Le Premier Ministre réévalue la consultation à 370 €

Car c’est bien ce qu’il en coûtera aux malheureux contrôlés par les forces de l’ordre : 25 € de consultation et 345 € d’amende … si toutefois ils arrivent jusqu’au cabinet !

Le Premier Ministre Edouard Philippe l’a dit au 20 h de TF1 le 23/03/20 : 

 Les règles en vigueur pour les déplacements de santé sont aussi durcies. Seulement ’les soins urgents ou les soins qui répondent à la convocation d’un médecin » seront autorisés.

On voit bien que M. Philippe n’a aucun médecin libéral parmi ses conseillers. Cette vision purement technocratique est incompatible avec le maintien d’un état sanitaire correct pour les Français.

Parce que pendant la crise COVID-19, les autres pathologies continuent à exister ; les patients vont continuer à souffrir de diabète, d’HTA, de maladie de Parkinson, de sciatiques, de pathologies infectieuses non-COVID, de coliques néphrétiques, de BPCO, de pathologies psychiatriques, etc…

Il faut toujours surveiller les nourrissons et les personnes âgées.

Certes nos amis pharmaciens ont la possibilité de prolonger (et non pas renouveler, un traitement chronique ne se renouvelle pas, il se réévalue…) les traitement chroniques.

Certes on assiste à une explosion de la télémédecine.

Certes on peut décaler certaines consultations de surveillance.

Mais il faut quand même réévaluer régulièrement les patients, avoir l’avis d’un correspondant spécialiste, réagir à une décompensation cardiaque ou respiratoire (et tout n’est pas COVID, surtout avec le retour de la saison pollinique), régler les problèmes intercurrents, les accidents, vacciner, évaluer.

Tout n’est pas faisable en télémédecine, quand bien même tous les patients et tous les médecins seraient équipés (ce qui est très loin d’être le cas), quand bien même il n’y aurait aucun problème technique (ce qui est très loin d’être le cas), quand bien même il n’y aurait aucun problème de débit et de réseau (ce qui est très loin d’être le cas), on ne peut pas ausculter, mesurer, palper, appuyer « là où ça fait mal », faire des gestes techniques, regarder un pansement de plaie …

Et la vision technocratique de la « convocation » n’est pas applicable en médecine libérale. Surtout du jour au lendemain sans aucune concertation préalable. D’ailleurs le mot « convocation » n’apparaît pas dans le décret mais malheureusement les forces de l’ordre qui ne lisent pas le Journal Officiel l’ont bien entendu et l’appliquent avec zèle. Et la DGS interrogée par nos amis d’Infovac a également répondu qu’il fallait une attestation pour bénéficier de la dérogation.

Les médecins ont fait de gros efforts pour s’organiser :

  • Circuits sécurisés
  • Désinfection
  • Protection si possible
  • Limitation des accompagnants
  • Rendez-vous plutôt que « sans rendez-vous »
  • Renforcement des conseils téléphoniques
  • Coordination renforcée sur le terrrain

Plutôt que de reconnaître l’immense travail accompli (et payé durement par déjà la mort de 4 libéraux), le gouvernement nous poignarde et nous met des bâtons dans les roues !

Pourtant le CNGE et le CMG ont tous les deux dit et redit le rôle fondamental des médecins libéraux et appelé chacun à rester à son poste. M. le Premier Ministre, écoutez donc le terrain, et pas vos conseillers !

Le confinement est utile et indispensable. Le confinement irréfléchi jusqu’au-boutiste est délétère.

Et on se demande où est la logique de permettre aux patients d’aller chercher leur traitement à la pharmacie mais pas de le surveiller chez leur médecin. Alors qu’aller acheter son paquet de cigarettes journalier est parfaitement admis comme échappant au confinement !

Il faudra d’ailleurs quand tout sera fini réfléchir à une meilleure organisation future … et en particulier remettre en question le dogme du « soin non-programmé sans rendez-vous » dont la CNAM et le Ministère sont si friands, alors qu’on voit maintenant à quel point ça peut être dangereux et que les médecins savent parfaitement faire du soins non programmé SUR rendez-vous.