Chers amis,
Un tout petit Point Hebdo cette semaine. Quand Paris est en vacances, la France s’arrête de tourner.
Le Ministère de la Santé a tout de même gardé du personnel pour nous proposer des décrets de mise en application de la Loi Santé. Des documents de travail circulent, encore soumis à « concertation » (façon Ministère). Globalement, ils sont aussi affligeants qu’on pouvait le craindre. Il s’agit tout simplement de mettre sous cadre la médecine libérale, avec des plates-formes d’appui dont le rôle de coordination se résume à élaborer et diffuser des protocoles, ou à programmer les interventions des différents professionnels de santé. Ou encore la HAS chargée de lister les médicaments à « utiliser préférentiellement ». Pas besoin d’un dessin pour savoir ce que feront ensuite les Caisses de cette liste magique. Nous comptons sur nos syndicats pour redresser la barre.
Un bel exemple de la « médecine dans les cases » se trouve dans le dispositif PAERPA (Personnes Agées En Risque de Perte d’Autonomie), expérimenté dans quelques territoires. Le médecin traitant y est réduit à pondre des protocoles à réactualiser régulièrement, tandis qu’un employé ARS programmera les visites de tous les intervenants. Avec la mirobolante somme de 100 euros pour 5 ans, à se partager entre tous les professionnels de santé concernés par le patient. Le Collège de Médecine Générale, qui avait accepté de s’associer aux expérimentations, vient d’en sortir officiellement. Mesdames et Messieurs les institutionnels, si vous voulez que les professionnels de santé s’approprient des dispositifs innovants, il faut :
- qu’ils participent dès l’élaboration du projet
- qu’ils soient correctement rémunérés pour le travail demandé
- que l’environnement libéral soit privilégié, sans devoir systématiquement en référer à l’hôpital public.
Un autre exemple est celui de la Maison de Santé Pluridisciplinaire (MSP) de Nogaro. Désormais, pour accorder des subventions, l’ARS y impose la présence physique d’un médecin non-stop de 8H à 20H. Sans prévoir pour autant la rallonge budgétaire pour le secrétariat. Attention à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage ! Bien souvent, l’aide de l’ARS ne sert qu’à payer l’évaluation et le secrétariat nécessaires à monter les dossiers destinés à obtenir lesdites subventions. Le chat qui se mord la queue. Si en plus, l’ARS se mêle de notre organisation de travail, ça devient proprement inacceptable.
A l’opposé, nous ne voulons pas non plus d’une médecine marchandisée à l’extrême, avec les dérives que cela peut entrainer. Exemple terrible d’un centre dentaire « low coast », qui laisse tomber les patients lorsqu’ils ne sont plus rentables. Insupportable, mais voilà ce qui arrive lorsqu’on ne donne pas aux vrais professionnels de santé les moyens minimaux pour proposer des soins de qualité. Les patients sont alors donnés en pâture, soit aux administratifs, soit aux commerciaux. Pas sûr qu’ils y gagnent.
C’est pourquoi il faut continuer à se battre pour garder notre éthique. Notamment en pratiquant des DE larges, par exemple en dehors des heures d’ouverture de votre CPAM. Les patients comprennent très bien après quelques explications. Nos amis bretons ont initié le mouvement, mais ne vous sentez pas seuls à le faire : un sondage du Quotidien du Médecin révèle que 79% des médecins sont prêts à suivre. Retrouvons un peu le sens du mot « libéral » !
Et parce qu’il faut bien rire un peu après tout cela, écoutez notre chère Ministre MariSol Touraine, s’adressant aux femmes antillaises pour éviter la contamination par le virus Zika : « si vous avez un projet de grossesse, ayez des rapports sexuels protégés ». Qui a dit qu’elle n’avait pas d’humour ?
Je vous souhaite une très bonne semaine. Et la prochaine fois, promis, j’essaie de vous trouver des bonnes nouvelles.