CONGRES
DE LA FMF A MARSEILLE LES 10 ET 11 OCTOBRE AU PALAIS DU
PHARO
Chers amis,
Ce Point Hebdo va commencer par ce qui fait polémique en ce
moment, et qui démarque la FMF des autres syndicats.
- – Tout d’abord, la
CARMF qui est décidément dans le colimateur
de la CSMF et MG-France, et dont le Président Gérard
Maudrux répond à chaque attaque point par point, de
façon argumentée. Il peut compter sur le soutien de la
FMF, comme l’indique le dernier communiqué
d’Olivier Petit, notre M. Retraite, qui réexplique
inlassablement pourquoi le régime complémentaire est
assuré, et au contraire pourquoi il faut fermer l’ASV, qui
malgré la forte dégradation de sa rentabilité, va
se trouver très rapidement en faillite. Mais
évidemment, si l’ASV disparaît, la Convention perd de
son intérêt, ce qui semble affoler nos
« confrères » présidents de syndicats …
- – Ensuite le tiers-payant
obligatoire. Ce qui semblait n’être qu’un effet
d’annonce au départ, apparaît finalement comme une
idée fixe de notre Ministre MS Touraine. Les discussions
sur le forum adhérents montrent que la position de la FMF
n’a pas été bien comprise. Entre le SML qui refuse
hypocritement tout tiers-payant pour raison idéologique (je
dis « hypocritement » parce que nombre de ses adhérents
spécialistes le pratiquent couramment), et MG-France qui le
réclame à grands cris, pour des raisons tout aussi
idéologiques, la FMF reste pragmatique comme toujours, au
plus près du terrain. Le
tiers-payant obligatoire, NON, mais le tiers-payant possible
à la demande du médecin, OUI. Et pour cela,
pas besoin de grandes gesticulations à la CNAM ou au
Ministère, il suffit de retirer « ponctuellement » et
« traitant » dans la Convention (Titre 1, art. 2, sous-titre 3,
dernier alinéa) : « les
parties conventionnelles conviennent de permettre ponctuellement,
pour les patients qui le nécessiteraient, la dispense
d’avance de frais selon l’appréciation du médecin traitant« .
Je vous remets le
communiqué de notre Président sur le sujet pour
que ce soit bien clair dans toutes les têtes.
- Autre sujet de polémique : la
délégation de compétences à des non
professionnels de santé. Pour le coup, on ne sait
pas très bien ce qu’en pensent les autres syndicats, qui
s’expriment peu sur le sujet. N’oublions pas que l’ancien
président du SML dirige une école d’ostéopathie
pour non professionnels de santé (les « nini »), ceci
expliquant peut-être cela. En l’occurrence, nous avons
appris cette semaine que l’hôpital de Villeneuve
Saint-Georges (dans le 94) avait fait venir dans ses locaux des
ostéopathes ni médecins ni kinés, pour traiter
les patients en interne et ouvrir une consultation externe !
Cela pose tout de même de nombreuses questions. Qui paiera
en cas d’accident, puisque les ostéopathes ne sont pas
assurés ? Les patients hospitalisés vont-ils devoir
débourser de leur poche, ou est-ce l’hôpital qui paye
via le forfait hospitalier ? Pourquoi le Conseil de l’Ordre
accepte t’il cette cohabitation, alors qu’il nous interdit la
présence des ostopathes nini au sein de nos locaux afin de
ne pas les cautionner en tant que professionnels de santé ?
A suivre, mais c’est déjà très
inquiétant …
- – Ce qui ne fait pas polémique en revanche, c’est l’efficience du
système libéral. Elle est de nouveau
démontrée dans une petite étude
menée sur les Maisons Médicales de Garde (MMG)
versus Services d’Accueil d’Urgences (SAU) dans le 94, et parue
dans la revue indépendante « Médecine », (que je
recommande aux généralistes). Il en ressort que le
coût d’un passage aux horaires de PDS (Permanence Des
Soins) en MMG est de 92 euros, dont 52 à charge pour la
Sécu (le reste étant représenté par les
locaux et le personnel), contre 145 euros pour les SAU. Avec une
optimisation encore possible pour les MMG, qui ne tournent pas
à plein (3 patients le soir, 10 le samedi après-midi,
20 le dimanche). Les auteurs font remarquer qu’ils ont eu toutes
les peines du monde à récupérer les chiffres des
SAU, peu enclins à la transparence. Pour ceux qui ont un
abonnement chez l’éditeur John Libbey, et donc un
accès gratuit, voici le
lien de l’étude.
- – Ponts obligent, il y a eu peu de réunions ces 2
dernières semaines. Celle du 29
avril sur les soins de proximité (2ème
cheval de bataille de MS Touraine, avec le tiers-payant
obligatoire), mérite
notre attention. Vous avez le diaporama,
mais pour les paresseux, je résume, avec mes commentaires
en bonus. 2 grands thèmes : la coordination territoriale
pour les patients chroniques, et les sorties d’hôpital. On
y apprend que la
rémunération pour la coordination territoriale sera
réservée aux Maisons de Santé ou Pôles de
Santé Libéraux, qui ont le statut de SISA, et
qui remplissent certains indicateurs (emploi d’un
secrétariat, réunions de coordination), dont certains
sont des obligations de résultats (nombre de patients
dépistés pour les cancers du colon ou du sein, nombre
d’Hb glyquées effectuées). Mes commentaires : il
existe 300 structures ainsi labellisées en France ; si on
compte en moyenne 4 généralistes par structure, 1200
vont bénéficier de ces budgets. + 300
intégrés au protocole Asalée (entre médecins
et infirmiers pour le suivi des diabétiques), cher à
MG-France qui a réussi à le vendre ainsi (contre quoi
?). Ca fait maxi 1500 généralistes concernés. Sur
63 000 recencés officiellement en 2013. Quid des 61 500
restants ? Et des autres spécialistes ? Ils ne font pas de
la coordination, eux ?? La FMF, pourtant créatrice des
Pôles de Santé Libéraux, rappelle qu’il faut
reconnaître le travail de TOUS les médecins
libéraux, si on veut entretenir une médecine de
qualité sur l’ensemble du territoire.
- – Maintenant, le projet
« sortie d’hôpital » vaut aussi son pesant d’or.
Il est calqué sur le dispositif PRADO de la
Sécurité Sociale. Un conseiller-sécu (alias
ancien opérateur de saisie reconverti après
l’arrivée de la Carte Vitale) voit le patient à
l’hôpital, prend pour lui les RDV avec les professionnels
de ville, selon un protocole très strict élaboré
par la HAS : il sait à l’avance le nombre de consultations
nécessaires pour le mois à venir, et à quelle
cadence. Puis il remet aux professionnels concernés, y
compris les médecins, une fiche sur la prise en charge de
la pathologie en cause. Oui, oui, vous avez bien lu :
l’employé sécu dira au médecin comment traiter le
patient ! Pouquoi s’embêter à faire 10 ans
d’études, alors qu’il suffit de lire la fiche ! Seul point
positif : le patient aura droit à une auxiliaire de vie
(mais c’est déjà le cas actuellement ).
L’évaluation sera soft comme d’habitude : satisfaction des
patients ayant accepté le dispositif (mais surtout pas de
comparaison avec ceux l’ayant refusé), et critères
intermédiaires : le patient a t’il utilisé son carnet,
s’est-il pesé comme recommandé, …? Mais aucun
critère de morbi-mortalité. On croirait une étude
labo sur des produits inutiles comme les anti-arthrosiques.
- – J’ai gardé le meilleur pour la fin : le rapport
IGAS sur le DPC vient de paraître.
Pour l’OGDPC, tout semblait suspendu à ce rapport, et
aucune décision n’a été prise depuis 6 mois. Il
est conforme à ce que tous les médecins et organismes
disent depuis 1 an : la conduite du projet est désastreuse,
le passage au tout informatique a été
précipité et entrainé de nombreux
dysfonctionnements, il n’y a toujours aucun cahier des charges
pour les programmes, donc pas de critères de qualité,
et l’indemnisation des participants et organismes reste soumise
à ce qui est pudiquement appelé « aléas
budgétaires ». L’IGAS chiffre à 565 M
d’euros le budget nécessaire à la formation de tous
les professionnels de santé concernés, alors que 155 M
seulement sont effectifs. 2 questions : fallait-il payer des
inspecteurs IGAS pendant 6 mois pour arriver à ce constat ?
Que va faire l’OGDPC (c’est à dire le gouvernement et la
CNAM) au vu de ce rapport ?
Je vous souhaite une très bonne semaine.
N’oubliez pas votre cotisation
FMF pour 2014 et de vous libérer pour venir à
Marseille les 10 et 11 octobre (bulletin d’inscription prochainement
en ligne).
Amitiés à tous |