Alors que se profile un nième plan de réforme des régimes de retraites en France certains déplorent à juste titre les dégâts et les injustices qu’elle institue entre nos concitoyens. (voir également l’avis de François BELLANGER dans les Echos ICI) Médecin, je constate journellement qu’il y a toute une catégorie de travailleurs dont on ne parle pas, qui sont les oubliés, mais qui pourtant sont usés dès 50 – 55 ans : ce sont les travailleurs du bâtiment et des travaux publics. Pourtant pas de retraite anticipée pour eux à la manière des agents des anciennes entreprises nationales des transports ferroviaires ou de la distribution de l’énergie. Le fait que cela concerne majoritairement des populations imigrées y est sans doute pour quelque chose. En dépit des discours rhétoriques, il n’est pas vraiment tenu compte de la pénibilité du travail effectué : à quand une véritable retraite par points ? Chaque trimestre de travail « pénible » donnerait droit à un bonus de points, chaque enfant également pour les femmes qui sacrifient carrière et retraite à l’avenir de notre pays en lui donnant des enfants pour demain… et tout un chacun pourrait partir avec une retraite entière à partir d’un certain quota de points qui serait le même pour tous mais qui serait atteint plus rapidement chez ceux qui ont eu une activité plus rude. A quand la fin des régimes spéciaux ? Ils sont pourtant dénoncés par la commission européenne et même si le Président de la République François Hollande dit que ce n’est pas l’Europe qui gouverne la France, la commission dénonce tout haut ce que beaucoup de français « d’en bas » constatent et ne peuvent que déplorer ! D’autant que ces régimes sont financés par l’impôt de tous et que tôt ou tard ils se révolteront quand ils devront travailler jusqu’à 62 voire 65 ans pour financer la retraite de ceux qui se reposent à partir de 55 ans ! Voire pire quand on sait qu’un parlementaire a droit au bout d’un seul mandat à la retraite d’un smicard qui a travaillé 40 ans ! A quand une retraite décente ? Quand j’observe des femmes seules avec une retraite inférieure à 1 000 € mensuels après 40 années de travail alors qu’une personne qui n’a pas ou peu travaillé va bénéficier de l’ASPA (Allocation de Solidarité aux Personnes Agées, ancien minimum vieillesse) qui est en 2013 de 787 € mensuels pour une personne seule et 1 222 € pour un couple ! La France est un des rares pays européens à avoir conservé une démographie assurant le renouvellement des générations. Ce n’est pas le french paradox observé en santé public mais c’est étroitement lié à la politique familiale menée dans notre pays depuis les lendemains de la 2è guerre mondiale. Aujourd’hui est avancée la « piste » de la suppression de la majoration de 10% de la retraite des familles ayant élevé plus de 3 enfants ! Encore une profonde injustice, ces familles ayant eu un pouvoir d’achat amputé au cours des années d’éducation de leurs enfants (au moins 25 ans), n’ayant pas pu épargner voient ainsi la juste reconnaissance nationale de leurs efforts sur la sellette ! La politique familiale actuelle est profondément injuste et pénalisante pour les familles en terme d’aides, de fiscalité et de retraite et ce sera à moyen terme catastrophique pour notre pays. L’équilibre des comptes ne doit pas se faire sur le dos des familles et des générations futures mais passer par une réduction drastique du train de vie de l’état : il y a urgence à repenser un certain nombre de gouffres publics pour ne pas « sacrifier » la politique familiale: – Notre gouvernance (trop de ministres et trop de conseillers (il y en aurait à peu prêt autant que de députés !), – Notre système parlementaire qui est redondant (trop de parlementaires, un ratio parlementaires/nombre de français très supérieur à ce que l’on constate aux Etats Unis ou dans d’autres pays européens), – Notre administration territoriale qui date de Napoléon à une époque où l’on voyageait à cheval, ainsi l’échelon départemental n’a plus lieu d’être tout comme les sous-préfectures … – Notre intégration européenne notamment pour la défense : une armée européenne aurait plus de cohérence et éviterait par exemple le ridicule de l’unique porte avions français empêchant toute opération quand il est en maintenance ! Les ministres qui en septembre vont s’atteler au dossier des retraites doivent se souvenir qu’aujourd’hui nous payons cash les erreurs passées, notamment celles de François Mitterrand qui, il y a 32 ans par pur dogmatisme avait abaissé l’âge de départ à la retraite à 60 ans quand les autres pays européens le reculait ! En réformant aujourd’hui je souhaite qu’ils pensent aux conséquences de leurs réformes dans 30 ans et à l’héritage qu’ils laisseront à la génération d’après. Marcel GARRIGOU-GRANDCHAMP, Lyon 3è François Bellanger est président de la Confédération française des retraités et vice-président de l’Association de défense des retraites supplémentaires d’entreprise.