
Quotas... quoti... cotons !
Publié le 25 août 2019, par Marc BARTHEZ
Cela rappelle la fameuse « discrimination positive » et c’est tout aussi pervers.
Cela part déjà d’une affirmation contestable : « On ne fait bien que ce que l’on fait souvent », ce qui laisse entendre que les interventions rarement pratiquées sont toujours mal faites, et que les interventions souvent pratiquées, le sont toujours dans les règles de l’art. Si l’on pousse le raisonnement un peu plus loin, cela veut dire qu’on ne sait pas soigner correctement les maladies rares : « Circulez, il n’y a rien à voir ».
De cette affirmation tenue pour vraie, on en tire le corollaire : « Si l’on ne veut plus d’interventions mal faites, il suffit d’en interdire la pratique à ceux qui les font rarement, et de ne les autoriser qu’à ceux qui les font souvent. » (CQFD)
D’où la méthode des quotas.
Le conseil national de la Chirurgie demande donc avec insistance aux instances de notre spécialité de fixer des « actes traceurs » et des « quotas », sans nous dire vraiment ce qu’ils vont en faire.
On voit bien l’avantage de la méthode : plus besoin d’un médecin pour juger si tel ou tel est compétent, il suffit d’une secrétaire qui compte le nombre « d’actes traceurs » : Si le praticien a atteint son « quota » il est considéré comme compétent et a le droit de continuer à faire cet acte. S’il n’a pas atteint son « quota » il est réputé dangereux, et donc éliminé d’office sans autre forme de procès.
Non seulement un tel procédé vise à concentrer certaines activités sur certains centres et à préserver les "chasses gardées", ce qui en soi peut déjà paraître contestable dans une société de libre entreprise et de libre concurrence ; mais surtout, cela risque de conduire à une inflation des actes aux indications "limite" pour ne pas dire "foireuses" dans le seul but d’atteindre les fameux quotas.
Après la médecine « tiroir caisse » voici donc la médecine « quotas » !
- Ce n’est pas parce qu’on fait beaucoup qu’on le fait bien.
- Ce n’est pas parce qu’on en fait peu qu’on le fait moins bien.
Et lorsqu’on jouit d’une clientèle « captive », on n’est pas très enclin à se perfectionner pour faire face à la concurrence, puisqu’elle n’existe pas. Et comme le recrutement assure le nombre, il devient facile d’être le meilleur.
Que dire également des jeunes, qui sortent de leur clinicat avec un niveau de technicité sans doute bien supérieur à beaucoup d’entre nous, même "d’expérience". Ils ont le regard vif et le geste sûr, mais on leur interdira la chirurgie faute de quota, tandis que l’on continuera à nous autoriser d’opérer alors que notre vue baisse et que nos mains tremblent ! L’important n’est pas de savoir faire, mais d’être en position de faire ! L’important n’est pas que le patient soit bien soigné, mais qu’il ait la conviction de l’avoir bien été !
Sans parler que ce système donne de plus une prime à l’incompétence : Plus j’opère mal les oreilles et plus je les reprends. Et plus je les reprends, plus j’en rajoute au compteur.
J’atteindrai facilement mes quotas, je serai donc reconnu comme meilleur, et avec un peu de chance, je serai même promu comme expert ! Loin de s’inscrire dans une démarche qualité, cette méthode des quotas encourage la médiocrité.
« On n’est pas là pour faire des courses de vitesse, on n’est pas là pour établir des records, on est là pour soigner des gens, si possible correctement. » disait un de mes Maîtres grenoblois.
Et puis pourquoi seulement la chirurgie, pourquoi pas également la médecine ? Quel quota pour les vertiges ? Les rhinites ? Les surdités ? Les gratouillis de fond de gorge ?
Ne cautionnons pas une nouvelle usine à gaz qui ne vise qu’à maintenir un certain recrutement et à l’interdire à d’autres, injustement réputés incompétents. Ce n’est pas le rôle d’un syndicat. On ne juge pas de la compétence sur le nombre d’actes pratiqués. Et ce n’est pas du rôle d’un syndicat que de juger de la compétence de ses mandants.
« Lorsque le médecin était ignorant et régulièrement impuissant face à la maladie, il était respecté. Maintenant qu’il est devenu savant et de plus en plus régulièrement efficace, il est suspecté. »
Dr Marc Barthez - ORL - Chambéry
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