Chers amis,
Cette semaine a été marquée par la finalisation de deux avenants à la Convention, et la poursuite des négociations sur la rémunération des actes en télémédecine.
L’avenant N°4, sur la Rémunération sur Objectifs de Santé Publique (ROSP) pour les endocrinologues est paru officiellement. On ne sait si l’on doit s’en réjouir. Les intéressés, parmi les plus mal rémunérés de la profession comme toutes les spécialités cliniques, ont mandaté les syndicats pour signer cet accord, qui va leur mettre « un peu de beurre dans les épinards ». Mais le butin est bien maigre : 340 points maximum, soit 2 380 euros annuels (en honoraires) si l’on satisfait à tous les items. Et toujours la même question : est-il bien raisonnable de persister dans la voie de la ROSP alors que tous les autres pays l’abandonnent, après avoir démontré que cette rémunération nuisait à la qualité des soins, en focalisant l’attention des médecins sur quelques critères préférentiels ?
L’avenant N°5 n’est pas encore paru mais a été signé. Il concerne la compensation de la hausse de la CSG pour les médecins libéraux conventionnés secteur 1 et OPTAM, qui bénéficiaient d’une prise en charge partielle de leurs cotisations URSSAF et CARMF. D’après les experts, 80% de ces médecins se trouvent intégralement compensés, voire gagnent un peu. Les plus gros revenus, supérieurs à 140 000 euros annuels de bénéfices, vont perdre entre 1 et 250 euros par an. La compensation va se faire via les cotisations allocations familiales et régime retraite de base. Je vous laisse découvrir sur le site de la FMF les subtilités de l’accord, ainsi que les précisions de la CARMF pour les nouveaux installés. Pour ceux qui aiment la poésie des chiffres …
Sur la télémédecine, sujet prioritaire pour le gouvernement, le Directeur de l’Assurance Maladie, Nicolas Revel, a sorti ses cartes. Les téléconsultations, entre un médecin et son patient (en général en établissement médico-social, car il faut un système de visio-conférence sécurisée), seraient payées le tarif habituel de consultation : 25 euros pour les généralistes et 30 euros pour les autres spécialités, avec les majorations conventionnelles possibles. Les télé-expertises (avis d’un spécialiste sur un dossier de patient présenté par le médecin traitant ou un autre médecin) seraient rémunérées 12 euros pour un cas simple (interprétation d’un examen type ECG, suivi de plaie chronique), et 20 euros les cas complexes (analyse de plusieurs examens, multi-pathologies). Mais rien pour le médecin qui requiert l’avis expertal ! Un peu incohérent pour un gouvernement qui veut inciter à la coordination des soins. Le coût du matériel serait indemnisé via un forfait de 350 euros annuel dans la ROSP, mais à condition d’avoir effectué 30 télé-actes dans l’année. Pas sûr que ces chiffres maigrichons donnent envie aux médecins de s’équiper et modifier leurs comportements. Il faudrait au moins que la 1ère télé-expertise, et globalement les télé-actes où le patient n’est pas connu du médecin en face, soient mieux valorisées. Les négociations continuent, et comme toujours, la FMF va tenter d’unir les syndicats pour des propositions communes.
D’autant que sur la télé-médecine, d’autres n’ont pas ces contraintes ni ces scrupules. Les plates-formes de RDV en ligne sont en train de mettre en place des télé-consultations, totalement hors parcours de soins bien-sûr. Un nouveau médecin à chaque consultation, pas sûr que le patient y gagne en qualité des soins. Mais il sera content, il aura une réponse dans l’heure qui suit. Une société, MédecinDirect, va même plus loin. Ne trouvant pas assez de médecins pour répondre à la demande, elle a installé un robot qui, à force de renseignements, finit par établir un diagnostic et orienter le patient vers une fiche-conseil, voire une ordonnance. Au prix de 29 euros par mois. Le tout avec la bénédiction de l’ARS (Agence régionale de Santé) Île de France qui a validé le projet. Question : les médecins doivent-ils accompagner le mouvement qui semble inéluctable et va séduire les patients en mal de réponse rapide, ou doivent-ils alerter et freiner autant que possible une dérive purement commerciale des soins médicaux ?