Assistants médicaux : l’envers du décor

La CNAM et le Ministère de la Santé, répondant à une demande forte du Président Emmanuel Macron, poussent très fort pour inciter les médecins libéraux à engager des assistants médicaux, mettant en avant la simplicité de la procédure et le gain de temps.

C’est d’ailleurs un des items phare des négociations conventionnelles actuelles, et le but est d’atteindre 10000 assistants médicaux d’ici la fin 2023, contre moins de 4000 actuellement (et beaucoup moins si on compte en équivalent-temps plein).

On pourrait donc penser que les CPAM seraient localement très facilitatrices.

Et pourtant la CPAM de l’Aisne fait actuellement le tour des médecins ayant pris une assistante médicale il y a trois ans (donc les précurseurs), pour faire les bilans d’activité et de respect des objectifs, et leur annonce qu’ils n’auront plus droit à leurs subventions faute d’avoir augmenté suffisamment leurs patientèles…
Certains envisagent donc licencier ces assistantes médicales au moment même où on nous incite à embaucher en  nombre !
Alors même que ces objectifs font l’objet de renégociations actuellement, pour (dixit la CNAM) plus de lisibilité, plus de simplicité, et pour faire disparaître l’effet d’escalier du dispositif actuel.

D’autres mettent la pression sur les médecins qui ne font pas partie d’une MSP ou n’ont pas adhéré à une CPTS.

Alors certes on pourra (avec raison) objecter que les objectifs d’augmentation de la patientèle étaient connus depuis le début, à la signature du contrat, et que l’obligation d’exercice coordonné était aussi une donnée connue.

Cependant, si on regarde les chiffres du bilan même de la CNAM d’octobre 2022, les résultats « encourageants » mis en avant sont moins de 10% d’augmentation de patientèle sur les 305 contrats étudiés (sur 3600) ayant plus de 30 mois d’ancienneté, contre … 20% en moyenne attendus sur les objectifs de base.

Donc si la moyenne réelle des résultats obtenus est de moins de la moitié de ceux attendus, il est probablement pertinent de se poser la question du réalisme de ces objectifs.

Rappelons simplement à la CPAM 02 que :

  • le COVID est passé par là et a fortement impacté l’activité des cabinets libéraux ;
  • il y a une obligation de formation de plusieurs centaines d’heures pour les assistants médicaux, et qu’un assistant en formation n’est pas disponible pour travailler au cabinet ;
  • et qu’il ne suffit pas d’avoir un assistant pour magiquement diminuer la durée de consultation de 50%.

En fait l’assistant médical apporte surtout une amélioration des conditions de travail et de la qualité de la consultation. Une fois de plus les médecins pensent qualité quand les CPAM pensent quantité.

Quant à l’exercice coordonné, encore faudrait-il qu’il soit possible partout. Là aussi  l’objectif présidentiel de 2000 CPTS couvrant le territoire à la fin 2022 est loin d’être réalisé.

Alors pourquoi cette dichotomie entre l’affichage de la CNAM et la réalité des CPAM ? Il faut espérer que ce ne soit qu’un excès de zèle de certaines CPAM et que des instructions claires seront données pour mettre ces procédures en suspens, au moins jusqu’à la fin 2023, pour prendre en compte les résultats des négociations conventionnelles.

Comme souvent, la balle est dans le camp de la CNAM.