Selon notre confrère Dominique DUPAGNE (voir le lien de son excellent article sur son site ATOUTE) Sophia a coûté en moyenne 100 euros par an et par diabétique.
Pour ce montant, les diabétiques inscrits ont bénéficié :
- de 1,5 (en moyenne) appels téléphoniques par an,
- de quelques brochures par la poste,
- et de l’accès à un site internet d’information sur lequel ils ne vont pas plus que les ados sur [->http://mangerbouger.fr/]
Or, ce même montant annuel représente le coût de 3 consultations de MG et d’une consultation de diabétologue. Imaginons ce que la médecine libérale ambulatoire aurait pu faire et dire pendant ces 4 consultations supplémentaires destinées exclusivement à aider le patient à gérer sa maladie et non au suivi du diabète.
Un récent rapport de l’IGAS (avril 2012) a également abordé le sujet en essayant de faire une critique constructive de l’expérimentation SOPHIA (IGAS, RAPPORT N° RM2012-033P avril 2012 page 191 à 200).
Je vous en livre la conclusion où il évoque et critique la seule évaluation disponible à ce jour, celle CEMKA EVAL.
Le moins que l’on puisse en conclure, c’est que l’on ne peut pas conclure… aux effets positifs médico-économiques d’un programme, mis en place une année auparavant et qui montre seulement une amélioration des indicateurs de suivi sur un segment des assurés diabétiques, déjà mieux soignés que les autres. C’est d’ailleurs ce que souligne le rapport : “En l’absence d’effets sur les indicateurs cliniques, il est prématuré de se poser la question de l’efficience économique du programme…La décision d’extension du programme à l’ensemble du territoire français et à d’autres pathologies a été prise récemment. Cette décision se justifie au moins sur le plan de la recherche d’économies d’échelle…Cette démarche devrait être accompagnée d’un suivi évaluatif”.
Conclusion
- Le biais de recrutement des adhérents SOPHIA, mieux pris en charge que les non adhérents ou le groupe témoin est important (caractéristiques médicales et de suivi).
- Le système d’information ne permet pas à la plateforme de bénéficier des résultats d’examen en temps réel des patients, ce qui n’autorise pas les infirmières à réagir de façon adaptée et rapide aux évolutions de la situation des patients.
- L’évaluation « court terme » montre un bénéfice du programme dans l’amélioration du suivi des recommandations de l’HAS par les adhérents SOPHIA. Il laisse beaucoup de marge pour “coller” aux recommandations de la HAS.
- Les bénéfices cliniques du programme pour les patients sont peu sensibles, non plus que ceux en termes d’économies sur les soins de ville ou hospitaliers.
- L’évaluation a été faite à un an, ce qui est très court : on sait que le meilleur suivi des recommandations entraîne de fait une augmentation immédiate des dépenses de ville (plus grand nombre d’examens etc..). C’est certainement à plus long terme qu’il faudrait mesurer les résultats du programme sur la réduction des hospitalisations notamment.
L’évaluateur concluait avec un grand art de la litote : « les résultats ont été obtenus sur une période de temps courte et sous la contrainte de systèmes d’information imparfaits. Ils plaident pour une extension éventuelle du programme jouant sur des économies d’échelle possible et ciblant mieux les populations les moins bien soignées ».