Une série ministérielle en plusieurs épisodes, où chaque mois apporte son lot de surprises, de comités et de contradictions, qui nous tiendra en haleine jusqu’à l’automne 2026 …
Les documents de présentation seront intégrés au fur et à mesure de leur réception, donc bien souvent avec plusieurs semaines de décalage.
Les Dr Junior pourront-ils exercer dans de bonnes conditions, pour une 10ème année véritablement professionnalisante ? la suite au prochain épisode, mais pas sur ce canal
En effet la FMF Gé a décidé de se retirer des réunions sur l’organisation de la 4ème année d’internat de médecine générale.
Force est de constater que s’il s’agit bien de discussions, ce ne sont en aucun cas des négociations, et jamais notre point de vue n’est pris en compte.
6 mois de réunions, pour quel bilan ?
Rien en fait
Toutes nos demandes sont poliment écoutées, puis remisées au fond d’un tiroir est oubliées.
Toutes les décisions sont prises de façon autoritaire par le ministère de la santé, ou prévues via le PLFSS 2026.
Donc 6 mois pour que :
- la rémunération des Dr Junior soit fixée par décret pendant les vacances, au niveau prévu dès le début pas le ministère, sans aucune notion de gestion d’un cabinet libéral, ni aucun intéressement à l’activité ou à la cotation efficace ;
- le forfait, assuré et simple, quoiqu’insuffisant au regard de la réalité des coûts, de 1200 € par mois de mise à disposition d’un local équipé soit remplacé par un dispositif lourd et alambiqué de paiement par la part AMC des actes du Dr Junior, avec probablement un mécanisme de régulation pour aboutir au même montant : on passe donc d’un dispositif simple à une usine à gaz où le MSU devra assumer une gestion comptable complexe ;
- le ministère s’aperçoive enfin que tous les Dr Junior ne pourront pas être thèses à temps et organise à l’arrache un système dérogatoire, contraint et forcé par l’urgence.
Ce bilan est maigre, pour ne pas dire inexistant.
Nous ne pouvons pas continuer à assister à des discussions qui ne servent au final qu’à cautionner par défaut les décisions gouvernementales.
Bien sûr nous continuerons à défendre les Dr Junior et les PAMSU, mais sans servir de caution à une dérive inacceptable.

Nous attendions avec une certaine impatience la « réunion de la dernière chance » proposée par la DGOS la semaine dernière en réaction à la bronca générale de tous les participants aux propositions du ministère (propositions qu’on ne pouvait pas discuter puisque pas de ministre de la santé en poste).Nous ne nous attendions à rien, mais nous sommes quand même déçus …
En effet la représentante de la DGOS nous l’a redit (à plusieurs reprises) : « la situation n’a pas changé, le Ministère traite les affaires courante, nous n’avons aucun pouvoir décisionnaire, nous somme ici uniquement pour vous écouter, prendre note, mais c’est tout ».
Donc tenir compte de nos propositions n’est même pas une option.
Même si elle admet du bout des lèvres qu’il faudrait résoudre la quadrature du cercle.
Pourtant, et c’est assez rare pour être souligné, la profession dans son ensemble s’est présentée unie et a parlé d’une seule voix. Tous nous nous étions réunis vendredi soir pour en discuter, et trouver une position commune. Les syndicats séniors, le CMG, le CNGE, les centre de santé, les internes, tous nous étions d’accord pour rejeter la solution proposée la semaine dernière par la DGOS, son effroyable complexité, et l’insécurité qu’elle génèrerait.
Sans révolution non plus : le passage est très étroit, entre le veto total du paiement à l’acte et à l’activité par les doyens, l’impossibilité technique d’un acte « GDJ » spécifique aux Dr Junior qui serait 100% AMO, l’incapacité des régimes AMO de gérer à la fois les parts AMO et AMC, et l’exigence du Ministère du tiers payant au moins de la part AMO. Mais tous les présents souhaitent faire ce qui est possible pour favoriser la mise en place de la 4ème année d’internat de médecine générale. Même si en l’état actuel des choses les syndicats d’internes sont plutôt favorables à un report de la réforme.
Le CNGE, appuyé par le CMG avait donc élaboré une solution alternative, qui, sans déclencher l’enthousiasme, avait le mérite de simplifier le circuit :
- Le Dr Junior fait le TP AMO, et encaisse la part AMC au nom du MSU : pas de souci de statut « bâtard » pour l’interne, et les MSU savent gérer.
- Les MSU gardent cette part AMC en plus du forfait structure en compensation du travail supplémentaire. Le salaire du Dr Junior n’a donc plus à être adapté à son activité, plus de problèmes de comptabilité pour les CHU.
- L’activité des Dr Junior est plafonnée, pour éviter la tentation de les faire travailler au-delà du raisonnable.
- Pour éviter la rupture d’égalité, pour les cas sans part AMC (ALD, maternité, C2S, actes à 100% AMO, ATMP, CME, invalidité) ou les régimes spéciaux avec part AMC réduite (Alsace-Moselle, clercs de notaire, certains régimes MSA), l’AMO reverse au MSU la part théorique manquante correspondant à une part AMC « virtuelle » pour arriver à 30% du prix de l’acte.
Cette solution sécurise le Dr Junior, valorise le MSU et rend son travail plus attractif, diminue la charge de travail des CHU et des DUMG.
Mais nous avons essuyé une fin de non-recevoir par la DGOS, en raison du fait qu’elle n’est pas là pour prendre des décisions, mais juste pour donner une avis technique et juridique. Et qu’il n’est pas question de payer les MSU plus que ce que les décrets du mois d’août ont acté, même si ces indemnisations sont en dessous du coût réel pour les PAMSU. Et qu’elle n’estime pas que notre proposition simplifie les choses.
Bref on tourne en rond sans avancer d’un pouce, et on a le sentiment d’une réunion proposée dans l’urgence, mais sans réelle préparation ni volonté de progresser. Et d’ailleurs sans support de présentation. On attend de nous des propositions … sans vouloir les mettre en œuvre.
Pourtant l’urgence est bien là : les PAMSU ne veulent pas se positionner sans un financement stabilisé et clair, les DUMG ne peuvent donc pas construire une offre de stage claire sur des fondations solides … et pourtant les internes futurs Dr Junior devront choisir dès le mois de mai 202§ leur terrain de stage de novembre 2026 au sein d’une offre … qui n’existe pas.
C’est donc une seconde quadrature du cercle qui s’ajoute à celle des rémunérations impossibles.
La DGOS le sent bien d’ailleurs, et ne nous propose pas de date pour une nouvelle réunion.
La suite donc au prochain épisode, mais la production n’est pas en mesure d’annoncer sa programmation.
C’était aujourd’hui la rentrée des consultations autour du Dr Junior. On va dire consultations et non pas concertation ou négociation, puisqu’on a bien vu que l’avis des syndicats de médecins et d’internes ne valait pas grand-chose.
Avec une entrée en matière assez hallucinante qui a tout de suite donné le ton de cette séance :
« Nous n’avons pas autorité pour changer les choses ; le Ministère de la Santé expédie les affaires courantes. Pour la mise en œuvre, nous devons appliquer les décrets et trouver des solutions ensemble pour les appliquer en levant le plus possible les points de blocage ».
En clair : « comme d’habitude, nous vous présentons ce que nous avons décidé, nous ne pouvons pas y changer une virgule, le rôle des syndicats est de se débrouiller pour le transposer sur le terrain sans faire de vagues. »
Suivi aussitôt de cette autre phrase hallucinante
« Le report n’est n’est pas possible car le cadre est fixé par la loi »
Le cadre étant donc ainsi fixé, nous avons pu découvrir l’invraisemblable usine à gaz imaginée par le Ministère pour la rémunération des Dr Junior.
Parce que l’interdiction de rémunération en partie à l’acte ne suffisait pas, le ministère a rêvé la participation du Dr Junior à son propre salaire.

Le malheureux Dr Junior devra faire du Tiers Payant AMO systématique, encaisser la part AMC, la CPAM informe mensuellement le CHU du montant de ces rémunérations, et le CHU verse le salaire du Dr Junior AMPUTÉ de ces rémunérations avec un décalage de deux mois dans l’ajustement (ce qui est très optimiste quand on se souvient des difficultés importantes rencontrées par les MSU pour se faire payer).
Avis unanime de tous les participants, ISNI, de l’ISNAR, FMF, MG France, CNGE : ce n’est plus une usine à gaz, c’est le summum des usines à gaz.
Notons qu’à contrario, les remplaçants n’ont PAS le droit d’encaisser directement les honoraires des actes qu’ils effectuent, mais qu’ils doivent les reverser intégralement aux remplacés qui leur font ensuite une rétrocession, ou qu’une vendeuse en boulangerie n’a pas le droit de garder pour elle les sommes des pains qu’elle vend en avance sur son futur salaire. Mais les Dr Junior, eux, devront le faire !
La DGOS qui mène les débats reste droit dans ses bottes et balaye d’un revers de main les objections qui fusent :
- mise en place difficile eu égard des contraintes des CHU avec des adaptations des feuilles de paye avec des montants différents pour chaque Dr Junior : un groupe de travail technique, avec comme pilotes les CHU de Strasbourg et de Saint-Étienne, est mis en place et tout sera prêt le moment venu ;
- comptabilité des actes impossible : la CNAM est parfaitement en capacité de déterminer les nombres de consultations effectuées en tenant compte des différences de régime spécifique (Alsace Lorraine) et des tarifs DROM ;
- comment concilier le TP obligatoire du Dr Junior et le paiement à l’acte de son MSU ? c’est le choix du MSU de ne pas faire de TP car de toute façon le tiers payant est payé par la caisse. Autant dire que le ministère oblige quasiment les MSU à s’aligner et à passer au tiers payant.
- Comment les Dr Junior peuvent-ils encaisser des honoraires alors qu’ils sont salariés ? des arbitrages seront faits entre le ministère de l’économie et le ministère de la santé pour que le Dr junior soit toujours considéré comme salarié malgré l’utilisation d’un compte professionnel et une note devrait être faite sens par Bercy pour clarification auprès des experts comptables.
- Qui fournit (et paye) le lecteur de carte bleue et les commissions ? On attend le cadrage de Bercy ;
- Quid de la CPS pour le Dr Junior ? la CNAM s’engage à obtenir la carte CPS pour le Dr Junior en un mois (on en rirait presque si on n’avait pas autant envie de pleurer) ;
- Demande des étudiants d’une cartographie des MSU; le ministère la fournira en octobre (si si, bon on verra bien, 6 semaines pour trouver suffisamment de MSU c’est chaud quand même) ;
- il y a 4000 thèses à passer avant octobre 2026, c’est irréalisable avec les contraintes actuelles. Silence pudique, un ange passe …
- les centre de santé font du TP intégral, le ministère va donc reverser aux centres la part AMC ?
-
Tout reste en suspend pour la PDSA sur lequel un groupe de travail doit avancer . Pour le CNOM le Dr Junior est un étudiant et ne sera jamais seul en PDSA. mais curieusement quand le Dr Junior est remplaçant, il peut travailler seul en PDSA …
- Demande du CNGE de scinder la part pédagogique de 600 € qui serait versée par la faculté des autres rémunérations des MSU qui reviendraient à la CNAM ; c’est probablement la seule demande facile à mettre en place ;
-
La FMF demandé une revalorisation pour les DROM de 20% car à 1200€ hors ZIP il est impossible d’équiper un cabinet si on prend en compte l’octroi de mer et les frais de transport
Mais nous somme sauvés : une réunion doit se tenir la semaine prochaine pour proposer des solutions alternatives.
Le ministère demande d’envoyer au préalable les questions avec des demandes techniques précises
A croire que tout ce qui figure ci-dessus n’est pas considéré comme des demandes précises.
On a vraiment l’impression d’une séance sous hallucinogènes
En effet les décrets sur la rémunération des Dr Junior et celle des MSU sont parus au JO du 28/08/2025.Et c’est comme d’habitude la traduction dans les faits de « nous vous avons invités à des réunions, nous vous avons bien écoutés, nous avons bien noté toutes vos demandes … et maintenant nous n’en tenons aucun compte et nous appliquons ce que nous avions décidé ».Et donc pour les Dr Junior
- Rémunération uniquement par la faculté
- Pas de rémunération à l’acte du tout … une prime de 500 € PAR SEMESTRE pour faire plus de 1200 actes dans le semestre. Tant qu’à travailler plus, il est nettement plus rentable pour les Dr Junior d’aller faire des remplacements.
- Une prime mensuelle de 1000 € pour effectuer son stage en ZIP : le ministère ne cache même plus le fait que la 4ème année de médecine générale est faite pour trouver des bouche-trous et des cache-misères dans les zones déficitaires, très loin du but affiché de formation complémentaire.
Et pour les MSU
- 600 € bruts d’honoraires pédagogiques, par mois de stage et par étudiant. Dans l’hypothèse où l’étudiant est accueilli chez plusieurs praticiens agréés-maîtres de stage des universités, les honoraires pédagogiques sont partagés entre les MSU. Et on remarque qu’il n’est pas questions de salaire comme pour l’encadrement des externes, des internes de niveau 1 ou des SASPAS.
- une indemnité de compensation des charges liées à l’encadrement spécifique, dont le montant est fixé à 1 200 euros bruts, par mois de stage et par étudiant pour la mise à disposition d’un bureau équipé, de l’informatique, des consommables, du secrétariat … très très loin du coût réel de la pratique, donc il faudra travailler à perte !
- 800 euros bruts, par mois de stage et par étudiant, si le praticien agréé-maitre de stage des universités exerce en zone d’intervention prioritaire (ZIP), en zone d’action complémentaire (ZAC) ou dans un quartier prioritaire de la politique de la ville. Même remarque que dans le paragraphe précédent sur le but réel de la 4ème année d’internat de MG.
- 400 euros bruts, par mois de stage et par étudiant, si le praticien agréé-maitre de stage des universités, participe à la supervision du docteur junior dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires. Sans tenir aucunement compte des difficultés relevées par tous les professionnels lors de la réunion du 24 juillet sur la PDSA.
Que va-t-il rester à discuter lors de la prochaine réunion prévue le 17 septembre maintenant qu’on a constaté à quel point le Ministère de la Santé s’assoit sur nos avis et nos demandes ? La couleur et la taille de la chaîne qui va attacher les Dr Junior à leur bureau ? Vous le saurez dans 3 semaines …
Ce groupe de travail est celui des injonctions contradictoires :
- Il n’y pas d’obligation de participation à la PDSA pour les Dr Junior … mais il faut qu’un maximum d’entre eux y participent.
- Un Dr Junior qui a une licence de remplacement peut faire de la PDSA comme remplaçant sans supervision … mais doit être supervisé s’il fait de la PDSA comme Dr Junior.
- Un Dr Junior qui fait de la PDSA comme remplaçant gagne très bien sa vie et les volontaires ne manquent pas … mais on ne sait absolument pas comment ça se passera financièrement en tant que Dr Junior, parce que ce n’est pas le sujet du jour.
- Il faut superviser les Dr Junior en PDSA … mais quels PAMSU seront volontaires pour le faire (pour 400 € par mois !) ?
- Qui supervisera les Dr Junior en PDSA, si les PAMSU ne veulent pas s’en charger ?
Une partie de la discussion, certes intéressante mais un peu « hors sujet », tourne sur l’organisation de la PDSA sur le territoire, pour finalement tomber d’accord sur le constat habituel : la PDSA fonctionne bien en France, le territoire est maillé et couvert, mais de façon assez hétérogène quant à son organisationselon un cahier des charges régional et départemental, dépendant des ARS. Il y a autant d’organisations de PDSA que de départements, ou presque.
Le Ministère est très optimiste et prévoit même de faire participer les Dr Junior à la régulation, exercice difficile s’il en est, et qui soulève des questions propres à cet exercice :
- formation,
- supervision,
- compétence du Dr Junior et de superviseur,
- responsabilité des deux,
- assurance,
- lieu de la régulation (les centres 15 sont parfois très éloignés des lieux d’exercice).
De même la participation comme effecteur soulève des problèmes pratiques :
- Comment inscrire un Dr Junior sur un tableau de garde ?
- Quelle assurance ?
- Comment faire pour ne pas empiéter sur les jours de stage (le statut d’interne comprend une obligation de repos de sécurité) ?
- Certains internes n’ont pas de permis ou pas de voiture.
- Faut-il mettre une limite au nombre d’effections à réaliser, pour ainsi prioriser l’activité de soins en cabinet et non la PDSA lors de la 4ème année d’internat ?
L’ISNAR mentionne que 87% des internes sont intéressés par la PDSA à condition de pouvoir accéder aux tableaux de garde …et à la rémunération qui va avec.
Les messages à retenir :
Il est souhaitable d’aborder la PDSA rapidement pour TOUS les internes, même si elle n’est pas obligatoire.
La médecine d’urgence est exercice très différent de la MG.
Les internes font déjà des gardes seuls en remplacement, mais ils ont désormais besoin de supervision en DJ ?
Conclusion
3 mots à retenir (innovant) : Encadrement, Supervision, Rémunération (mais on n’en parle surtout pas aujourd’hui)
Les échanges ont été constructifs et déboucheront sur une synthèse pour le comité de suivi. Désormais c’est l’heure de la pause estivale, entre sable et montagne.
Rendez-vous le 17 septembre à la rentrée pour la suite.
Cliquez ici pour le document de présentation.
Actuellement, le médecin accueillant, et surtout sa fonction, c’est une page blanche.
Le ministère attend de nous de poser des questions et d’apporter des réponses (!!). On part donc de très loin, tout est à écrire, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça tourne un peu (beaucoup) en rond.
Le but, c’est d’anticiper des difficultés éventuelles. Et elles sont nombreuses !
En PACA, le recensement des PAMSU montre que la liste existante n’est pas du tout à jour.
La première question qui se pose est celle du recrutement des médecins accueillants.
Qui s’en charge ?
En Occitanie, un travail a été mené avec les collectivités locales pour chercher des médecins accueillants en plus des MSU.
Dans chaque département, un médecin référent du département de médecine générale devra se mettre en contact avec les représentants locaux des ARS.
Il faut s’assurer de l’accueil concret du DJ (en pratique le local professionnel, question abordée la semaine dernière, mais sans nous).
Le second problème est celui de la supervision du Dr Junior, et des discordances éventuelles entre le médecin accueillant et le PAMSU superviseur.
Parce que tenez-vous bien : les fonctions de médecin accueillant et de PAMSU superviseur ne sont pas forcément assurées par la même personne !
Donc nous seront potentiellement dans la position d’accueillir dans nos locaux un Dr Junior, qui donc s’occupera de nos patients, mais de ne pas avoir notre mot à dire sur la gestion de ces patients par le Dr Junior, puisque cette fonction relèvera du PAMSU chargé de la supervision pédagogique, qu’il pourra exercer à distance.
Se pose donc inévitablement la question de la responsabilité médicale de cette prise en charge : sur QUI repose-t-elle ? Sur le Dr Junior ? Sur le PAMSU ? Sur le médein accueillant ?
Et pourtant, il est quand même prévu qu’au quotidien, les conseils donnés seraient assurés par le médecin accueillant. Sans rémunération supplémentaire pour cette fonction à haute responsabilité !
Le PAMSU assurerait la supervision en fin de journée à distance s’il n’est pas accueillant, et aurait une responsabilité pédagogique.
On peut imaginer que le médecin accueillant soit là pour les conseils pratiques et le PAMSU pour les conseils pédagogiques.
Le médecin accueillant pourrait aussi montrer comment fonctionne concrètement un cabinet libéral.
Mais cette situation évidemment bancale est à haut risque de conflit !
Ce qui nous amène à la troisième question, celle de la reponsabilité médicale du Dr Junior.
La responsabilité d’un Dr Junior n’est pas du tout la même que celle d’un médecin remplaçant. Ils restent des internes ; sont-ils donc sous responsabilité de l’hôpital au niveau assurance ?
Le Dr Junior sera-t-il sous responsabilité de l’hôpital, alors même que sa fonction sera celle d’un médein libéral ?
Réponses du Ministère
En cas d’accident du travail, ce sera sous la responsabilité du CHU, qui est l’employeur officiel.
La responsabilité sera celle du PAMSU, de l’interne ou de l’hôpital selon qu’il s’agira d’un problème de local ou de service.
Actuellement, le seul modèle qu’on a, c’est le modèle hospitalier du Dr Junior, mais il n’est pas facilement transposable au modèle libéral.
Pour l’assurance d’un PAMSU (arrêté du 12/04/2017), le PAMSU doit signaler à son assurance Responsabilité Civile Professionnelle qu’il est maître de stage.
Et pour terminer, on balaye rapidement les questions diverses.
- Est-ce qu’on peut partager des locaux au sein d’une CPTS pour accueillir des DJ ?
- Pour les assistants à cette réunion, la plus grande difficulté, si on part sur CE modèle de médecins accueillants, ce sera de trouver des PAMSU. Qui voudrait s’engager pour 600 euros par mois, en étant à distance, à superviser des Dr Junior ?
- D’autant que les PAMSU ne pourront pas s’occuper de plus d’un étudiant en supervision directe ou de plus de deux en supervision indirecte.
- Un PAMSU doit exercer localement. Il ne peut pas y avoir un PAMSU exerçant à l’étranger.
- Et cerise sur le gâteau, c’est l’ARS qui ouvre les postes de Dr Junior et donc contrôle cet aspect des choses. Eficacité et réactivité seront donc bien évidemment au rendez-vous.
La troisième réunion du comité de suivi national pour la mise en œuvre de la 4e année du DES de médecine générale (dite du « docteur junior ») s’est tenue le mercredi 9 juillet 2025, en visioconférence et présentiel au ministère de la santé.
Une réunion sous le signe du vide : rien de nouveau, des redites, du flou, de l’imprécision, de l’impréparation … du temps perdu, alors que l’urgence de mettre en place un projet bien cadré et bien ficelé est de plus en plus prégnante.
Malgré plusieurs relances, aucun ordre du jour ni document de travail n’a été transmis en amont de la réunion, comme cela avait déjà été le cas lors des deux réunions précédentes. Cette absence nuit à la lisibilité des échanges, à la préparation des participants, et pose un problème évident de méthode pour un comité dit « de suivi ».
La FMF tient à souligner que les supports présentés pendant les réunions précédentes n’ont toujours pas été envoyés aux participants, contrairement aux engagements pris à plusieurs reprises par l’administration.
Étaient présents des représentants :
- des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur,
- de la DGOS, DGS, DGESIP,
- des syndicats médicaux (dont la FMF, MG France, la CSMF, le SML, Jeunes Médecin, l’ISNAR-IMG…),
- du CNOM, de la Conférence des Doyens,
- des ARS, des collectivités locales (AMF, Régions de France), etc…
Alors de quoi avons-nous parlé ?
- Dérogation pour la soutenance de thèse (GT pilotés par la DGESIP des 10 juin et 3 juillet)
C’est en fait le seul point concrètement acté ! La dérogation d’un an pour soutenir la thèse est confirmée à titre dérogatoire pour les trois prochaines années. Pas automatique, mais envisageable, et à condition que la demande soit validée par le président de l’université, après avis du doyen.
Le CNOM a alerté sur les difficultés que cela posera pour l’inscription ordinale des internes non-thésés, et a proposé que les entretiens d’inscription puissent être organisés localement, au niveau départemental. Le ministère s’est montré ouvert à cette proposition.
- Indemnisation des MSU
Le projet d’arrêté modificatif prévoit une indemnisation en 4 volets pour les MSU accueillant un docteur junior :
- 600 € brut/mois d’honoraires pédagogiques,
- 1 200 € brut/mois pour compenser les charges de cabinet,
- 800 € brut/mois supplémentaires en cas d’exercice en ZIP, ZAC ou QPV,
- 400 € brut/mois supplémentaires en cas de supervision d’un docteur junior en PDSA.
C’est donc toujours le statu-quo, personne ne veut entendre que le coût réel d’un cabinet médical équipé, avec un secrétariat, est bien supérieur aux sommes évoquées et qu’on demande donc aux MSU de fournir une aide logistique … à perte.
La FMF a de plus de nouveau insisté sur la nécessité de sécuriser les circuits de paiement, au regard des nombreux retards actuels. À ce jour, aucune précision concrète n’a été apportée sur ce sujet pourtant central.
- Rémunération des docteurs juniors
La question de la rémunération à l’activité des docteurs juniors n’a toujours pas été tranchée.
Un texte réglementaire est en cours d’élaboration, mais il n’a pas été présenté lors de cette réunion. C’est donc de la concertation « à l’aveugle » !
Tous les syndicats présents ont réaffirmé leur opposition à une rémunération uniquement à l’activité, considérée comme incompatible avec les objectifs de formation de cette année de professionnalisation, notamment pour les activités non valorisées comme les visites à domicile ou les temps de réflexion clinique.
- Organisation de la 4e journée territoriale
La « quatrième journée » dédiée à la découverte d’autres modes d’exercice (PMI, médecine scolaire, structures publiques…) ne fera pas l’objet d’un cadrage national.
Elle devra être organisée localement, en concertation entre le docteur junior, son MSU et l’université.
Le ministère précise que les offres territoriales de formation devront être connues en amont, afin d’être intégrées au moment du choix des stages.
Donc il faut faire … mais on ne nous donne pas les outils pour faire.
- Groupes de travail à venir
Trois groupes de travail ont été annoncés :
- 17 juillet à 14h30 : accueil et hébergement
- 22 juillet à 14h30 : médecins accueillants
- 24 juillet à 9h30 : permanence des soins ambulatoires (PDSA)
Toutefois, à la date du 11 juillet, aucun lien de connexion n’avait été transmis aux participants, malgré l’échéance imminente de ces réunions.
Prochaines étapes
- Une nouvelle réunion plénière du comité de suivi est prévue en septembre 2025, avec l’objectif d’y présenter un état des lieux consolidé des terrains de stage disponibles.
- La FMF attend toujours la publication rapide des textes réglementaires (soutenance de thèse, indemnisation PMSU, rémunération DJ) ainsi que des précisions concrètes sur les circuits financiers.
La FMF reste pleinement mobilisée pour veiller à ce que cette réforme soit réalisable sur le terrain, qu’elle ne repose pas sur des effets d’annonce, et qu’elle respecte les conditions de formation des internes comme celles d’exercice des MSU.
Une réunion sous le signe du « demain mon Prince viendra » :




Le PPT complet, reçu (enfin) le 16 juillet !
Librement inspiré d’Hercule et d’Astérix, cet épisode fait voyager notre héros dans l’arène ministérielle, où chaque promesse devient épreuve, chaque acronyme un monstre à affronter, et chaque réunion une tâche presque impossible.
Le 11 juin 2025, le thermomètre frisait les 32 degrés. La visioconférence ministérielle tournait au hammam mais le Dr Junior, à l’heure où d’ordinaire l’humanité s’adonne au café tiède ou au rafraîchissement fruité, en sandales métaphoriques, était prêt. Une trentaine de silhouettes se matérialisaient tour à tour dans une mosaïque clignotante sur l’écran de visioconférence. Ainsi débutait la deuxième session du comité de suivi de la 4e année de médecine générale dite du Dr Junior.
Le rituel inaugural fut respecté : un tour de table. De courts « Bonjour, je suis machin » suivis de « ravi d’être là » résonnaient, entrecoupés de grésillements et de visages figés. Présentations sobres, regards attentifs, écoute respectueuse. Une introduction d’Olivier PALOMBI comme pour mieux poser les fondations d’un échange à construire. Il faut parfois commencer par se reconnaître, pour espérer avancer ensemble.
Le Comité de Suivi allait confier au Dr Junior une série d’épreuves. Il n’était pas certain d’avoir signé pour ça. Trop tard.
- Convaincre que ZIP et ZAC ne sont pas des mythes
Une annonce. Une impulsion. La majoration des indemnisations pédagogiques pour les zones sous-dotées est actée. À ce niveau du rêve, tout paraît possible. L’espoir s’installe. Il est doux. Il flotte. Mais en dessous, un autre niveau attend.
- PAMSU ou la chasse aux maîtres de stage fantômes
Le Dr Junior commence à perdre ses repères. Les sigles se multiplient. On lui parla d’Atlas Santé, de SIMOP, de cartographie. Il crut un instant qu’il allait partir en voyage. Mais non. Il s’agissait de « nettoyer » des bases de listing des PAMSU de retrouver les vrais MSU, les actifs, les oubliés, les introuvables.
Personne ne sait vraiment combien ils sont. Mais la mission est claire : les recenser tous. Sans se perdre dans le labyrinthe des doublons.
- Déboucher le goulot d’étranglement des thèses
4 261 thèses en attente. 3 770 de plus d’ici 2026. C’était trop. Alors, pour éviter le collapse, on proposa une dérogation d’un an. Dr Junior leva les yeux au ciel : il n’y avait pas d’étoile, mais une notification Teams. Alors on parle de dérogation. Pas automatique, pas assurée ni simple, mais possible.
La CNAM, elle, s’engagea à travailler sur les accès avec les cartes CPF. Peut-être qu’un jour, la prescription sécurisée sera possible et simple avec une carte CPF. Peut-être…
- Le débat sur la prime : activité ou équité ?
Le débat s’est enflammé autour de la prime d’activité supervisée. Proposée en deux paliers (200 € ou 500 €), elle conditionne la rémunération au nombre d’actes. Les voix se sont levées pour dénoncer une logique de productivité contraire à l’éthique. Une prime unique de 417 € est proposée. Le ministère, conscient de la presque unanimité des critiques, a promis de réexaminer ce point.
- S’orienter dans le dédale des groupes de travail
Des groupes de travail vont éclore partout : sur l’hébergement, l’environnement de travail, les parcours, les MSP, la PDSA. Des appels à volontaires circuleront. Mais chaque groupe est un tunnel. Parfois lumineux, peut-être sans sortie…
On promet de co-construire. Dr Junior se demande si c’est le synonyme poli de « faire semblant de demander ton avis ». Mais il se taira. Pour l’instant.
- Adaptation temporaire de la maquette
Pas assez de stages couplés ? On proposa pédiatrie ou gynécologie. Junior nota : « adaptation ». Il pensait : rafistolage. Mais il savait aussi que parfois, pour avancer, il faut marcher sur des planches mal clouées.
- Naviguer entre l’engagement et l’épuisement
Il faut s’impliquer. Mais il faut aussi tenir. Le Dr Junior se demande si Hercule, lui, avait une messagerie saturée et une garde le samedi.
- Écouter sans s’éteindre
Chaque prise de parole est importante. Mais les mots se superposent, se répètent, se dissolvent. Le Dr Junior se concentre. Il essaie d’entendre les signaux faibles, ceux qui trahissent ce qui sera vraiment fait
- Identifier les alliés dans la foule
Tous ne sont pas du même avis. Mais certains regardent dans la même direction. Ils sont peu nombreux mais essentiels. Il faudra les retrouver dans les réunions à venir.
- Transformer la colère en action constructive
Devant certaines absurdités, l’envie de râler est forte. Mais Dr Junior sait que chaque sarcasme peut devenir proposition. Et que chaque proposition a peut-être une chance.
- Encore.
La réunion se termine. Il est 16h. Dans un coin, quelqu’un dit « à dans un mois ! ». Dr Junior ferme son ordi. Il a chaud. Il a faim. Il a surtout l’impression d’avoir traversé une boucle administrative infinie. Il sait qu’il reviendra. Et que personne d’autre ne le fera à sa place.
- …le Ministère ayant estimé qu’en faire 11, c’était déjà pas mal
On avait prévu un douzième travail. Mais un comité s’est réuni. Un amendement a été voté. Puis modifié. Puis perdu. Depuis, on le cherche toujours. En attendant, on fait avec 11. Et c’est déjà héroïque.
A dans 1 mois
Pour ceux qui aiment la prose ministérielle : la présentation PPT du jour
Paris, mai 2025. Pendant que les cerisiers fleurissent, les comités bourgeonnent. Il est 14h. Visioconférence bancale avec des micros capricieux, une trentaine de têtes apparaissent en mosaïque. Ambiance chaleureuse : on ne s’entend pas, mais on se voit (par intermittence).
La mission ? Lancer, d’ici novembre 2026, une réforme d’ampleur : créer la 4e année des Dr Juniors pour les internes de médecine générale. Une initiative pleine de promesses, nourrie d’intentions louables, soigneusement présentées. Mais à l’heure actuelle, le seul élément réellement opérationnel, c’est … le fichier Powerpoint.

Pour le moment la 4e année du DES, c’est un peu comme un Escape Game sans énigme ni sortie : tout le monde tourne en rond, personne ne connaît trop les règles, mais on nous promet qu’à la fin, on aura appris des choses.
L’objectif est simple : 3700 docteurs juniors à caser, encadrer, rémunérer, héberger et accompagner dans des terrains de stage encore largement hypothétiques. La difficulté est modeste : tout faire en 18 mois avec une maquette à trous, des maîtres de stage sous-rémunérés et la découverte de MSU décédés dans les listings du Vaucluse.
Heureusement, l’État a un plan avec des groupes de travail thématiques, des comités mensuels, mais surtout une vision. Floue. Très floue. Mais une vision.
On nous promet une indemnité pédagogique de 600 € par mois, à laquelle s’ajouteraient 1200 € pour compenser les charges de mise à disposition d’un cabinet de consultation. Ce qui est touchant, c’est que tout le monde fait semblant d’y croire. Jusqu’à ce que les syndicats (tous) lèvent le sourcil. Jusqu’à ce que le CNGE cite des chiffres d’acceptation à 14 % des MSU. Jusqu’à ce que MG France réplique avec un 5 % dans le Vaucluse. Et surtout, jusqu’à ce qu’une représentante ministérielle lâche, un brin agacée : « Ne vous plaignez pas, ce montant a été négocié il y a longtemps. Aujourd’hui, ce serait probablement pire. » Note pour l’Histoire : dans la novlangue administrative, “négocié il y a longtemps” signifie souvent “imposé sans vous”.
Vous l’aurez compris les maîtres de stage, eux, ne sont pas loin du burn-out comptable
Mais le Ministère a trouvé la faille : “Ils n’ont pas vraiment besoin de supervision.” Ah !! Donc on crée une 4e année pour que les internes soient mieux formés, mais sans supervision parce qu’elle coûte trop cher. Voilà un concept éducatif innovant.
Alors, que reste-t-il à ce stade ?
- Des groupes de travail,
- Des slides PowerPoint,
- Une cartographie des terrains de stage à construire,
- Des décrets à paraitre avant l’été,
- Et une bonne nouvelle : en Occitanie, ça avance !
Le tableau de bord du projet affiche :
- Un logiciel d’appariement efficace sous réserve de pactes de sang entre étudiants et MSU ;
- Des collectivités locales motivées ;
- Une thèse à boucler dans des temps record ;
- Et surtout, beaucoup, beaucoup d’enthousiasme … à trouver.
Voilà la machine est lancée … on se retrouve le mois prochain.