Négociations Conventionnelles : Faut-il ne désirer que ce qui est accessible ?

Est-il absurde de désirer l’impossible ?

De prime abord, il parait évident qu’il semble absurde de désirer ce qu’on n’obtiendra pas. Par nature, le désir est démesuré, voire déraisonnable, parce qu’inaccessible, et donne naissance à une quête vouée à l’échec. Et en effet, dans sa lettre de cadrage à l’UNCAM, M. François Braun nous aliène dans notre exercice avec une volonté affichée d’annihiler notre libre arbitre.

Néanmoins, nous devons ouvrir une brèche dans ces négociations dont les conclusions semblent écrites à l’avance et se présentent comme allant de soi. Mettons en marche une dynamique qui nous permette de développer une action susceptible de changer l’ordre établi par la CNAM et de changer l’ordre des choses pour arriver à cette idée que « désirer l’impossible est nécessaire » !

Faut-il changer nos désirs plutôt qu’infléchir la volonté de la CNAM ? Une telle perspective nous inviterait finalement à restreindre nos désirs à l’ordre du possible et serait, en un sens, une forme d’abdication ou un renoncement à notre objectif premier de travailler dans de meilleures conditions pour apporter à l’ensemble de nos patients des soins de qualité.

Nous ne désirons pas une revalorisation parce qu’elle est juste, mais parce qu’elle relève d’une absolue nécessité pour la survie des soins primaires et parce que la survie de l’hôpital est intrinsèquement liée à la survie des soins primaires.
En 2019, lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle (CSU) les membres se sont engagés à renforcer les soins de santé primaires. L’OMS recommande alors, que chaque pays puisse y consacrer 1 % supplémentaire de leur PIB, à partir de sources de financement publique. En 2021, la valeur du PIB de la France est de 2 500 milliards €.
Le Gouvernement doit donc s’engager à augmenter le financement des soins ambulatoires de
25 milliards € pour parvenir à une couverture sanitaire véritablement universelle qui constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, et passer d’un système de santé élaboré autour des maladies et des établissements à un système de santé centré sur les personnes.

Désirer l’impossible n’est donc finalement pas absurde et permettra de préserver notre système de santé et l’espérance de vie en bonne santé de l’ensemble de nos concitoyens.

Dr Frédéric Villeneuve, président de la FMF UG