Chers amis,
D’emblée je vous conseille de bien vous caler dans votre fauteuil, ou de prévoir une séance de yoga, car ce Point Hebdo va vous faire bondir plus d’une fois.
D’abord à la CNAM où nous avons assisté jeudi à une véritable séance de provocation ce la part du directeur Nicolas Revel. La discussion portait sur la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique). Les syndicats avaient reçu la veille au soir le diaporama prévu par la CNAM. Ils ont pu y découvrir que se conformer aux durées d’arrêt de travail préconisées par la HAS (Haute Autorité de Santé) ferait partie des item donnant droit à des points. Et surtout, à la diapo 87 sur 88, qu’il y aurait désormais des malus pour les médecins qui n’atteindraient pas leurs objectifs. Après la carotte, le bâton. Certes, devant le tollé général des syndicats, M. Revel a immédiatement abandonné cette idée. Mais l’IGAS l’avait préconisé en 2015, M. Revel le propose en 2016, ce n’est pas innocent. Aujourd’hui la ROSP pallie, très mal, la stagnation de la valeur du Cs ; demain elle deviendra un instrument de chantage. C’est pourquoi la FMF demande à ce que cette prime soit remplacée par un forfait structure destiné à améliorer les conditions de travail des médecins et d’accueil des patients. Tout a été résumé dans un petit texte que notre président Jean-Paul Hamon a lu en séance.
Encore plus fort : un interview du sénateur Poher sur le site Egora. Propos magnifiques, qui alignent tous les poncifs que nous entendons régulièrement sur les médecins libéraux. Par ordre d’entrée sur scène, vous y trouverez « les médecins défendent surtout leur tiroir-caisse », « ils ont un devoir de santé publique avant tout », « ils ne veulent plus faire de garde, et c’est pour ça que les hôpitaux sont engorgés », « on doit pouvoir les obliger à s’installer à tel endroit », « l’Etat paye leurs études et la Sécu leurs actes », « c’est au médecin de se déplacer lorsqu’un enfant a de la fièvre », pour finir en beauté : « les généralistes apprennent seulement à faire le tri pour envoyer aux spécialistes » !! Le tout en se targuant d’être lui-même médecin. Si c’est pas de la confraternité, ça ! Certains confrères s’en sont d’ailleurs émus et ont décidé de déposer une plainte devant le Conseil de l’Ordre.
Vous en voulez encore ? Alors lisez le courrier que les médecins de l’Oise ont reçu de leur CPAM sur les indemnités journalières (décidément, c’est leur idée fixe à la Sécu), avec un magnifique schéma sur les différentes pathologies et les durées d’arrêt préconisées. Attention, je vous ferai une interro écrite la prochaine fois. Heureusement, il ne s’agit que d’un « courrier d’accompagnement », et ces durées « ne sont pas opposables ». Ouf, nous voilà rassurés ! Le Directeur de la CPAM 91, lui, n’a pas pris tant de gants. Il rappelle l’obligation de prescrire en DCI depuis 2015, sur un ton de menaces à peine voilé.
Anecdotique, mais sans doute symbolique, le journal Les Echos recommande à ses lecteurs de se diriger vers des spécialistes secteur 2 ayant signé le CAS (Contrat d’Accès aux Soins). Pourquoi pas des médecins secteur 1 ? Soit les journalistes parisiens n’imaginent même pas qu’un spécialiste S1 puisse exister. Soit il ne leur semble pas digne de confiance. 28 euros la consultation, est-ce bien sérieux ?
Mais pour finir quand-même sur une note positive, nos amis de la FMF Rhône-Alpes ont présenté leur projet de carnet de vaccination électronique (E-carnet) et l’ARS a décidé de l’expérimenter. Comme quoi les libéraux aussi peuvent proposer des projets utiles à la société.
Je vous souhaite une très bonne semaine et n’oubliez pas d’offrir un brin de muguet à ceux que vous aimez.