Point-hebdo FMF du 02-05-2020

Chers amis,

J’espère que vous allez bien depuis la semaine dernière.

Evidemment ce Point Hebdo va encore tourner autour du Covid19 qui occupe toute l’actualité.

  • le chapitre des aides qui nous sont consacrées s’étoffe. L’Assurance-Maladie va débloquer un budget (pas difficile, avec la chute des consultations, ses dépenses ont, elles aussi, beaucoup diminué malgré les arrêts de travail), d’une part pour indemniser les frais engendrés par la sécurisation sanitaire de nos cabinets (environ 400 euros), d’autre part pour compenser partiellement les charges fixes qui ont continué à courir malgré la baisse voire l’absence de chiffre d’affaire. Cette aide sera proportionnelle à notre activité résiduelle, et il faut se connecter sur notre EpacePro pour en faire la demande comme nous l’explique Richard Talbot.
  • En revanche, l’aide promise par les Conseils Régionaux ne nous exonère plus de la condition de bénéfice < 60 000 euros, contrairement à ce qui avait été annoncé, car il s’agit en réalité d’une aide complémentaire qui ne sera versée qu’aux indépendants et PME qui auront reçu le Fonds de solidarité de base (1 500 euros). Il faut de plus employer au moins un salarié, et prouver qu’une banque nous a refusé une demande de prêt. Autant dire que peu d’entre nous sommes concernés, mais vous pouvez consulter le dispositif ici.
  • Côté exercice, surtout pour les généralistes, les règles d’arrêts de travail autour du Covid19 sont modifiées depuis le 1er mai. Vous vous doutez bien que ce n’est pas dans le sens de la simplification. J’essaie de vous synthétiser. Déjà, on parle de « mise en activité partielle » ; en fait ça signifie « pas possible du tout de travailler ». Donc aucune activité et rien de partiel. Bon …
    • Pour les salariés :
      1. A risque, et connus de la CPAM (en ALD ou grossesse 3ème trimestre) : ils se sont déjà déclarés en auto-confinement, et c’est la CPAM qui leur envoie un certificat.
      2. A risque et non ALD, ou co-habitant avec patient à risque : nous devons établir le certificat-modèle (pas un arrêt de travail).
      3. En garde d’enfants : ils échangent avec leur employeur. Pas de certificat.
      4. Cas contact avec un patient Covid avéré : comme avant, on fait un arrêt de travail de 20 jours maximum.  
      5. Cas spécial du personnel soignant : voir avec la médecine du travail.
    • Pour les non-salariés rien ne change :
      1. A risque, et connus de la CPAM (en ALD ou grossesse 3ème trimestre) : ils renouvellent leur auto-déclaration sur Ameli.
      2. A risque et non ALD, ou co-habitant avec patient à risque : nous devons établir un arrêt de travail.
      3. En garde d’enfants : ils renouvellent leur auto-déclaration sur Ameli.
      4. Cas contact avec un patient Covid avéré : comme avant, on fait un arrêt de travail de 20 jours maximum. 
      5. Cas spécial du personnel soignant : voir avec la médecine du travail (si elle existe). Attention cependant, la liste des personnes à risque est légèrement modifiée dans le document du 28 avril, par rapport à celle du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) du 20 mars, à laquelle le document se réfère pourtant. Les diabétiques ne sont plus forcément insulino-requérants mais seulement « mal équilibrés ou compliqués », et l’obésité morbide descend à >30 d’IMC.
  • Pour l’avenir maintenant, le Projet de Loi à discuter cette semaine à l’Assemblée nationale, prévoit dans son article 6 le repérage des cas-contacts des patients Covid avérés (c’est-à-dire avec test PCR positif). Cette tâche serait dévolue aux médecins, selon le circuit suivant :
    1. On voit un patient suspect de Covid : on lui prescrit un test et un arrêt de travail de quelques jours (jusqu’à la date présumée de réception du test). GS=25euros
    2. Il revient avec le résultat du test. Si le test est négatif, rien n’est prévu, même si cliniquement on est sûr du diagnostic (35% de faux-négatif pour les tests tout de même). Si le test est positif, nous sommes « fortement invités », avec l’accord du patient évidemment, à renseigner sur un téléservice Ameli spécifique la liste des personnes vivant sous le même toit, avec leur N° Sécu, adresse-mail, N° tel. GS+MIS=55 euros (en tiers-payant d’après ce que j’ai compris, et théoriquement compatible avec TCG ce qui serait une nouveauté).
    3. Si on veut faire du zèle, on peut renseigner en plus d’autres sujets-contacts (collègues de bureau, voisins, maîtresses et amants, voisins de transports en commun, …). 2 à 4 euros par sujet.
    4. La CPAM appelle tous les sujets-contacts, leur demande de se confiner, et leur envoie un test et un arrêt de travail ; elle évalue aussi leurs besoins sociaux (courses, aide-ménagères, …). Ce dispositif alimente de nombreuses discussions sur nos forums. Certains y voient une reconnaissance du rôle central et médico-social du médecin traitant, d’autres parlent de « délation » ou « dénonciation », termes inexacts puisqu’il ne s’agit pas de signaler un fait répréhensible. Il s’agit sans doute d’une mesure essentielle pour limiter la propagation du coronavirus, mais à quoi exposons-nous les personnes ainsi signalées sans leur accord explicite ? Devront-ils impérativement se confiner ? Quid des personnes sans papier ? La question éthique est bien là. Pour le moment pas de position officielle du Conseil de l’Ordre.
  • Le déconfinement, c’est aussi le port du masque. Et là, ce sont nos amis pharmaciens qui sont très en colère. Alors qu’ils assurent, bénévolement, depuis des semaines la gestion des masques à distribuer aux soignants, et à refuser aux patients qui pourtant en auraient bien besoin, voilà que la grande distribution annonce à grands renforts de surenchères pouvoir en vendre à tout le monde dès lundi. C’est à celui qui en aura le plus. Question : s’agit-il de stocks constitués ces dernières semaines au détriment des soignants et malades, ou de lots récemment arrivés ?
  • Puisqu’on parle de masques, lisez cet intéressant communiqué de la revue Prescrire. Il semble que les masques en tissu sont inutiles (et même plus d’infections que sans masque du tout). Info à transmettre aux patient(e)s qui rivalisent de masques décoratifs cousus main. Actuellement, ce n’est pas grave puisqu’on ne voit plus de patients infectés en ville (voir Bulletin Sentinelles de Santé Publique France), mais attention après le 11 mai.

Je terminerai ce Point Hebdo par un petit détail pratique : les examens obligatoires du nourrisson des 9ème et 24ème mois pourront être effectués jusqu’au 30 septembre, assortis de la cotation COE quel que soit l’âge de l’enfant.

Et hélas un nouveau médecin décédé du Covid19 à Poissy dans les Yvelines.

Je vous souhaite une bonne semaine, et continuez à faire attention à vous !