Le dépeçage de la formation médicale continue

Il devient vraiment difficile aux médecins libéraux de se former.

En quelques années nous avons vu :

  • Le nombre annuel de journées de formation indemnisées passer de 8 à 6, puis à 4, puis à 21 heures ;
  • Le champ des formations indemnisées se réduire comme peau de chagrin, puisque restreint aux orientations prioritaires de l’ANDPC ;
  • L’ANDPC refuser l’indemnisation des formations « transversales » en dehors du domaine de compétences propre de chaque spécialité, vu du côté de l’ANDPC ;
  • Les rémunérations des formations non-présentielles chuter à un niveau indigent, pour ne pas dire insultant (22,50 € bruts de l’heure, et décomptés en gains divers non conventionnés) ;
  • L’ANDPC refuser les sessions de DPC à l’étranger.

Mais 2020 nous apporte son lot de surprises supplémentaires :

La première vient de l’ANDPC, qui annonce benoîtement que les médecins qui prennent sur leur temps de loisirs et de repos pour se former les dimanches ou jours fériés ne seront plus indemnisés, puisqu’ils « ne supportent pas de perte de ressources » : 

Et la deuxième vient du FAF PM : jusqu’à présent le FAF finançait les actions de formation des associations de FMC agréées, ou remboursait en partie les formations individuelles ou les participations aux congrès, sans autre limite que celle de son budget annuel. 

Rappelons que ce budget provient intégralement des cotisations de médecins libéraux, obligatoires et prélevées en même temps que le dernier trimestre de cotisations URSSAF.

Pour 2020 les budgets prévisionnels alloués à chaque organisme de formation sont en (forte) baisse. Ce qui est pour le moins surprenant puisque la collecte reste au même niveau. Le trésorier du FAF PM s’en est expliqué dans un courrier adressé à tous les organismes :

On y apprend donc que le FAF PM doit désormais abonder au Compte Personnel de Formation (CPF), à hauteur de 12% de son budget annuel,alors que, tous les médecins employeurs le savent, il existe déjà une cotisation versée chaque année par les employeurs au premier trimestre proportionnellement à la masse salariale brute de l’année précédente. 
On pourrait penser que ce n’est pas une idée totalement saugrenue, et que le CFP pourrait aussi financer des actions individuelles pour les médecins libéraux. 
J’ai donc créé mon CFP sur le site gouvernemental. Première surprise, lors de l’étude de mon dossier pour établir mes droits, le diplôme le plus élevé reconnu par le CFP est au niveau bac+5 (Master ou diplôme d’ingénieur) !

Et surtout, à l’issue de la procédure, j’obtiens ce message :

Donc au final

  • les médecins sont de moins en moins indemnisés pour leur formation,
  • pour de moins en moins de formations indemnisables,
  • n’ont plus la possibilité de choisir de se former sur leurs congés en étant indemnisés,
  • et voient leurs cotisations de formation détournées au profit des salariés. 

Trop c’est trop ! On ne peut pas rester performant dans un métier aussi difficile que le soin sans formation continue. Mais on ne peut pas se former sans moyens. Quand cessera donc ce dépeçage éhonté ?