Manifeste pour la sauvegarde d’une médecine libérale en France

LE CONTEXTE

La spécificité de la médecine libérale française consiste en une double caractéristique de l’exercice des praticiens : une activité de ville d’une part couplée à une activité hospitalière publique ou privée d’autre part. Si les profils des médecins généralistes de ville et des médecins hospitaliers publics sont bien connus de l’ensemble des tutelles et des instances politiques, ceux des médecins exerçant en établissements privés ou sur les plateaux techniques semblent en revanche bien plus flous.

Pourtant, ils sont 40 000 médecins à exercer dans les 1 000 établissements hospitaliers privés de France et à assurer la prise en charge, chaque année, de 8,5 millions de patients. Il convient de souligner qu’ils peuvent exercer une activité de ville parallèlement à cette activité hospitalière privée et, qu’à ce titre, ils reçoivent des patients dans leurs cabinets médicaux qu’ils détournent, dans bien des cas, d’une hospitalisation inutile.

Regroupés au sein des Conférences Médicales d’Etablissements (CME) de l’Hospitalisation Privée, ces 40 000 médecins prennent en charge dans les cliniques privées où ils exercent :

  • la moitié des actes de chirurgie, avec une proportion largement majoritaire pour la chirurgicale en ambulatoire,
  • un tiers des naissances,
  • près de la moitié des patients atteints de cancer,
  • plus d’un tiers des soins de suite et réadaptation,
  • et le quart des hospitalisations en psychiatrie.

C’est ce manque de reconnaissance des médecins spécialistes libéraux dit « d’organes » qui pose aujourd’hui problème. L’accroissement constant des fonctions transversales, qui imposent une présence continue des médecins et génèrent une pression permanente sur le corps médical est d’autant plus préjudiciable qu’il n’existe à ce jour aucune ligne budgétaire pour l’ensemble de ces missions, contrairement aux médecins hospitaliers.
Si, à cela, on ajoute la non-revalorisation, depuis 2004, des actes du coût de la pratique, il est facile de comprendre le malaise de toute une profession. Ce malaise, s’il venait à s’accroître, pourrait aller jusqu’à mettre en péril la qualité de la prise en charge des patients.