Point-hebdo FMF du 04-09-2022

Chers amis,

J’espère que vous avez pu profiter de cet été pour recharger les batteries et revenir au cabinet avec plein de projets et heureux d’être médecin.

J’avais terminé mon dernier Point Hebdo en juillet par un article sur la présence étouffante de l’Administration sur nos exercices. Mais l’été se termine par la prise de conscience brutale de l’emprise financière qui a envahi petit à petit la médecine libérale. Après le scandale Orpéa, où, telle une vierge effarouchée, le gouvernement semble découvrir la vraie vie dans les EHPAD et la destination des fonds qui leur sont alloués, voici le scandale d’une célèbre plate-forme de RDV, utilisée par beaucoup d’entre vous. Eh oui, non contente de faire héberger ses données de santé par Amazon, et transmettre ses cookies à Google, voici qu’elle accepte de faire figurer au même niveau que les médecins officiels, voire en 1ère place, tous les bidulo-thérapeutes qui payent un abonnement. Ainsi le patient à la recherche d’un avis médical se voit proposer des consultations avec un naturopathe farfelu au même titre qu’un médecin. La FMF, qui est toujours restée indépendante de tout sponsor, industrie pharmaceutique, assureurs, ou autre plate-forme, a immédiatement réagi et exige que ce mélange des genres disparaisse immédiatement, comme l’impose d’ailleurs la loi via notre Code de Déontologie ainsi que nous le rappelle notre ami Pascal Charbonnel.

Les conséquences de cette emprise du monde financier s’observent maintenant dans tous les domaines médicaux. Les cliniques sont passées depuis longtemps dans les mains des fonds de pension qui font la pluie et le beau temps sur les pratiques médicales. Des radiothérapeutes reconnus dans une clinique de Ris-Orangis se sont vus expulsés au profit d’une équipe mobile interchangeable et moins chère, sans tenir compte des compétences individuelles et du nécessaire lien de confiance entre un patient et SON médecin. Les laboratoires de biologie sont soumis aux grands groupes financiers. Par exemple, le laboratoire de ma commune a dû déménager dans de nouveaux locaux, tout beaux et spacieux, mais avec 10 marches d’accès et sans aucun aménagement pour personnes handicapées, sans que le biologiste puisse dire quoi que ce soit. On pouvait penser que les cabinets médicaux seraient épargnés vu leur faible intérêt commercial. Mais non, certaines Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) sont aussi convoitées, pour y instaurer des circuits entre médecins. Finalement entre les administratifs que ne se soucient pas de la viabilité de nos cabinets, et les groupes financiers qui ne se soucient que de ça, difficile de trouver le juste milieu. On se sent pris entre l’enclume et le marteau.

Parallèlement notre exercice évolue vers le tout numérique, imposé par le gouvernement via l’Assurance-Maladie. Témoin le nouvel « Mon Espace-Santé » existant maintenant pour tous les assurés sociaux et destiné à devenir un espace d’échanges entre patients et médecins, puis entre patients et certaines sociétés proposant des outils « utiles » aux patients. Tiens tiens, ne reviendrait-on pas à la plate-forme du 1er paragraphe ? Oh, honni soit qui mal y pense ! Alors bien-sûr tout assuré social a le droit de s’opposer à cet « Espace santé » créé d’office par l’Assurance-Maladie et contenant le fameux Dossier Médical partagé (DMP). Mais la procédure relève du parcours du combattant, comme le décrit notre ami Frédéric Villeneuve. Et si en tant que médecin, vous décidez de l’utiliser pour déposer des documents de façon sécurisée, ce qui est recommandé, il vous faut aussi connaître certains codes comme nous l’explique Claude Bronner. Je rappelle que l’utilisation de « Mon Espace Santé » devient un critère de bonne pratique pour recevoir le forfait-structure versé annuellement par la Caisse. Si vous voulez en savoir plus, rejoignez l’A2FM le temps d’un week-end à Anglet du 23 au 25 septembre, où l’une des sessions sera consacrée à ce sujet.

Et puis pour finir c’est reparti ! Les Caisses traquent de nouveau les malheureux médecins qui prescrivent « trop » d’arrêts de travail. Entendez par là plus que le copain d’à côté. La FMF, très en pointe sur la défense des confrères, vous supplie : N’ACCEPTEZ JAMAIS LA MISE SOUS OBJECTIFS que la Caisse essaie de vous vendre comme une sanction de moindre mesure. Le mieux est de contacter notre Cellule Juridique, au moins dès réception d’un courrier recommandé traduisant le début d’une procédure à votre encontre. Ou mieux dès que vous êtes inquiétés par votre Caisse.

Malgré tout cela je vous souhaite une bonne semaine.