Une série ministérielle en plusieurs épisodes, où chaque mois apporte son lot de surprises, de comités et de contradictions, qui nous tiendra en haleine jusqu’à l’automne 2026 …
Les documents de présentation seront intégrés au fur et à mesure de leur réception, donc bien souvent avec plusieurs semaines de décalage.
Nous avons maintenant deux mois avant la prochaine réunion du 17 septembre. Encore des synthèses à prévoir, des PowerPoint, des difficultés à nous faire entendre.
Les Dr Junior pourront-ils exercer dans de bonnes conditions, pour une 10ème année véritablement professionnalisante ? la suite au prochain épisode.
Ce groupe de travail est celui des injonctions contradictoires :
- Il n’y pas d’obligation de participation à la PDSA pour les Dr Junior … mais il faut qu’un maximum d’entre eux y participent.
- Un Dr Junior qui a une licence de remplacement peut faire de la PDSA comme remplaçant sans supervision … mais doit être supervisé s’il fait de la PDSA comme Dr Junior.
- Un Dr Junior qui fait de la PDSA comme remplaçant gagne très bien sa vie et les volontaires ne manquent pas … mais on ne sait absolument pas comment ça se passera financièrement en tant que Dr Junior, parce que ce n’est pas le sujet du jour.
- Il faut superviser les Dr Junior en PDSA … mais quels PAMSU seront volontaires pour le faire (pour 400 € par mois !) ?
- Qui supervisera les Dr Junior en PDSA, si les PAMSU ne veulent pas s’en charger ?
Une partie de la discussion, certes intéressante mais un peu « hors sujet », tourne sur l’organisation de la PDSA sur le territoire, pour finalement tomber d’accord sur le constat habituel : la PDSA fonctionne bien en France, le territoire est maillé et couvert, mais de façon assez hétérogène quant à son organisation selon un cahier des charges régional et départemental, dépendant des ARS. Il y a autant d’organisations de PDSA que de départements, ou presque.
Le Ministère est très optimiste et prévoit même de faire participer les Dr Junior à la régulation, exercice difficile s’il en est, et qui soulève des questions propres à cet exercice :
- formation,
- supervision,
- compétence du Dr Junior et de superviseur,
- responsabilité des deux,
- assurance,
- lieu de la régulation (les centres 15 sont parfois très éloignés des lieux d’exercice).
De même la participation comme effecteur soulève des problèmes pratiques :
- Comment inscrire un Dr Junior sur un tableau de garde ?
- Quelle assurance ?
- Comment faire pour ne pas empiéter sur les jours de stage (le statut d’interne comprend une obligation de repos de sécurité) ?
- Certains internes n’ont pas de permis ou pas de voiture.
- Faut-il mettre une limite au nombre d’effections à réaliser, pour ainsi prioriser l’activité de soins en cabinet et non la PDSA lors de la 4ème année d’internat ?
L’ISNAR mentionne que 87% des internes sont intéressés par la PDSA à condition de pouvoir accéder aux tableaux de garde …et à la rémunération qui va avec.
Les messages à retenir :
Il est souhaitable d’aborder la PDSA rapidement pour TOUS les internes, même si elle n’est pas obligatoire.
La médecine d’urgence est exercice très différent de la MG.
Les internes font déjà des gardes seuls en remplacement, mais ils ont désormais besoin de supervision en DJ ?
Conclusion
3 mots à retenir (innovant) : Encadrement, Supervision, Rémunération (mais on n’en parle surtout pas aujourd’hui)
Les échanges ont été constructifs et déboucheront sur une synthèse pour le comité de suivi. Désormais c’est l’heure de la pause estivale, entre sable et montagne.
Rendez-vous le 17 septembre à la rentrée pour la suite.
Cliquez ici pour le document de présentation.
Actuellement, le médecin accueillant, et surtout sa fonction, c’est une page blanche.
Le ministère attend de nous de poser des questions et d’apporter des réponses (!!). On part donc de très loin, tout est à écrire, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça tourne un peu (beaucoup) en rond.
Le but, c’est d’anticiper des difficultés éventuelles. Et elles sont nombreuses !
En PACA, le recensement des PAMSU montre que la liste existante n’est pas du tout à jour.
La première question qui se pose est celle du recrutement des médecins accueillants.
Qui s’en charge ?
En Occitanie, un travail a été mené avec les collectivités locales pour chercher des médecins accueillants en plus des MSU.
Dans chaque département, un médecin référent du département de médecine générale devra se mettre en contact avec les représentants locaux des ARS.
Il faut s’assurer de l’accueil concret du DJ (en pratique le local professionnel, question abordée la semaine dernière, mais sans nous).
Le second problème est celui de la supervision du Dr Junior, et des discordances éventuelles entre le médecin accueillant et le PAMSU superviseur.
Parce que tenez-vous bien : les fonctions de médecin accueillant et de PAMSU superviseur ne sont pas forcément assurées par la même personne !
Donc nous seront potentiellement dans la position d’accueillir dans nos locaux un Dr Junior, qui donc s’occupera de nos patients, mais de ne pas avoir notre mot à dire sur la gestion de ces patients par le Dr Junior, puisque cette fonction relèvera du PAMSU chargé de la supervision pédagogique, qu’il pourra exercer à distance.
Se pose donc inévitablement la question de la responsabilité médicale de cette prise en charge : sur QUI repose-t-elle ? Sur le Dr Junior ? Sur le PAMSU ? Sur le médein accueillant ?
Et pourtant, il est quand même prévu qu’au quotidien, les conseils donnés seraient assurés par le médecin accueillant. Sans rémunération supplémentaire pour cette fonction à haute responsabilité !
Le PAMSU assurerait la supervision en fin de journée à distance s’il n’est pas accueillant, et aurait une responsabilité pédagogique.
On peut imaginer que le médecin accueillant soit là pour les conseils pratiques et le PAMSU pour les conseils pédagogiques.
Le médecin accueillant pourrait aussi montrer comment fonctionne concrètement un cabinet libéral.
Mais cette situation évidemment bancale est à haut risque de conflit !
Ce qui nous amène à la troisième question, celle de la reponsabilité médicale du Dr Junior.
La responsabilité d’un Dr Junior n’est pas du tout la même que celle d’un médecin remplaçant. Ils restent des internes ; sont-ils donc sous responsabilité de l’hôpital au niveau assurance ?
Le Dr Junior sera-t-il sous responsabilité de l’hôpital, alors même que sa fonction sera celle d’un médein libéral ?
Réponses du Ministère
En cas d’accident du travail, ce sera sous la responsabilité du CHU, qui est l’employeur officiel.
La responsabilité sera celle du PAMSU, de l’interne ou de l’hôpital selon qu’il s’agira d’un problème de local ou de service.
Actuellement, le seul modèle qu’on a, c’est le modèle hospitalier du Dr Junior, mais il n’est pas facilement transposable au modèle libéral.
Pour l’assurance d’un PAMSU (arrêté du 12/04/2017), le PAMSU doit signaler à son assurance Responsabilité Civile Professionnelle qu’il est maître de stage.
Et pour terminer, on balaye rapidement les questions diverses.
- Est-ce qu’on peut partager des locaux au sein d’une CPTS pour accueillir des DJ ?
- Pour les assistants à cette réunion, la plus grande difficulté, si on part sur CE modèle de médecins accueillants, ce sera de trouver des PAMSU. Qui voudrait s’engager pour 600 euros par mois, en étant à distance, à superviser des Dr Junior ?
- D’autant que les PAMSU ne pourront pas s’occuper de plus d’un étudiant en supervision directe ou de plus de deux en supervision indirecte.
- Un PAMSU doit exercer localement. Il ne peut pas y avoir un PAMSU exerçant à l’étranger.
- Et cerise sur le gâteau, c’est l’ARS qui ouvre les postes de Dr Junior et donc contrôle cet aspect des choses. Eficacité et réactivité seront donc bien évidemment au rendez-vous.
La troisième réunion du comité de suivi national pour la mise en œuvre de la 4e année du DES de médecine générale (dite du « docteur junior ») s’est tenue le mercredi 9 juillet 2025, en visioconférence et présentiel au ministère de la santé.
Une réunion sous le signe du vide : rien de nouveau, des redites, du flou, de l’imprécision, de l’impréparation … du temps perdu, alors que l’urgence de mettre en place un projet bien cadré et bien ficelé est de plus en plus prégnante.
Malgré plusieurs relances, aucun ordre du jour ni document de travail n’a été transmis en amont de la réunion, comme cela avait déjà été le cas lors des deux réunions précédentes. Cette absence nuit à la lisibilité des échanges, à la préparation des participants, et pose un problème évident de méthode pour un comité dit « de suivi ».
La FMF tient à souligner que les supports présentés pendant les réunions précédentes n’ont toujours pas été envoyés aux participants, contrairement aux engagements pris à plusieurs reprises par l’administration.
Étaient présents des représentants :
- des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur,
- de la DGOS, DGS, DGESIP,
- des syndicats médicaux (dont la FMF, MG France, la CSMF, le SML, Jeunes Médecin, l’ISNAR-IMG…),
- du CNOM, de la Conférence des Doyens,
- des ARS, des collectivités locales (AMF, Régions de France), etc…
Alors de quoi avons-nous parlé ?
- Dérogation pour la soutenance de thèse (GT pilotés par la DGESIP des 10 juin et 3 juillet)
C’est en fait le seul point concrètement acté ! La dérogation d’un an pour soutenir la thèse est confirmée à titre dérogatoire pour les trois prochaines années. Pas automatique, mais envisageable, et à condition que la demande soit validée par le président de l’université, après avis du doyen.
Le CNOM a alerté sur les difficultés que cela posera pour l’inscription ordinale des internes non-thésés, et a proposé que les entretiens d’inscription puissent être organisés localement, au niveau départemental. Le ministère s’est montré ouvert à cette proposition.
- Indemnisation des MSU
Le projet d’arrêté modificatif prévoit une indemnisation en 4 volets pour les MSU accueillant un docteur junior :
- 600 € brut/mois d’honoraires pédagogiques,
- 1 200 € brut/mois pour compenser les charges de cabinet,
- 800 € brut/mois supplémentaires en cas d’exercice en ZIP, ZAC ou QPV,
- 400 € brut/mois supplémentaires en cas de supervision d’un docteur junior en PDSA.
C’est donc toujours le statu-quo, personne ne veut entendre que le coût réel d’un cabinet médical équipé, avec un secrétariat, est bien supérieur aux sommes évoquées et qu’on demande donc aux MSU de fournir une aide logistique … à perte.
La FMF a de plus de nouveau insisté sur la nécessité de sécuriser les circuits de paiement, au regard des nombreux retards actuels. À ce jour, aucune précision concrète n’a été apportée sur ce sujet pourtant central.
- Rémunération des docteurs juniors
La question de la rémunération à l’activité des docteurs juniors n’a toujours pas été tranchée.
Un texte réglementaire est en cours d’élaboration, mais il n’a pas été présenté lors de cette réunion. C’est donc de la concertation « à l’aveugle » !
Tous les syndicats présents ont réaffirmé leur opposition à une rémunération à l’activité, considérée comme incompatible avec les objectifs de formation de cette année de professionnalisation, notamment pour les activités non valorisées comme les visites à domicile ou les temps de réflexion clinique.
- Organisation de la 4e journée territoriale
La « quatrième journée » dédiée à la découverte d’autres modes d’exercice (PMI, médecine scolaire, structures publiques…) ne fera pas l’objet d’un cadrage national.
Elle devra être organisée localement, en concertation entre le docteur junior, son MSU et l’université.
Le ministère précise que les offres territoriales de formation devront être connues en amont, afin d’être intégrées au moment du choix des stages.
Donc il faut faire … mais on ne nous donne pas les outils pour faire.
- Groupes de travail à venir
Trois groupes de travail ont été annoncés :
- 17 juillet à 14h30 : accueil et hébergement
- 22 juillet à 14h30 : médecins accueillants
- 24 juillet à 9h30 : permanence des soins ambulatoires (PDSA)
Toutefois, à la date du 11 juillet, aucun lien de connexion n’avait été transmis aux participants, malgré l’échéance imminente de ces réunions.
Prochaines étapes
- Une nouvelle réunion plénière du comité de suivi est prévue en septembre 2025, avec l’objectif d’y présenter un état des lieux consolidé des terrains de stage disponibles.
- La FMF attend toujours la publication rapide des textes réglementaires (soutenance de thèse, indemnisation PMSU, rémunération DJ) ainsi que des précisions concrètes sur les circuits financiers.
La FMF reste pleinement mobilisée pour veiller à ce que cette réforme soit réalisable sur le terrain, qu’elle ne repose pas sur des effets d’annonce, et qu’elle respecte les conditions de formation des internes comme celles d’exercice des MSU.
Une réunion sous le signe du « demain mon Prince viendra » :
Le PPT complet, reçu (enfin) le 16 juillet !
Librement inspiré d’Hercule et d’Astérix, cet épisode fait voyager notre héros dans l’arène ministérielle, où chaque promesse devient épreuve, chaque acronyme un monstre à affronter, et chaque réunion une tâche presque impossible.
Le 11 juin 2025, le thermomètre frisait les 32 degrés. La visioconférence ministérielle tournait au hammam mais le Dr Junior, à l’heure où d’ordinaire l’humanité s’adonne au café tiède ou au rafraîchissement fruité, en sandales métaphoriques, était prêt. Une trentaine de silhouettes se matérialisaient tour à tour dans une mosaïque clignotante sur l’écran de visioconférence. Ainsi débutait la deuxième session du comité de suivi de la 4e année de médecine générale dite du Dr Junior.
Le rituel inaugural fut respecté : un tour de table. De courts « Bonjour, je suis machin » suivis de « ravi d’être là » résonnaient, entrecoupés de grésillements et de visages figés. Présentations sobres, regards attentifs, écoute respectueuse. Une introduction d’Olivier PALOMBI comme pour mieux poser les fondations d’un échange à construire. Il faut parfois commencer par se reconnaître, pour espérer avancer ensemble.
Le Comité de Suivi allait confier au Dr Junior une série d’épreuves. Il n’était pas certain d’avoir signé pour ça. Trop tard.
- Convaincre que ZIP et ZAC ne sont pas des mythes
Une annonce. Une impulsion. La majoration des indemnisations pédagogiques pour les zones sous-dotées est actée. À ce niveau du rêve, tout paraît possible. L’espoir s’installe. Il est doux. Il flotte. Mais en dessous, un autre niveau attend.
- PAMSU ou la chasse aux maîtres de stage fantômes
Le Dr Junior commence à perdre ses repères. Les sigles se multiplient. On lui parla d’Atlas Santé, de SIMOP, de cartographie. Il crut un instant qu’il allait partir en voyage. Mais non. Il s’agissait de « nettoyer » des bases de listing des PAMSU de retrouver les vrais MSU, les actifs, les oubliés, les introuvables.
Personne ne sait vraiment combien ils sont. Mais la mission est claire : les recenser tous. Sans se perdre dans le labyrinthe des doublons.
- Déboucher le goulot d’étranglement des thèses
4 261 thèses en attente. 3 770 de plus d’ici 2026. C’était trop. Alors, pour éviter le collapse, on proposa une dérogation d’un an. Dr Junior leva les yeux au ciel : il n’y avait pas d’étoile, mais une notification Teams. Alors on parle de dérogation. Pas automatique, pas assurée ni simple, mais possible.
La CNAM, elle, s’engagea à travailler sur les accès avec les cartes CPF. Peut-être qu’un jour, la prescription sécurisée sera possible et simple avec une carte CPF. Peut-être…
- Le débat sur la prime : activité ou équité ?
Le débat s’est enflammé autour de la prime d’activité supervisée. Proposée en deux paliers (200 € ou 500 €), elle conditionne la rémunération au nombre d’actes. Les voix se sont levées pour dénoncer une logique de productivité contraire à l’éthique. Une prime unique de 417 € est proposée. Le ministère, conscient de la presque unanimité des critiques, a promis de réexaminer ce point.
- S’orienter dans le dédale des groupes de travail
Des groupes de travail vont éclore partout : sur l’hébergement, l’environnement de travail, les parcours, les MSP, la PDSA. Des appels à volontaires circuleront. Mais chaque groupe est un tunnel. Parfois lumineux, peut-être sans sortie…
On promet de co-construire. Dr Junior se demande si c’est le synonyme poli de « faire semblant de demander ton avis ». Mais il se taira. Pour l’instant.
- Adaptation temporaire de la maquette
Pas assez de stages couplés ? On proposa pédiatrie ou gynécologie. Junior nota : « adaptation ». Il pensait : rafistolage. Mais il savait aussi que parfois, pour avancer, il faut marcher sur des planches mal clouées.
- Naviguer entre l’engagement et l’épuisement
Il faut s’impliquer. Mais il faut aussi tenir. Le Dr Junior se demande si Hercule, lui, avait une messagerie saturée et une garde le samedi.
- Écouter sans s’éteindre
Chaque prise de parole est importante. Mais les mots se superposent, se répètent, se dissolvent. Le Dr Junior se concentre. Il essaie d’entendre les signaux faibles, ceux qui trahissent ce qui sera vraiment fait
- Identifier les alliés dans la foule
Tous ne sont pas du même avis. Mais certains regardent dans la même direction. Ils sont peu nombreux mais essentiels. Il faudra les retrouver dans les réunions à venir.
- Transformer la colère en action constructive
Devant certaines absurdités, l’envie de râler est forte. Mais Dr Junior sait que chaque sarcasme peut devenir proposition. Et que chaque proposition a peut-être une chance.
- Encore.
La réunion se termine. Il est 16h. Dans un coin, quelqu’un dit « à dans un mois ! ». Dr Junior ferme son ordi. Il a chaud. Il a faim. Il a surtout l’impression d’avoir traversé une boucle administrative infinie. Il sait qu’il reviendra. Et que personne d’autre ne le fera à sa place.
- …le Ministère ayant estimé qu’en faire 11, c’était déjà pas mal
On avait prévu un douzième travail. Mais un comité s’est réuni. Un amendement a été voté. Puis modifié. Puis perdu. Depuis, on le cherche toujours. En attendant, on fait avec 11. Et c’est déjà héroïque.
A dans 1 mois
Pour ceux qui aiment la prose ministérielle : la présentation PPT du jour
Paris, mai 2025. Pendant que les cerisiers fleurissent, les comités bourgeonnent. Il est 14h. Visioconférence bancale avec des micros capricieux, une trentaine de têtes apparaissent en mosaïque. Ambiance chaleureuse : on ne s’entend pas, mais on se voit (par intermittence).
La mission ? Lancer, d’ici novembre 2026, une réforme d’ampleur : créer la 4e année des Dr Juniors pour les internes de médecine générale. Une initiative pleine de promesses, nourrie d’intentions louables, soigneusement présentées. Mais à l’heure actuelle, le seul élément réellement opérationnel, c’est … le fichier Powerpoint.
Pour le moment la 4e année du DES, c’est un peu comme un Escape Game sans énigme ni sortie : tout le monde tourne en rond, personne ne connaît trop les règles, mais on nous promet qu’à la fin, on aura appris des choses.
L’objectif est simple : 3700 docteurs juniors à caser, encadrer, rémunérer, héberger et accompagner dans des terrains de stage encore largement hypothétiques. La difficulté est modeste : tout faire en 18 mois avec une maquette à trous, des maîtres de stage sous-rémunérés et la découverte de MSU décédés dans les listings du Vaucluse.
Heureusement, l’État a un plan avec des groupes de travail thématiques, des comités mensuels, mais surtout une vision. Floue. Très floue. Mais une vision.
On nous promet une indemnité pédagogique de 600 € par mois, à laquelle s’ajouteraient 1200 € pour compenser les charges de mise à disposition d’un cabinet de consultation. Ce qui est touchant, c’est que tout le monde fait semblant d’y croire. Jusqu’à ce que les syndicats (tous) lèvent le sourcil. Jusqu’à ce que le CNGE cite des chiffres d’acceptation à 14 % des MSU. Jusqu’à ce que MG France réplique avec un 5 % dans le Vaucluse. Et surtout, jusqu’à ce qu’une représentante ministérielle lâche, un brin agacée : « Ne vous plaignez pas, ce montant a été négocié il y a longtemps. Aujourd’hui, ce serait probablement pire. » Note pour l’Histoire : dans la novlangue administrative, “négocié il y a longtemps” signifie souvent “imposé sans vous”.
Vous l’aurez compris les maîtres de stage, eux, ne sont pas loin du burn-out comptable
Mais le Ministère a trouvé la faille : “Ils n’ont pas vraiment besoin de supervision.” Ah !! Donc on crée une 4e année pour que les internes soient mieux formés, mais sans supervision parce qu’elle coûte trop cher. Voilà un concept éducatif innovant.
Alors, que reste-t-il à ce stade ?
- Des groupes de travail,
- Des slides PowerPoint,
- Une cartographie des terrains de stage à construire,
- Des décrets à paraitre avant l’été,
- Et une bonne nouvelle : en Occitanie, ça avance !
Le tableau de bord du projet affiche :
- Un logiciel d’appariement efficace sous réserve de pactes de sang entre étudiants et MSU ;
- Des collectivités locales motivées ;
- Une thèse à boucler dans des temps record ;
- Et surtout, beaucoup, beaucoup d’enthousiasme … à trouver.
Voilà la machine est lancée … on se retrouve le mois prochain.