Un syndicat médical polycatégoriel en exercice libéral regroupe des professionnels issus de différentes spécialités, ce qui lui permet de porter une vision transversale et cohérente des enjeux de santé. Contrairement à un syndicat monocatégoriel, qui tend à défendre avant tout les intérêts de sa propre catégorie, le polycatégoriel permet de dépasser les logiques de cloisonnement pour construire un discours commun, représentatif de la diversité réelle du corps médical.
Chez les spécialistes, cette question est particulièrement sensible. En apparence, un syndicat de spécialistes pourrait sembler homogène. Mais en réalité, le monde des spécialités est profondément hétérogène : entre un chirurgien, un psychiatre, un biologiste médical ou un médecin radiologue, les modes d’exercice, les attentes et les contraintes sont radicalement différents. Penser qu’un syndicat monocatégoriel des spécialistes peut répondre équitablement à toutes ces réalités relève d’une illusion.
En pratique, ce type de structure se focalise souvent sur les spécialités les plus visibles ou les plus influentes, au détriment des autres. Cela entraîne une représentation déséquilibrée et une forme d’exclusion des spécialités moins « rentables » ou médiatisées. De plus, cette fragmentation affaiblit la voix collective face aux tutelles, divise les professionnels et ralentit les réformes nécessaires.
À l’inverse, un syndicat polycatégoriel valorise la complémentarité entre spécialités. Il favorise le dialogue, construit des compromis et s’attache à défendre une vision d’ensemble du soin, dans l’intérêt des praticiens comme des patients. Il est aussi mieux armé pour porter une parole forte, légitime et structurée face aux pouvoirs publics.
Dans un système de santé en mutation, où la coopération est essentielle, mais les intérêts sont pluriels, seule l’union dans la diversité permettra aux médecins libéraux de peser réellement sur les décisions à venir, en toute indépendance et avec clarté.