Vers la fin du CNCI ?

Au JO du 8 mai est paru le décret du 7 mai 2021 qui fait (enfin) disparaître la nécessité du Certificat médical de Non Contre-indication (CNCI) pour les licences de sport ou le sport de compétition pour les mineurs, en dehors des sports à contrainte particulière.

Enfin certes … mais c’est à la fois mal ciblé, incomplet, et imprécis.

Voilà ce qui est prévu :

Il n’est désormais plus nécessaire, pour les mineurs, de produire un certificat médical pour l’obtention ou le renouvellement d’une licence sportive ou pour l’inscription à une compétition sportive. La production d’un tel certificat demeure toutefois lorsque les réponses au questionnaire de santé du mineur conduisent à un examen médical. 

Très bien. Mais il est où ce fichu questionnaire ? Il faut aller le chercher dans un arrêté annexe, et ne figure pas dans les articles L. 231-2 et L. 231-2-1 du code du sport modifiés par le décret.

Or il y a urgence : les fédérations, en particulier de football et de handball commencent les inscriptions dès le début de l’été.

Qu’en sera-t-il de toutes les activités non licenciées qui réclament systématiquement un CNCI sans aucune justification ?

Et pourquoi se limiter aux mineurs ? Cette décision paraît assez saugrenue, puisque justement les mineurs ne sont pas en mesure de prendre des décisions pour eux-mêmes, sont en phase de croissance, avec des fragilités plus importantes des zones cartilagineuses et musculo-tendineuses, et ont une plus grande probabilité d’anomalie de la statique rachidienne qu’il faut dépister ; alors que les adultes sont  » complètement finis » et normalement plus légitimes pour prendre des décisions pour eux-mêmes. 

Et pourtant le texte prévoit qu’il est préférable que les enfants remplissent eux-même le questionnaire (très) long, et d’ailleurs rédigé à la seconde personne du singulier.

C’est donc un premier pas bienvenu, mais qu’il faut (rapidement) compléter. Pour enfin libérer du temps médical utile pour les médecins.

Mais sans sacrifier la nécessaire surveillance des enfants, pour lesquels le CNCI est parfois la seule occasion de les voir, puisque les examens obligatoires ne le sont que de nom, et que leur rémunération indécente par rapport au travail qu’ils demandent ne permet pas aux médecins de s’y consacrer correctement.

Pourtant c’est l’une des questions du questionnaire ; et donc avoir manqué l’examen « obligatoire » précédent nous ramène à la case du CNCI obligatoire.

À moins que ce ne soit un moyen détourné d’obliger les médecins à justement faire ces examens chronophages et sous-payés.