Billet d’humeur

Depuis quelques mois, des propositions de lois pleuvent sur la profession médicale, toutes plus irréalistes et coercitives les unes que les autres.

Les réactions sont nombreuses et variées, tant au niveau des usagers que des médecins, tellement nombreuses, contradictoires, agressives, qu’elles suscitent des émotions parfois négatives, et ça c’est bien dommage !

Si la colère vous gagne devant une tribune parue dans « Le Monde », de spécialistes hospitaliers donneurs de leçons, évoquez tel un mantra apaisant l’effet Dunning Kruger qui prouve que les gens moins qualifiés ont tendance à surestimer leurs connaissances par rapport à leurs pairs (moins on en sait, plus on est péremptoire !)

Si le découragement pointe son nez devant l’interdiction de choisir son futur lieu d’exercice, alors qu’il a été démontré à de nombreuses reprises que cela n’améliorait pas la répartition géographique des soignants, lisez l’article de Frédéric Bizard « Les cinq sophismes de la lutte contre les déserts médicaux ! »

Si l’étonnement vous submerge devant l’article de « Que Choisir », habituellement pourtant neutre et fiable, du 29 avril 2025, dans lequel il est dit suite à la loi dite « Garot » que « le temps des invectives est terminé, place à l’action ! », et qu’il y a eu une « bronca chez les syndicats de médecins libéraux et d’étudiants en médecine, qui ont décrété la grève en guise de rétorsion »… ne résiliez pas votre abonnement ! Ces propos sont co-écrits par des associations de patients en difficulté, ce qui n’excuse rien mais aide à comprendre pourquoi ils sont faux, outranciers et contre productifs…

Si la culpabilité commence sournoisement à s’infiltrer quand on vous assène que vos études ont été payées par l’état et que vous êtes redevables, rappelez-vous que c’est le cas pour toutes les études universitaires, ainsi que le salaire indigne des externes et internes.

Si le doute s’infiltre quand on vous dit sans sourciller que ce métier est un sacerdoce, répétez-vous encore et encore que vous êtres un professionnel hautement qualifié qui aime son métier, qu’il a choisi de faire après un concours et des études difficiles. Pour le sacerdoce chacun peut s’impliquer dans le SAMU social, être médecin dans des missions humanitaires ou toute autre action bénévole, mais dans le quotidien cela reste un travail !

Alors oui il y a un problème dans l’accès aux soins en France, et il faut essayer de le résoudre mais tous ensemble avec des solutions pérennes et partagées.

Et oui la solidarité est un mot magnifique, tant avec les soignants isolés que les patients démunis, mais elle ne pourra s’exercer que de façon concertée et réfléchie, pas à la va-vite avec des solutions bouche-trou et populistes.

Et surtout, si toutes ces émotions vous submergent, ne restez pas seuls, lâchez prise, appliquez à vous-même ce que vous diriez à vos patients, et, si ce n’est déjà fait,  syndiquez-vous !

Sylvie POIRIER,

Médecin généraliste en Loire Atlantique

Présidente de la FMF PDLL