Pénurie de psychotropes : quand le non-remboursement des préparations magistrales aggrave la crise sanitaire et économique

La FMF alerte sur une situation de plus en plus critique à laquelle sont confrontés les médecins et leurs patients : la pénurie persistante de nombreux médicaments psychotropes, dont le méthylphénidate, le lithium, la sertraline ou encore la venlafaxine. Ces traitements sont essentiels dans la prise en charge de nombreuses pathologies psychiatriques, et leur indisponibilité peut avoir des conséquences graves.

Jusqu’ici, face à ces ruptures, les professionnels de santé pouvaient compter sur une solution de recours : les préparations magistrales, réalisées en pharmacie sur prescription spécifique. Ces préparations permettaient de pallier temporairement l’indisponibilité de certaines spécialités industrielles.

Mais cette alternative est aujourd’hui gravement remise en cause : l’Assurance Maladie a interrompu leur remboursement en l’absence de protocole validé par l’ANSM. Concrètement, cela signifie que les pharmaciens doivent faire payer les patients ou prendre le risque de sanctions financières. La plupart renoncent donc à produire ces traitements, laissant patients et prescripteurs sans solution.

Cette décision est non seulement contre-productive sur le plan médical, mais aussi économiquement incohérente. Un patient privé de son traitement psychotrope risque une décompensation, avec à la clé des arrêts de travail prolongés, des hospitalisations évitables, et une aggravation de sa souffrance — autant de coûts bien supérieurs à celui d’un remboursement de préparation magistrale.

À cela s’ajoutent des consultations médicales de plus en plus longues et complexes, durant lesquelles les praticiens tentent de compenser les manques en cherchant des alternatives, souvent inexistantes. Cette situation génère une perte de temps considérable et une désorganisation évitable du soin.

Face à cette impasse, la FMF demande solennellement :

  • Que les préparations magistrales soient remboursées automatiquement en cas de rupture de stock d’un médicament industriel, sans attendre la validation de protocoles par l’ANSM ;
  • Que les autorités sanitaires puissent garantir un accès sécurisé et continu aux traitements indispensables.

Il est temps de faire preuve de bon sens. Investir dans le remboursement des préparations magistrales, c’est éviter des dépenses bien plus lourdes demain – et surtout, c’est assurer une prise en charge digne et efficace des patients aujourd’hui.