Le monde de la santé souffre aussi bien en libéral qu’en hospitalier.
Je n’analyserai pas la souffrance hospitalière et ses possibles remèdes.
Dans le secteur libéral nous subissons deux chocs : le premier démographique avec une diminution régulière du nombre de médecins libéraux, et peu de spécialités ne sont pas concernées, le deuxième est une crise organisationnelle. Les médecins libéraux ont peu de personnel salarié en général, sont submergés par des tâches non médicales en constante augmentation, et doivent faire face à des pathologies chroniques complexes et chronophages.
Si la première crise relève du ministère et reste très politique, la deuxième peut se jouer dans notre camp d’une manière assez concrète et rapidement.
Les CPTS sont là pour nous aider à résoudre notre organisation qui doit changer face à ses modifications sociétales
Plusieurs objectifs peuvent être proposés à ces CPTS :
– Répondre aux demandes de soins non programmés : des systèmes comme « Entr’ Actes » ont fait la preuve de leur efficacité dans ce domaine. Les services d’ urgence ne doivent plus être la seule solution à cette demande de soins non programmés. Pour cela, si nous devons répondre à ces consultations, nous devons mieux nous organiser entre nous. Si je ne peux répondre à une demande d’un patient, il y a un autre médecin qui prend le relais.
– Améliorer la coordination pluri-professionnelle par une meilleure connaissance des acteurs et le rôle de chacun. Nous travaillons quotidiennement avec des infirmières, kinésithérapeutes, pharmaciens. Mais comment travaillons-nous ? Posons-nous la question avec nos partenaires.
– Avoir un système d’information partagé fiable et pratique : le WhatsApp sécurisé est possible.
– Développer le parcours de soins coordonné tel que nous le voyons. Arrêtons de nous faire imposer une coordination hospitalo-centrée. L’avis des médecins traitants et libéraux en général est peu écouté et entendu.
– Avoir un poids politique avec l’ARS et les centres hospitaliers sur la manière de soigner nos patients sur notre territoire. Une CPTS avec 80 professionnels de santé aura une écoute bien meilleure par rapport au seul médecin que je suis.
– La liste n’est pas exhaustive.
Evidemment c’est un changement de culture et il y a du travail pour créer ce type de structure. De plus le corps médical libéral reste très individualiste ce qui ne favorise pas ce type de système. Mais avons-nous le choix actuellement ? Les jeunes médecins qui ne demandent qu’à venir en libéral seront attirés par cette nouvelle organisation et réfutent totalement l’ancien système, ils veulent tous travailler en cabinet de groupe et en pluri-professionnel.
Avec qui allons-nous créer ces structures ? Les URPS ont des moyens financiers importants et l’aide à la création des CPTS doit être leur mission.
Si rien ne se fait dans ce domaine, je suis persuadé que nous perdrons beaucoup, à commencer par la liberté d’installation. Prouvons que nous pouvons être efficients à un coût économique acceptable pour notre système de santé.
BGay Aude.
Elu FMF URPS, Installé médecin généraliste libéral depuis 1991.