Les « bidulopathies » ne sont pas de la médecine

Doctolib est dans la tempête, à la suite de l’intervention de médecins ayant constaté que la plate-forme n’hébergeait pas seulement des professionnels de santé mais aussi un nombre important de personnes pratiquant des techniques non éprouvées, certaines dénoncées par la Miviludes, certaines franchement dangereuses, et qualifiées abusivement de « médecines » ou « thérapies ».

Les dénégations de Doctolib sous-estiment les dérives de leur fonctionnement, tant dans le référencement de leurs clients que dans leur algorithme de recherche.

En vrac, vous pouvez tomber sur l’alliance tabac antilaser, sur une « spécialiste en médecine douce et alternative » qui n’est en fait que Masseur kinésithérapeute, un pratiquant de la médecine ayurvédique ou un naturopathe dont la référence propose de masturber les enfants avec des glaçons pour faire baisser la fièvre.

Cette situation met en évidence une dérive grave et exige une réponse ferme, à la fois de la plateforme et des autorités sanitaires :

  •  La plate forme, de par son nom, doit séparer clairement, par deux accès différents, les praticiens exerçant une profession médicale de ceux ayant des pratiques fondées au mieux sur des croyances, au pire sur des « charlataneries » ;
  •  L’Ordre des Médecins ne doit pas se contenter « d’accompagner la réflexion » mais doit faire respecter la réglementation sur les qualifications dont les médecins peuvent se prévaloir. Il n’est plus possible, au 21ème siècle, de continuer à parler de médecine alternative pour des pratiques qui ne sont pas de la médecine ;
  • L’état doit se donner les moyens d’informer clairement les patients sur les pratiques qui présentent un danger pour leur santé et leur prise en charge ;
  • Les assurances complémentaires doivent arrêter de rembourser des techniques non éprouvées ;
  • Les autorités scientifiques, en particulier la HAS, doit clairement exprimer ce qu’est le soin et ce qui n’en est pas.

Doctolib est devenu une référence en terme de prise de rendez-vous, avec des partenaires aussi importants que l’APHP, mais aussi de grands groupes privés comme Ramsay.

La crédibilité de la plate-forme, mais aussi de tout le système de soin, passe par un éclaircissement en profondeur des rôles de chacun, et une séparation claire de qui relève de la rigueur scientifique et de ce qui s’en éloigne.

Le chantier est vaste ; la FMF soutiendra activement toute démarche permettant de redonner aux praticiens de santé une visibilité sur leurs compétences individuelles et collectives.