Point-hebdo FMF du 08-10-2023

Chers amis,

Je reprends mes Points Hebdos, un temps suspendus, car je pense que vous êtes dans l’incertitude et que des infos claires sont bienvenues.

Vous avez entendu parler de notre grève reconductible à partir du 13 octobre, avec pour revendications :

  1. réouverture de négociations conventionnelles dignes de ce nom, avec écoute des médecins qui savent ce qu’est la médecine
  2. des marges de manœuvre financières conséquentes pour que l’exercice libéral redevienne attractif. Quand je dis « notre » grève, je parle de la FMF bien-sûr, mais aussi de tous les syndicats de médecins libéraux réunis, accompagnés de Médecins pour Demain qui avait lancé la révolte l’automne dernier. Vous n’aimez pas trop les syndicats ? Alors rejoignez les Collectifs qui fleurissent ici et là depuis cet été et qui se sont associés sous la bannière des COMELI (voir leur site). Eux aussi bien-sûr appellent à cesser toute activité à partir de vendredi 13 octobre.

Concrètement comment faire ? Fermer nos cabinets dès le 13 octobre, sans fixer de date de reprise, en l’affichant clairement dans nos salles d’attente. Pour exemple, 2 affiches de la FMF (Affiche 1 et Affiche 2). Nous pouvons, mais sans obligation, avertir notre ARS en expliquant les raisons de notre colère. Cesser également nos activités de garde et de régulation. Dans ce cas il est obligatoire d’en informer notre responsable de garde, voire l’ARS ; des réquisitions sont possibles. Organisez des actions locales, devant les CPAM ou les permanences de nos députés, en contactant la presse.

Le mouvement doit être suivi pour ne pas avoir à s’éterniser. Il va être très observé du Ministère de la Santé et de l’Assurance-maladie, et une forte mobilisation des médecins donnera du pouvoir à ceux qui vont revenir négocier.

Et bien-sûr la FMF vous incite à continuer à utiliser largement le DE (Dépassement pour Exigence) sans craindre les courriers intimidants qui commencent à arriver. Comme nous vous l’avons expliqué, les sanctions à attendre sont modérées et progressives. La pire au bout de quelques années serait le déconventionnement, ce que nous serons de toute façon obligés de faire si nous n’agissons pas aujourd’hui, notre activité devenant invivable sur tous les plans.

Pourquoi manifester notre colère ? Parce que notre exercice se vide de tout son sens. Et ce n’est qu’un début ! Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), qui va bientôt être étudié à l’Assemblée Nationale, nous prévoit 2 mesures inacceptables.

  1. La 1ère donnera l’autorisation au pharmacien de prescrire les vaccins, et de délivrer des antibiotiques en cas de cystite aiguë ou d’angine avec TROD positif. Comment saura t’il qu’il y a angine ? Mystère. Et fera t’il l’arrêt de travail ? Non, m’a t’on répondu, il n’y aura pas d’arrêt de travail. Ah bon ? On va envoyer le porteur de streptocoque, souvent bien malade, ensemencer toute son entreprise. Et sympa pour la pauvre femme coincée 2 heures dans les transports en commun avec sa cystite. Nous, on sait bien comment cela va se passer : l’arrêt de travail se fera via la plate-forme installée dans l’officine. Total 2 consultations au lieu d’une et tiroir-caisse pour les sociétés commerciales de téléconsultations.
  2. La 2ème mesure provocatrice sera qu’en cas de pénurie d’antibiotique, qui ne manquera pas de survenir cet hiver, le pharmacien devra faire un TROD avant d’honorer notre prescription. Vous ne l’aviez pas vu venir, celle-là ! Les pénuries de médicaments, c’est encore notre faute, parce que nous prescrivons n’importe comment. Ceci dit, bon courage au pharmacien pour expliquer au patient que non, il ne lui délivrera pas l’antibiotique prescrit, faute de TROD positif. Et il faudrait expliquer aux députés que le TROD n’est valable que pour l’angine à streptocoque, qui ne représente qu’une infime partie de nos prescriptions antibiotiques. Bon, au bout du compte, de toute façon le Ministre aura le droit d’interdire purement et simplement la prescription des médicaments en pénurie. Sérieux ??

Et pourquoi le 13 octobre ? Parce que la Loi dite Valletoux va être examinée au Sénat à partir de ce jour. La Loi Valletoux (merci pour cette présentation à Pénélope du Collectif 78, qui se reconnaitra si elle me lit), je rappelle que c’est la main-mise de l’ARS sur :

  • L’accès aux soins : préavis de 6 mois obligatoire avant cessation d’activité (on a de la chance, on n’est pas encore obligé de trouver un successeur), infirmier référent si pas de médecin traitant, obligation d’adhérer à une CPTS ;
  • La Permanence Des Soins (PDSA), obligatoire pour tous les soignants ;
  • L’équilibre territorial de l’offre de soins : le conventionnement sélectif n’est pas loin.

Whaou ! C’est sûr que toutes ces mesures vont inciter les jeunes médecins à s’installer en masse ! Et après notre Ministre Aurélien Rousseau se pose des questions quant au choix des internes pour la chirurgie esthétique plutôt que la psychiatrie (discours aux assises du syndicat CSMF).

En plus de tout ça, des petits courriers vexatoires comme celui adressé aux prescripteurs d’Isotrétinoïne, qui n’auraient soi-disant pas vérifié les tests de grossesse de leurs patientes. Très surpris les médecins demandent la liste de ces patientes. Eh bien la Caisse n’est pas capable de les fournir. N’oublions pas que c’est sur ce même système informatique que la Caisse se base pour nous payer ROSP et autre forfait-structure. Alors je répète : sérieux ??

Allez, une petite dernière pour la route et pour rigoler un peu : le feuilleton du Nirsévimab (Beyfortus). La DGS (Direction Générale des Soins) annonce mi-septembre aux généralistes et pédiatres qu’il va falloir administrer aux nourrissons nés depuis le 6 février 2023 (appréciez la précision de la date) un anticorps monoclonal contre la bronchiolite pour éviter l’engorgement des services hospitaliers cet hiver. On vérifie, oui en effet c’est un bon produit évalué sur des études sérieuses, on y va, on prescrit comme demandé. Trois semaines plus tard, on nous dit que finalement non, il n’y a plus de produit, il faut tout arrêter. Alors pour la troisième fois dans ce Point Hebdo je redis : sérieux ??