Point-hebdo FMF du 24-04-2016

Chers amis,

La ROSP 2015 est arrivée. Bonne cuvée si l’on en croit le Directeur de l’Assurance-Maladie Nicolas Revel : plus de 6 000 euros pour les généralistes médecins-traitants, donc à peine 1 000 euros pour les autres spécialistes, puisque la moyenne est à 3 500 euros. La partie « organisation du cabinet », qui est la seule accordée aux spécialistes (hormis les cardiologues et les gastro-entérologues qui ont également une prime aux indicateurs), a pâti de la grève de télétransmission de début d’année. Ce qui fait toucher du doigt combien cette prime nous rend dépendants des CPAM. La FMF-US, branche spécialiste de la FMF, nous met en garde contre l’apparente attractivité de cette « récompense » qui induit conflits d’intérêts et subordination aux Caisses. Laquelle Caisse Nationale (CNAM) se félicite au contraire du bilan de 4 années de ROSP. Elle est satisfaite, car les patients consomment plus de médicaments et font plus d’examens ! Vont-ils mieux ? C’est ça qu’on aimerait bien savoir. On peut aussi relire l’analyse de la FMF sur le sujet.

Bon, de toute façon, maintenant que les médecins libéraux gagnent 88 000 euros mensuels, selon un journaliste de France Inter, ils n’auront plus besoin de la ROSP.

Tous ces paramètres font que la FMF est plus que réticente au principe de la ROSP. Mais les médecins libéraux se sont tellement paupérisés qu’ils sont quasiment obligés d’accepter ce complément d’honoraires. C’est pourquoi la FMF propose d’intégrer cette prime, et les 5 euros que nous recevons par-ci par-là (surtout les médecins-traitants) dans un forfait structure digne de ce nom, destiné à l’embauche de personnel. M. Revel a beau nous expliquer qu’il suffit de deux médecins pour payer une secrétaire, et qu’à partir de 3 médecins, elle nous fait gagner de l’argent, les chiffres sont têtus : seulement 0,3 salariés par médecin français. Sans doute oublie-t’il qu’une secrétaire n’a pas tout-à-fait les mêmes horaires qu’un médecin, et que si nous voulons un accueil permanent, il nous faut deux postes. Il continue par ailleurs à axer le travail de la secrétaire sur la « gestion des cas complexes ». En nous décrivant une procédure digne de l’administration : pour ces cas difficiles, la secrétaire se mettrait en relation avec le personnel d’un « service-support » de la CNAM, lui-même étant en lien avec la plate-forme d’appui de l’ARS (Agence Régionale de Santé) ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?! Nous, on ne demande pas d’être « supportés » ou « appuyés », mais seulement reconnus financièrement pour notre fonction de coordination. Via ce forfait-structure, à condition qu’il soit sanctuarisé (rappelons-nous la prime « médecin référent » supprimée d’un trait de plume). Ou sinon, prenons la Ministre au mot : elle a affirmé que grâce à ces multiples primes, le Cs se trouvait en réalité à 31 euros. Eh bien, soit, supprimons ces forfaits et montons le C/CS à 31 euros.

Cette fonction de coordination est décidément au centre des débats, puisque le Haut Comité pour l’Avenir de l’Assurance-Maladie (HCAAM) vient de produire des recommandations sur le sujet. Lisez-bien les pages 15 et 16 : le « Haut Comité » pense trop complexe de rémunérer la coordination lorsque le patient choisit ses différents intervenants. Il prône la constitution d’équipes de soignants territoriales, et ce sont ces équipes qui seraient rémunérées. Le patient devra choisir son équipe. Voudra t’il celle comportant son kiné, mais pas son infirmière ? Ou celle de son orthophoniste mais sans son neurologue ? Encore une fois, la FMF propose des solutions bien plus simples au « Très Haut Comité » : une messagerie sécurisée fluide comme Apicrypt, une CCAM clinique (classification des actes) cohérente, un forfait structure pérenne. Mais évidemment, les patients ne rentreraient pas dans les cases de la Sécu, ce qui est inimaginable pour tout bon fonctionnaire qui se respecte.

En attendant de voir ce que donnent ces débats, continuez de faire pression par des dépassements tarifaires (pour les Secteur 1). Prenez 25, 28, ou 30 euros. Ou plus, si vous voulez, sous forme de DE. En vous rappelant que les complémentaires de santé remboursent au moins +10%, soit 28 euros pour un généraliste. Je vous remets le mode d’emploi et une petite affiche à apposer dans votre salle d’attente.

Et je finirai par une redite, mais je reçois encore des questions sur le sujet : les crédits d’impôts possibles.

Je vous souhaite une très bonne semaine.