Chers amis,
Le sujet du jour est évidemment l’affreux Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale (PLFSS, voir mon dernier Point Hebdo), dont l’examen va commencer cette semaine à l’Assemblée Nationale. Il cristallise l’opposition de tous les syndicats médicaux, dont la FMF, ainsi que du Conseil de l’Ordre qui a clairement pointé ses dérives anti-déontologiques. Ce PLFSS vient d’être rejeté par la Commission des affaires sociales de cette Assemblée, mais pour des raisons très différentes des nôtres. Il ne s’est agi à aucun moment de soutenir les médecins libéraux pour inciter aux installations ou éviter les déplaquages. Au contraire, certains députés ont cru bon vouloir en rajouter en proposant la suppression des exonérations fiscales que nous avions réussi à faire reconnaître l’an passé : frais dits « du groupe 3 » plafonnés à 3050 euros et les 3% supplémentaires sur le chiffre d’affaires. Mesure non adoptée donc, mais qui sera sans doute remise sur le tapis, et qui en dit long sur l’aversion dont nous faisons l’objet, nous les médecins libéraux.
Parallèlement vient de paraître un rapport sur le secteur 2, écrit par deux députés, Yannick Monnet et Jean-François Rousset. Rapport à charge évidemment. Il commence plutôt bien puisque dans la 1ʳᵉ partie « Constats » on peut lire que les médecins les mieux rémunérés (néphrologues, radiothérapeutes, médecins nucléaires) sont moins de 1% à exercer en S2, les cardiologues seulement à 6%, les médecins vasculaires à 7% (vous remarquerez au passage que ce sont les spécialités visées par les baisses de tarifs autoritaires par la Caisse). Et que les dépassements ne représentent somme toute que 117 euros en moyenne par an pour les 35-54 ans et 161 euros pour les plus de 75 ans. Montants nettement inférieurs donc aux plafonds cumulés des franchises promues par ces mêmes députés. Il n’y a donc pas péril en la demeure, et la solution serait peut-être de rémunérer correctement les médecins comme a répondu le CNOM. Eh bien pas du tout ! Nos 2 députés veulent au contraire :
- contraindre les nouveaux installés à adhérer à l’OPTAM (propositions 1 et 2) dont on sait que les dépassements autorisés peuvent être inférieurs à +10% selon les régions et les spécialités
- supprimer le remboursement des prescriptions des médecins non conventionnés (proposition 7)
- exiger les tarifs opposables pour les actes « importants » (proposition 9). Ah ?? Il y aurait donc des actes importants, et d’autres pas importants. Parmi les premiers figurent apparemment tout ce qui concerne l’oncologie ; en revanche, prendre en charge un patient insuffisant cardiaque ou suicidaire ne semble pas important.
Il faut aussi préciser qu’il est annoncé d’emblée dans ce rapport que les MEP ne sont pas concernés. Donc, vous savez ce qu’il faut faire si vous voulez gagner correctement votre vie en S2 : vous installer en tant que MEP ou ne faire que des actes « peu importants ». Pas sûr que la population y gagne en qualité de soins !
Pour quitter ces turpitudes politiques, vous pouvez lire un intéressant rapport (diapos 9 à 22) de l’Observatoire des métiers pour les professions libérales sur l’évolution des cabinets médicaux. Sans surprise, on y lit que :
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Les jeunes médecins préfèrent un exercice mixte, ambulatoire et hospitalier, et s’installent dans des Maisons de santé Pluriprofessionnelles (MSP) en tant que libéraux ou salariés sans préférence
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Les cabinets sont plus centrés sur les soins chroniques, mais assurent aussi les soins non programmés
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La numérisation, l’IA, et les délégations de tâches sont souhaitées pour les tâches administratives, mais les médecins veulent continuer leur activité intellectuelle clinique
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La financiarisation de la médecine se développe
Pendant ce temps la campagne MSO (Mise Sous Objectifs) contre les généralistes se poursuit, y compris des médecins de plus de 70 ans, ou des médecins remplacés durant plusieurs mois pendant la période d’observation, ce qui n’a évidemment pas de sens. Mais attention, je vous rappelle qu’il ne faut absolument pas prêter sa CPS aux remplaçants. D’abord parce que c’est interdit, ensuite parce que nous ne pouvons pas faire jouer cet argument lors de votre défense si vous êtes une cible MSO. La Cellule Juridique de la FMF reste à votre service, que vous soyez adhérent de notre syndicat ou pas.
Je vous souhaite une bonne semaine.