On nous parle aujourd’hui de solidarité.
Mais de quelle solidarité s’agit-il, lorsqu’elle s’exerce par assignation, par décret, sous menace de sanction ?
Peut-on encore parler de volontariat, quand le refus est frappé d’amende ?
Peut-on encore parler de médecine libre, quand l’État désigne les lieux, fixe les jours, et prononce les peines ?
On évoque des zones dites « normodotées », des terres mieux pourvues, des territoires dits « favorisés ». On nous dit qu’elles ne représenteraient que 13 % de la population. Mais qui peut croire, sérieusement, que les médecins de ce pays, dans un système aussi déséquilibré, soient répartis comme la population ?
La médecine s’installe là où elle peut encore survivre.
Ce n’est pas une fuite.
C’est un choix de vie.
Une adaptation à un environnement de plus en plus hostile.
Et pourtant, c’est à ces mêmes praticiens — installés là où l’écosystème médical le permet encore — qu’on demande de s’absenter deux jours par mois, de leur cabinet, de leurs patients, de leur équilibre déjà précaire… Non par incitation, mais par injonction. Et sous peine de sanction.
Mais si ces zones dites « favorisées » accueillent bien plus de 13 % des effectifs médicaux, alors combien de médecins seront réellement concernés ?
30 % ? 40 % ? 50 % ?
On nous dit que l’effort sera réparti.
Mais tout indique qu’il sera concentré. Injustement.
Je comprends ceux qui parlent de grève du zèle.
Quant à moi, cela fait longtemps que je me suis désengagé.
Rupture avec l’enseignement.
Refus de former des esclaves.
Refus d’envoyer des jeunes à la boucherie.
Il n’est pas puéril de dire non, lorsque l’injustice se déguise en vertu.