Tests antigéniques : de qui se moque-t-on ?

La CNAM veut généraliser rapidement les tests antigéniques de dépistage du SARS-CoV2, ce dont nous nous félicitons, et s’est donc rapprochée des syndicats de médecins libéraux, ce dont nous nous félicitons aussi, pour étudier les conditions dans lesquelles les cabinets de ville pourraient être associés à ce déploiement.

Et c’est là que les choses coincent.

La CNAM propose de pouvoir associer la cotation MCU (15 €) à la consultation des généralistes (GS) ou des spécialistes (CS+MPC+MCS), voire même avec la majoration MIS en cas de positivité du test.

Ce qui peut paraître alléchant sur le papier … mais beaucoup moins en réalité si on examine les conditions de l’offre.

Déjà recycler une cotation existante pour un autre usage est un facteur de probable erreur et de risque de refus de paiement.

Mais surtout la cotation MCU comprend pour la CNAM l’ensemble des actions liées à leur réalisation soit :

  • achat du test,
  • équipement,
  • prélèvement,
  • lecture et communication du résultat aux patients ,
  • gestion des déchets d’activité de soin. 

plus la logistique de la gestion des patients, puisqu’il faut attendre une vingtaine de minutes avant la lecture du test. Temps pendant lequel il faut garder le patient à l’écart des autres patients, et désinfecter la salle d’examen. Puis il faut reprendre le patient pour lui donner le résultat, et gérer les cas positifs. 

Le prix des tests est estimé de 7 à 9 € par la CNAM. Prix auquel il faut rajouter le prix des équipements de protection et donc le temps de gestion logistique.

La CNAM veut donc nous faire travailler bénévolement, voire même à perte. La médecine est peut-être une vocation, mais ce n’est pas un sacerdoce. Nous avons des entreprises libérales à gérer. 

Rappelons juste qu’un test PCR revient à 75€ pour l’assurance maladie.

Alors nous avons des contre-propositions à soumettre à la CNAM : pour que ce dépistage ne se transforme pas en nouveau fiasco, la FMF propose que ces tests soient réalisés au cabinet médical dans les conditions suivantes :

  • Fourniture des tests aux médecins par l’Assurance Maladie ;
  • Consultation prise en charge en tiers payant par l’Assurance Maladie ;
  • Majoration de l’acte de 20 euros pour gérer le temps d’attente des résultats, prise en charge intégralement en tiers payant ;
  • Possibilité de déclarer les tests positifs directement dans SI-DEP.

Dans ces conditions, la disponibilité de ces tests sera un vrai progrès de santé publique permettant aux médecins de participer activement au contrôle ambulatoire de la pandémie.