD et initier une nouvelle demande.

Il manque un  petit drapeau devant la messagerie sécurisée pour signaler un nouveau message. Parce qu’on ne va pas aller y voir systématiquement si rien n’attire notre attention.

La possibilité pour les internes d’accéder à AmeliPro avec leur CPF est toujours inexistante. Pourtant c’est le moment ou jamais de les convaincre.

Et la gestion des destinations des prescriptions médicales de transport n’a pas évolué.

Par exemple pour l’hôpital d’Avranches aucun résultat avec Hôpital, ni avec Centre, il faut écrire CHAG (Centre Hospitalier Avranches-Granville).

C’était pourtant évident non ? Et l’hôpital de chez moi à St-Hilaire, soit il n’existe pas, soit son nom est tellement mystérieux que je n’ai pas réussi à le deviner.

Bref au bout de quelques tentatives le médecin moyen, même motivé, abandonne purement et simplement.

Que veulent les médecins ?

Tout bêtement que ça marche

  • facilement
  • sans prise de tête
  • sans choses compliquées à installer
  • pour les titulaires, les remplaçants, les internes, les assistants
  • avec une plus-value en terme d’ergonomie et de temps gagné
  • et une communication facile avec les dossiers médicaux des médecins

Donnez-nous ça et vous verrez qu’AmeliPro aura du succès.

 

Alors la grande nouveauté quand même, c’est que ce jour 6 septembre 2023 nous avons longuement rencontré les maîtres d’œuvre d’AmeliPro avec Pascal Charbonnel et Frédéric Villeneuve. Le dialogue a été fructueux, la CNAM est très désireuse d’entendre nos retours et d’améliorer son produit.

Et nous avons eu quelques réponses TRÈS positives :

  • ils vont se pencher attentivement sur les dysfonctionnements remontés ;
  • le clic initial de redirection est provisoire, parce que la bascule n’est pas encore terminée ;
  • on travaille à la CNAM à une meilleure intégration de la MGEN, de la CAMIEG, de SNMSS, des électriciens, notaires, cultes … mais la MGEN reste la MGEN ;
  • le copier-coller avec les espaces c’est faisable … d’ailleurs ça fonctionne dans SI-VAC ;
  • l’historique des arrêts de travail et l’archivage dans le DMP est en projet ;
  • le renouvellement des ALD depuis la liste aussi ;
  • et le petit « drapeau » devant la messagerie aussi ;
  • et il existe maintenant une possibilité de saisie en texte libre pour les adresses des prescriptions de transport.

Mais il reste des freins techniques qui rendent les choses parfois difficiles.

Il n’en reste pas moins que l’impression d’être écouté est très agréable, d’autant que nous avons convenu de refaire le point 2 à 3 fois par an.

Il ne reste plus qu’à croiser les doigts !