« Pacte de solidarité territoriale » : l’illusion d’une République soignante

Le gouvernement impose aujourd’hui aux médecins libéraux une « solidarité » obligatoire : deux jours par mois en zones sous-denses, sous peine de sanctions.

Derrière cette annonce, se cache un projet fondé sur une triple illusion — juridique, sanitaire et politique — qui menace l’essence même de la médecine libérale, l’équilibre des soins et la confiance entre la République et ses territoires.

  1. L’illusion juridique : l’État impose là où il prétend pactiser

Un pacte est, par définition, un accord mutuel, fondé sur la liberté et la réciprocité. Ici, l’État impose.
Ce n’est pas un pacte, c’est une conscription déguisée.

👉 Un pacte sans liberté est une contrainte. 

👉 Un pacte sans égalité est une soumission.

Le soin n’est pas un ordre exécuté sous contrainte.
Soigner est un acte d’engagement profond, librement consenti, renouvelé à chaque patient, à chaque regard, à chaque geste.

En transformant l’engagement médical en injonction administrative, ce projet dénature la relation soignant-soigné et sape l’indépendance professionnelle.

 

  1. L’illusion sanitaire : on ne soigne pas mieux en déplaçant la pénurie

Envoyer des médecins quelques jours par mois dans les déserts médicaux, c’est :

👉 Faire croire à une présence.
👉 Maquiller une absence.

Cela ne crée pas d’offre de soins pérenne. Cela ne tisse aucun lien durable entre les soignants et les habitants. Cela ne restaure pas la confiance indispensable à l’efficacité du soin.

Soigner, ce n’est pas traverser un territoire, c’est tisser une relation de confiance, ancrée dans la durée.

Ce que les territoires réclament, ce ne sont pas des médecins « contraints  ou conscrits ou forçats  »  de passage, c’est la fidélité d’un regard, la constance d’une main, la solidité d’une présence.

 

  1. L’illusion politique : on ne reconstruit pas la République en instrumentalisant ses médecins

La désertification médicale n’est pas née hier. Elle est l’héritage d’une République qui a déserté ses propres promesses, le fruit de trente ans d’abandons, de reculs, de renoncements.

Et aujourd’hui, au lieu de réparer, on désigne des boucs émissaires : les médecins.

👉 Au lieu d’investir, on réquisitionne.
👉 Au lieu d’écouter, on impose.

Mais un médecin contraint n’ancre pas une République plus forte. Un médecin contraint n’apaise pas les fractures d’une nation.

La cohésion nationale ne se reconstruit pas en envoyant de force les médecins sur les routes désertes; elle se reconstruit en ressuscitant des territoires vivants, accueillants, confiants.

Un autre chemin est possible

Nous refusons cette illusion collective qui, sous prétexte d’urgence, sacrifie la liberté et la qualité des soins. Nous refusons d’être instrumentalisés pour masquer l’échec de décennies d’abandon.

Et nous tendons la main pour construire, ensemble, une solidarité authentique, celle qui respecte, celle qui rassemble, celle qui soigne vraiment.

Car la médecine est un serment libre, non une assignation. Et le soin est un lien vivant, non une injonction.