« Docteur, vais-je devoir prendre ce traitement toute ma vie ? »
Cette phrase, vous l’avez probablement entendue des centaines de fois si vous êtes médecin généraliste. L’annonce d’une maladie chronique nécessite pour le médecin « d’informer son patient sur sa maladie, ses conséquences, les moyens médicamenteux, les objectifs du traitement, puis de recueillir son avis » lors d’une consultation de 15 à 20 minutes.
Le patient dispose ensuite de 129600 minutes, soit 3 mois, jusqu’à la prochaine consultation pour changer, à des degrés divers, sa vie quotidienne, partagé entre les nouveaux comportements qu’il va devoir adopter, et ne pas suivre les conseils de son médecin, s’il considère que ces derniers pourraient entraîner une souffrance psychique ou une altération de sa qualité de vie
Par analogie la CNAM se trouve exactement dans la même situation qu’un patient à qui on vient d’annoncer une maladie chronique, à la différence près que cette consultation d’annonce a été faite il y a des mois pour ne pas dire des années.
Il reste à la CNAM, et à son directeur Thomas FATOME, 129600 minutes pour répondre à ce défi immense que traverse notre système de santé, rénover le dialogue avec les médecins libéraux, retrouver une confiance partagée et proposer une convention acceptable par tous.
Nul doute que la CNAM sera partagée entre :
- Ne rien changer et continuer, à considérer les médecins comme des fraudeurs potentiels, puisque cette thématique est clairement annoncée lors du calendrier des négociations. Cette impression est d’ailleurs renforcée par la lecture du très controversé article 44 du PLFSS 2023 qui invente le délit statistique sur échantillonnage.
- Proposer des mesures ambitieuses à la hauteur des attentes de nos concitoyens
Dans tous les cas, monsieur le Directeur Général, le cœur du principe d’éducation thérapeutique est de développer un véritable partenariat entre le médecin et son patient, la CNAM en l’occurrence, en ce qui concerne les décisions à prendre, pour que le patient devienne un acteur à part entière du changement et de sa santé. Le médecin doit pouvoir aider son patient, la CNAM, à trouver le meilleur compromis possible, tout en restant le garant de la pertinence du traitement proposé.
On estime communément, dans les maladies chroniques, l’observance aux traitements en moyenne inférieure à 50%.
Quelle voie choisiront la CNAM et son Directeur Général ?