Une série ministérielle en plusieurs épisodes, où chaque mois apporte son lot de surprises, de comités et de contradictions, qui nous tiendra en haleine jusqu’à l’automne 2026 …
Paris, mai 2025. Pendant que les cerisiers fleurissent, les comités bourgeonnent. Il est 14h. Visioconférence bancale avec des micros capricieux, une trentaine de têtes apparaissent en mosaïque. Ambiance chaleureuse : on ne s’entend pas, mais on se voit (par intermittence).
La mission ? Lancer, d’ici novembre 2026, une réforme d’ampleur : créer la 4e année des Dr Juniors pour les internes de médecine générale. Une initiative pleine de promesses, nourrie d’intentions louables, soigneusement présentées. Mais à l’heure actuelle, le seul élément réellement opérationnel, c’est … le fichier Powerpoint.
Pour le moment la 4e année du DES, c’est un peu comme un Escape Game sans énigme ni sortie : tout le monde tourne en rond, personne ne connaît trop les règles, mais on nous promet qu’à la fin, on aura appris des choses.
L’objectif est simple : 3700 docteurs juniors à caser, encadrer, rémunérer, héberger et accompagner dans des terrains de stage encore largement hypothétiques. La difficulté est modeste : tout faire en 18 mois avec une maquette à trous, des maîtres de stage sous-rémunérés et la découverte de MSU décédés dans les listings du Vaucluse.
Heureusement, l’État a un plan avec des groupes de travail thématiques, des comités mensuels, mais surtout une vision. Floue. Très floue. Mais une vision.
On nous promet une indemnité pédagogique de 600 € par mois, à laquelle s’ajouteraient 1200 € pour compenser les charges de mise à disposition d’un cabinet de consultation. Ce qui est touchant, c’est que tout le monde fait semblant d’y croire. Jusqu’à ce que les syndicats (tous) lèvent le sourcil. Jusqu’à ce que le CNGE cite des chiffres d’acceptation à 14 % des MSU. Jusqu’à ce que MG France réplique avec un 5 % dans le Vaucluse. Et surtout, jusqu’à ce qu’une représentante ministérielle lâche, un brin agacée : « Ne vous plaignez pas, ce montant a été négocié il y a longtemps. Aujourd’hui, ce serait probablement pire. » Note pour l’Histoire : dans la novlangue administrative, “négocié il y a longtemps” signifie souvent “imposé sans vous”.
Vous l’aurez compris les maîtres de stage, eux, ne sont pas loin du burn-out comptable
Mais le Ministère a trouvé la faille : “Ils n’ont pas vraiment besoin de supervision.” Ah !! Donc on crée une 4e année pour que les internes soient mieux formés, mais sans supervision parce qu’elle coûte trop cher. Voilà un concept éducatif innovant.
Alors, que reste-t-il à ce stade ?
- Des groupes de travail,
- Des slides PowerPoint,
- Une cartographie des terrains de stage à construire,
- Des décrets à paraitre avant l’été,
- Et une bonne nouvelle : en Occitanie, ça avance !
Le tableau de bord du projet affiche :
- Un logiciel d’appariement efficace sous réserve de pactes de sang entre étudiants et MSU ;
- Des collectivités locales motivées ;
- Une thèse à boucler dans des temps record ;
- Et surtout, beaucoup, beaucoup d’enthousiasme … à trouver.
Voilà la machine est lancée … on se retrouve le mois prochain.