CONGRES
DE LA FMF A MARSEILLE LES 10 ET 11 OCTOBRE AU PALAIS DU
PHARO
Chers
amis,
Des
médecins m’ayant interpellée sur les 2 bonnes nouvelles de
mon dernier Point Hebdo, j’en ai déduit qu’elles
nécessitaient des commentaires, et je commencerai par là.
- Sur
le report
d’un an pour le dépôt de dossier de travaux pour accès
aux handicapés (attention, le décret n’est pas
encore sorti), l’on m’a fait remarquer à juste titre, que
ce ne devrait pas être une bonne nouvelle pour les
médecins. Voici ma réponse, qui doit sans doute refléter
la position de la plupart d’entre vous : « Bonjour, je ne sais pas dans quel sens
prendre votre réflexion ? Vous voulez dire que
reporter d’1 an ne changera pas grand chose au
problème qui se reposera à l’identique dans 1 an ? Ou
qu’un médecin doit se préoccuper de l’accès de son
cabinet à tout public, et que le report est une
insulte aux personnes handicapées ? Dans les 2 cas,
vous avez raison de toute manière. Et votre remarque
me fait dire que j’aurais dû développer. La vraie difficulté est que, comme
d’habitude en France, on édicte les lois et des
obligations sans réfléchir 1 seconde à leur
faisabilité. En l’occurrence, les médecins libéraux se
sont tellement paupérisés qu’ils leur est totalement
impossible de débourser les énormes frais nécessaires
à l’accès tout public. Les seuls endroits où il reste
encore quelques médecins sont les centre-villes, où
les travaux sont encore plus compliqués et coûteux
qu’à la campagne. Alors que croyez-vous que vont faire
ces médecins, qui ont en général plus de 60 ans ?
S’endetter pour ces travaux ou partir en retraite
? Evidemment qu’on aimerait avoir des cabinets
spacieux et accueillants, bien aménagés, avec du
personnel à l’accueil (indispensable pour les
handicapés cognitifs ou psychiques par exemple). Mais
rien n’est prévu pour cela. On aurait pu prévoir un
bonus sur le Cs par exemple, ou un forfait-structure
pour accompagner ces professionnels. Mais là, rien.
Même le diagnostic, effectué par des sociétés qui,
elles, n’ont pas nos scrupules et demandent un prix
exorbitant, est obligatoire et à notre charge ! On
aurait pu aussi favoriser une mutualisation des
cabinets accessibles : les professionnels d’une ville
s’organisent pour aller consulter à tour de rôle dans
un cabinet aménagé, et chacun participe à son
entretien, mais à condition de pouvoir facturer V+MD.
Des solutions sont possibles lorsque tout le monde y
met de la bonne volonté. Mais hélas, ça n’est pas le
cas, les tutelles ne nous parlent que contraintes et
obligations. Total, alors
qu’on est parti d’une intention louable, et qui a
forcément l’agrément de tous, on va se retrouver dans
une situation pire qu’avant : au lieu d’avoir des
médecins accessibles et d’autres non, on va finir par
n’avoir plus de médecins du tout. Est-ce un bien pour
la population ? Mais vous avez raison, 1 an de plus ou
de moins ne changera pas grand chose… »
- Et
sur les 5 euros de majoration
pour les actes auprès des patients > 80 ans,
j’ai omis de rappeler qu’ils n’avaient été obtenus dans
l’avenant 8, qu’au
prix d’une baisse tarifaire de nombreux actes de
radiologie. Or il n’y a pas que les radiologues à
souffrir de cette décote. Certaines spécialités, comme la
gynécologie médicale ou la rhumatologie, déjà en bas de
l’échelle des revenus, ont vu également leurs revenus bien
amputés par cette mesure. Donc non, ce n’est pas une bonne
nouvelle non plus pour la profession.
Je
vais essayer cependant de rester optimiste en vous
rapportant les 2 réunions qui ont eu lieu le 09 juillet.
- La
première portait sur l’exercice
interprofessionnel. C’est-à-dire entre les
généralistes et les para-médicaux. Vous verrez sur le diaporama
de M. Van Roeckeghem clairement écrit qu’on devait « favoriser
l’ambulatoire ». Ce que la FMF ne cesse de
déclamer sur tous les tons. L’autre motif de satisfaction
est qu’une rémunération
de coordination serait versée à tout
professionnel de santé engagé dans la coordination des
soins, et pas seulement réservée aux Maisons ou Pôles de
Santé officiellement reconnus. La FMF reste malgré tout
inquiète, comme l‘exprime
notre président Jean-Paul Hamon, car jusqu’à présent aucun
budget n’est proposé, et il est bien spécifié que la
rémunération se ferait « dans le respect de l’ONDAM »
(Objectif National des Dépenses de l’Assurance Maladie),
donc sans marge de manoeuvre. Comme toujours, les tutelles
voient les économies qu’elles pourraient réaliser en
supprimant des journées d’hospitalisation, mais ne voient
pas le travail supplémentaire demandé de ce fait aux
libéraux. Gérer un patient âgé polypathologique juste
après une intervention n’a rien à voir avec une
consultation après séjour prolongé à l’hôpital suivi d’une
rééducation en centre spécialisé.
- La
deuxième réunion a eu lieu au Ministère, et visait à
présenter la future
loi de santé de MariSol Touraine. Je vous avais
parlé de son discours de présentation, voici maintenant
quelques précisions. Les points intéressant les médecins
libéraux sont : 1) les ARS auront le pouvoir de décliner
sur un territoire des actions de coopération
interprofessionnelle sans forcément copier sur un
modèle national. Mais ne pourront pas agir sur les
rémunérations. 2) il y aura 2
N° d’appel nationaux d’urgence : le 15 pour les
urgences graves, et un autre pour les soins non programmés
aux horaires de la Permanence Des Soins (PDS). La FMF a
milité pour cela, afin que la régulation de la PDS
ambulatoire ne soit pas aux mains des hospitaliers du
SAMU. Personnellement, je pense qu’il est plus simple pour
les patients de ne retenir qu’1 seul N°, et plus sûr pour
un régulateur libéral de ne pas risquer de recevoir
d’appels vitaux de la part de patients qui n’auraient pas
su discerner la gravité de leur situation. 3) les parents
devront choisir un médecin
traitant pour leurs enfants. C’est une demande
forte du syndicat MG-France. Mais il n’est prévu ni
rémunération médecin traitant pour les enfants, ni accès
privilégié au médecin traitant en 1er recours. Cela
restera donc une simple formalité, sans aucune
conséquence. Pourquoi alors se compliquer l’existence avec
encore des formulaires supplémentaires. Et comment choisir
un médecin dans le cas de parents divorcés ? 4) il est
prévu d’instaurer des « plate-formes
territoriales d’appui pour les parcours complexes ».
Leur rôle serait d’organiser les prises en charge et
d’orienter les patients complexes entre les différents
intervenants. En quelque sorte, le concept de « réseau »
généralisé. Il faut voir comment ce sera organisé. 5)
enfin, apparaît la notion de « Service
Territorial de Santé au Public » (STSP). Le
principe est de définir des territoires, sur lesquels
seront organisés essentiellement les soins de proximité,
la PDS, la prévention, la santé mentale, et l’accès
handicapés. Plutôt une bonne idée à priori, cela permettra
de personnaliser les diktats venus de Paris. Mais sa mise
en application me laisse dubitative : comment définir un
territoire uniforme pour tous les thèmes ? Quelles seront
les obligations pour les médecins libéraux ? Y aura
t’il des contrats à signer ? Et qui les signera ? Les
médecins individuellement, les URPS ? Apparemment l’accent
est surtout mis sur les établissements hospitaliers qui
devront élaborer des projets cohérents entre eux sur un
même territoire. Ca, c’est une bonne chose, mais la place
des établissements privés reste à déterminer dans ce
schéma. A suivre …
Voilà, ce paragraphe était un peu long à lire, mais tous les
enjeux pour les libéraux dans la future loi de santé sont
résumés ici. Et ce sont sur ces thèmes que vont porter les
négociations.
Maintenant, on est bien d’accord : on est très loin du grand soir
de la médecine libérale, et du « plan Marshall » réclamé
depuis 3 ans par la FMF, absolument nécessaire pour
préserver la médecine de proximité, personnalisée, que
sont en droit de réclamer les patients. En
lisant cela, on se dit hélas, que la désertification médicale
va continuer
inexorablement …
- Une
perle pour finir. Elle nous
vient de l’ineffable
Catherine Lemorton, responsable des affaires
sociales à l’Assemblée Nationale (et non sénatrice
comme je l’avais écrit la dernière fois), et qui a
sans doute décidé de se racheter de ses insultes en
nous faisant rire. Lors de l’audition de Jean
Debeaupuis, Directeur de la DGOS, qui expliquait que
la garde de ville en nuit profonde s’avérait peu
pertinente car on comptait en moyenne 1 acte par nuit,
elle ose lui rétorquer en le regardant droit dans les
yeux que ça n’a pas de sens, car « tous les
mathématiciens vous le diront, 1 ne peut pas être une
moyenne. » Tous les autres chiffres, oui, mais 1, non,
Mme Lemorton décrète que ce ne peut pas être une
moyenne. J’aurais bien aimé savoir ce qu’a pensé le
polytechnicien M. Debeaupuis en entendant cet argument
magistral. La même chose que vous sans doute …
Je
vous souhaite néanmoins un très bon week-end prolongé, et pour
certains de bonnes vacances.
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