Le foot accélérateur de l’épidémie de Covid-19

La France n’a pas su tirer les leçons de l’exemple Italien

Le 26 février 2020 au soir se tenait au Groupama Stadium de DECINES près de Lyon le match de la Ligue des champions OL /Juventus de Turin. Le matin même j’avais adressé un mail à Olivier VERAN, Ministre de la santé, demandant le report de ce match compte tenu du risque de propagation de l’épidémie de COVID-19 qui sévissait en Lombardie au Nord de l’Italie.

Ceux qui défendaient le maintien du match, avec la venue de 3 000 Tifosi à Lyon argumentaient en précisant que « Turin n’est pas la Lombardie » ce qui est une ânerie pour ceux qui s’intéressent au foot, le club de Turin drainant des supporters dans toute l’Italie voire même au delà !

Exactement 2 semaines plus tard on assistait à une « explosion » des cas de Covid-19 sur le Rhône comme le montre la courbe ci-dessous comparant le nombre de cas recensés sur la région Auvergne Rhône-Alpes au niveau de 3 départements : l’Isère, la Haute Savoie et le Rhône.

Le même scénario s’est déroulé en Italie où le match de Ligue des champions Atalanta / Bergame-Valence une semaine avant, aurait été une « bombe biologique » selon de nombreux médecins italiens :

Le 19 février près de 46 000 spectateurs envahissaient le stade San Siro de Milan (le stade de Bergame n’ayant pas suffisamment de places), alors que le premier décès par Covid-19 était annoncé en Italie seulement deux jours après cette rencontre.
C’est à partir du 4 mars, soit 15 jours après la rencontre, que la courbe du nombre de cas de la ville Lombarde de Bergame a explosé, la ville devenant la plus touchée d’Italie par l’épidémie.

Walter Ricciardi, représentant de l’Italie à l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) déclarait que le match avait été un «  accélérateur de la propagation du virus. » « Je pense que le match du 19 février a joué un rôle important. Un tiers de la population de Bergame s’est concentrée dans un stade et a fait la fête. Ça n’est pas un hasard si Bergame est la zone la plus touchée et ça n’est pas un hasard si les Valenciens qui sont passés de l’Italie à l’Espagne ont fait office de transmetteurs dans leur pays. »

D’après Massimo Galli (maladies infectieuses à l’hôpital Sacco de Milan), « ce match a certainement pu être un important véhicule de contagion. Je pense que l’épidémie avait commencé avant, dans les campagnes, pendant les foires agricoles ou dans les cafés des villages »

Sera Fabiano Di Marco (Service de pneumologie de l’hôpital Jean XXIII de Bergame,), a confié au Corriere della serra, que « malheureusement, ça a été une bombe biologique »

Francesco Le Foche (service d’immunologie à l’hôpital Umberto 1er de Rome) parle de « match-zéro », dans un entretien accordé au Corriere dello Sport : « L’agrégation de milliers de personnes, à deux centimètres les unes des autres, en criant, en s’embrassant, a pu favoriser la propagation du virus. Il y a eu ce soir-là une grande expulsion de particules virales par la bouche ou par le nez. Rétrospectivement, ça a été une folie de jouer ce match en public mais les choses n’étaient pas encore très claires. »

Une semaine plus tard, la France n’a pas su tirer les leçons de l’exemple Italien  ! Imprévoyance, incompétence ou simple vanité, la France étant toujours persuadée qu’elle jouit du meilleur système de santé au monde, oubliant que même le meilleur système de santé peut se voir dépassé en moyens et personnels par un afflux de patients en même temps sur une courte période !

Des mois plus tard un lyonnais témoigne : travaillant en salle dans un « bouchon » lyonnais il a accueilli ce jour là des supporters italiens avant et après le match : témoignage boulevesant que vous pourrez consulter sous le lien.


Dr Marcel GARRIGOU-GARNDCHAMP, Lyon 3è, CELLULE JURIDIQUE FMF