Rosuvastatine et ézétimibe : la caisse joue l’intimidation

Ne vous laissez pas intimider !

Par décision du 24 juin 2014 , le collège des directeurs de l’Union des caisses d’assurance maladie (Uncam) a subordonné la prise en charge de la rosuvastatine (CRESTOR®) et de l’ézétimibe (EZETROL®) à l’accord préalable du service médical de l’Assurance Maladie. La demande d’accord préalable est obligatoire pour tous les traitements initiés à compter du 1er novembre 2014. Par conséquent, les patients qui ont déjà bénéficié de rosuvastatine ou d’ézétimibe au cours des six mois précédant cette date ne sont pas concernés par la demande. Vous pouvez poursuivre leur traitement sans établir de demande d’accord préalable.

Cette formulation ne doit pas satisfaire les caisses pour réduire les prescriptions, puisque de nombreux praticiens libéraux ont reçu la lettre suivante, les accusant de ne pas respecter la réglementation :

alors même qu’ils n’ont pas initié de traitement, ce qui ressemble furieusement à de l’intimidation ! Notez d’ailleurs que la lettre ne fournit pas la liste des patients pour lesquels le praticien est censé être en faute. Alors que faire si vous recevez le même lettre ? Si vous avez effectivement initié des traitements sans faire de demande d’accord préalable, faites profil bas et mettez-vous en règle. Sinon, vous pouvez, suivant votre degré d’énervement : – faire du classement vertical et faire le mort – renvoyer une demande polie d’explications en demandant la liste exacte des prescriptions qu’on vous reproche : ça occupera sainement le contrôle médical ! – menacer la caisse de plainte pour harcèlement (si vous êtes parfaitement sûr de vous évidemment) Dans tous les cas, quand un de vos patients ressort de l’hôpital avec une prescription de rosuvastatine ou d’ézétimibe, faites une copie de l’ordonnance et gardez-la soigneusement dans vos dossiers : cela vous permettra de renvoyer le contrôle médical s’occuper de l’hôpital, ce qui sera très amusant. Une consœur de Saône-et-Loire a demandé conseil au CDO, qui estime qu’il s’agit d’une attitude agressive et conseille de remplir une déclaration d’incident. N’hésitez pas à en faire autant le cas échéant. ——— Modèle de lettre pour ceux qui veulent en découdre (Merci à Christophe THIBAULT) Date Monsieur le directeur, Monsieur le médecin conseil copies -au conseil départemental de l’ordre des médecins -à la FMF/ cellule juridique (10 boulevard des frères Vigouroux 92140 Clamart ) (ou à un autre syndicat!) Messieurs (identifier les noms des signataires du courrier qui vous a été envoyé) Par votre courrier du date, vous m’informez que j’aurais prescrit deux molécules (ezetimibe et rosuvastatine) sans avoir respecté l’accord préalable du contrôle médical mis en place depuis le 1er novembre 2014. Je n’ai pas souvenir de l’avoir fait, et les requêtes informatiques faites sur mon logiciel de gestion de patients ne montrent pas de nouvelles prescriptions ne respectant pas cette règle. Aussi, je vous serais reconnaissant de me faire parvenir, afin de vérifier l’absence éventuelle d’erreur de ma part ou de la vôtre, la liste complète des patients concernés, les dates des ordonnances, et la copie de celles-ci. Je vous remercie aussi de vérifier que, dans l’année qui précède, cette molécule n’a pas été prescrite par un autre médecin, un médecin hospitalier, et que le ou les patients concernés n’ont pas déménagé ou changé de médecin traitant. Je vous remercie aussi de vérifier qu’une ordonnance d’un demi comprimé par jour pendant trois mois n’a pas entraîné de la part du pharmacien la délivrance d’une boîte de 90 comprimés, ce qui correspondrait donc à un renouvellement de prescription tous les six mois au lieu d’une prescription tous les trois mois. Dans l’éventualité où vous ne trouveriez pas de prescription inadéquate de ma part je vous remercie de m’en faire parvenir le constat écrit, et, sans excuses de votre part, je pourrais considérer qu’il s’agit là d’une manœuvre de harcèlement qui vous exposerait à des actions contentieuses Salutations Signature