Point-hebdo FMF du 28-02-2016

Chers amis,
Elles sont encore plus rares que les jeux olympiques, puisqu’elles n’ont lieu que tous les cinq ans : les négociations conventionnelles viennent de s’ouvrir ce mercredi 24 février . Le contexte diffère des précédentes, car nous y voyons la participation appuyée des complémentaires de santé, et surtout les syndicats médicaux présentent un front uni. Qui s’est traduit dès la première journée par une modification du programme : les syndicats ont exigé que soit discutée en priorité la protection sociale du médecin (notamment la retraite), car la participation des Caisses à notre protection conditionne purement et simplement l’existence de la Convention. Le Directeur de l’Assurance Maladie, Nicolas Revel, a présenté un diaporama, qui sans surprise, reprend les orientations décidées par le Ministère de la Santé. Quatre chapitres :

  1. ) améliorer la coordination des soins , par le développement du DMP (Dossier Médical Partagé), et enfin !, de la messagerie sécurisée, et par la refonte des forfaits actuels
  2. ) « valoriser à leur juste valeur les actes particulièrement utiles »  ; utiles à qui ? Existe t’il des actes particulièrement inutiles ? Je reste dubitative sur la volonté de la CNAM de « valoriser à leur juste valeur », ou alors il y a du boulot ! Elle veut renforcer la ROSP (la « prime » annuelle), alors que d’autres pays l’ont abandonnée depuis longtemps, et instaurer le médecin traitant « pivot » pour les enfants (c’est dans la Loi Touraine).
  3. ) renforcer la prévention (vaccinations et dépistages)
  4. ) améliorer l’accès aux soins , avec le retour des deux serpents de mer : mieux répartir les médecins, et supprimer, pardon maîtriser, les ajustements d’honoraires. Vu la démographie médicale, on appelle cela de la gestion de pénurie. Afin de nous cadrer, notre ami Claude Bronner (du Zapping) a élaboré les 10 commandements de la FMF pour aborder ces négociations. Vaste programme, mais réalisable. Il va tout de même falloir titiller un peu M. Revel, qui a annoncé d’emblée qu’il n’y a avait pas de budget prévu, et que la dernière Convention avait déjà fait dépenser 660 millions d’euros sur cinq ans pour nos revalorisations. Sur un budget total de 750 milliards (sur cinq ans), je vous laisse faire le calcul.
Du boulot, il y en a aussi avec les élus, comme on peut le voir sur cette émission de LCI, traitant de la désertification médicale . Le député Hervé Maurey continue de fantasmer sur des régions saturées en médecins, qui pourraient déverser leur trop-plein vers les voisines, moins bien loties. Heureusement, l’excellent Christian Lehmann rétablit la réalité de la situation actuelle, et l’on peut constater que le journaliste commence à comprendre.
Il va falloir également ferrailler avec les complémentaires de santé, qui comptent bien financer leurs frais de fonctionnement en constante croissance par des économies sur les médecins. Pour ceux qui aiment les chiffres, lire le rapport de la DREES paru cette semaine. A rapprocher du coût des complémentaires « dégriffées » : la CMU-Complémentaire revient à 405 euros annuels, et l’Aide à la Complémentaire de Santé (ACS) à 204 euros. Et je rappelle que le déficit de l’Assurance Maladie en 2014 s’est élevé à 7 milliards d’euros, tandis que les complémentaires dégageaient la même année 7 milliards d’excédent. On en déduit donc qu’à volume de cotisation égal, tous les assurés pourraient être pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie, sans que celle-ci ne soit en déficit.
Puisqu’on parle mutuelles, vous avez sans doute vu passer cette vidéo d’un infirmier normand téléphonant à la Mutuelle de la Police pour tenter de récupérer 800 euros d’honoraires . Une démonstration vaut mieux qu’un long discours ; on se reconnaît tous dans cette situation. Et après, on veut nous faire croire que le tiers-payant sera simple et sécurisé !
Vous n’avez pas pu non plus passer à côté du buzz créé par ce haut fonctionnaire du cabinet Touraine, qui vient de démissionner à grand fracas . Les langues commencent à se délier.
Par contre, ma dernière info pratique est restée confidentielle. Alors que les Caisses nous imposent une entente préalable chaque fois que nous initions un traitement par Ezétimibe, cette procédure n’est pas exigée pour un nouveau médicament associant l’Ezétimibe à l’Atorvastatine. Négligence ou conflit d’intérêts ? Notre responsable de la cellule juridique FMF, Marcel Garrigou-Grandchamp, nous donne certaines explications. A suivre …

Je vous souhaite une très bonne semaine.