En 2015, une patiente âgée m’a demandé de ne jamais l’hospitaliser et de pouvoir mourir dans son lit.
Début 2016, elle fait un AVC et nous l’avons accompagnée pendant 2 mois avec mise en coordination de tous les acteurs. On a découvert que l’on pouvait faire du super boulot ensemble et la famille a été super contente.
Après le décès de cette dame, nous nous sommes réunis et avons commencé à travailler sur une meilleure organisation entre nous, afin de gagner du temps. Entre temps la notion de CPTS est arrivée. J’ai tout de suite sauté sur l’occasion de pouvoir créer une organisation et de la financer.
Donc nous avons déposé des statuts association loi 1901, créé un bureau avec uniquement des libéraux, en incluant dans la boucle le service d’urgences et de gériatrie du CH voisin, ainsi que le service de médecine polyvalente de la clinique.
Notre projet de santé c’est :
- le maintien de la personne âgée à domicile en secteur rural ;
- éviter les hospitalisations de nos ainés (qui sont parfois plus d’ordre médico social que médical).
Nous étions un groupe de 20 professionnels de santé (PS) et nous avons recruté une coordinatrice. Il ne reste plus que la mise en place d’une messagerie sécurisée.
A ce jour nous avons 65 PS qui ont rejoint la CPTS, 55 patients inclus, et déjà 12 hospitalisations évitées.
De plus le CH et la clinique, lors des retours à domicile, ne font plus appel à des prestataires.
Nous sommes partis sur un budget de 80 000€ annuels pour l’instant (salaire de la coordinatrice, location du local, indemnisation des réunions de coordination, frais de notre prestataire administratif, frais comptables).
Nous sommes financés par l’ARS, le conseil départemental, et peut être bientôt l’ACI.
Pour l’ACI on nous demande :
- d’assurer la continuité des soins : c’est le cas avec les urgences du CH,
- de faire des réunions de formation (c’est le cas),
- et de prendre les patients sans médecin traitant : nous prendrons en charge les patients présentant des troubles cognitifs de plus de 75 ans avec risques cardiovasculaires !!! (Donc la fenêtre de tir va être très petite !!!)
Nous avons été très clairs dans notre discours :
- nous sommes une zone très sous-dotée en PS (et surtout en médecins) donc tous les collègues sont déjà au maximum de leurs possibilités ;
- nous nous bougeons pour essayer de redynamiser un territoire eu souffrance (nous montrons donc une extrême bonne volonté) ;
- les patients sont unanimes sur l’amélioration de la prise en charge ;
- cette CPTS doit nous aider dans notre quotidien et non pas alourdir encore plus notre charge de travail ;
- les statuts prévoient qu’en cas de arrêt des subventions (pas de motif précisé) la CPTS sera dissoute.
C’est nous qui avons les clefs du camion, et l’ARS et les politiques payent juste l’essence. Donc s’il n’y a plus d’essence, ils resteront avec leur véhicule arrêté, et nous nous en descendrons et continuerons à pied ou dans un autre véhicule !!
C’est à nous d’imposer nos choix car ils ont besoin de nous et non l’inverse.
Xavier Lambertyn