Chers
amis,
- Je commencerai ce dernier
Point Hebdo de l’année 2015 par une
actualité qui a fait le « buzz » cette semaine : la
mise en place du site « deuxième
avis« . De quoi s’agit-il ? D’un site
créé par des jeunes sortant de HEC, sur lequel les
patients peuvent demander un avis spécialisé en ligne.
Pour la modique somme de 295 euros : 120 euros pour le
médecin répondeur, et 175 euros pour le fonctionnement
de la structure. Quand on creuse un peu, de nombreuses
questions surgissent. A ce tarif-là, on peut penser
que les patients interrogeront pour des pathologies
graves, donc ayant déjà bénéficié d’un 2ème avis après
celui du médecin traitant. Quel est donc l’avis qui
leur a paru tellement négligeable qu’ils ne l’ont même
pas comptabilisé ? Celui du généraliste traitant ou
celui du spécialiste de 2ème recours ? Ensuite, la
liste des médecins experts inclus dans le dispositif
sont tous des hospitaliers, et tous sauf 1, d’hôpitaux
parisiens. N’existe t’il donc pas de médecins
compétents en France hors CHU parisiens ? Enfin, sur
la composition du comité de pilotage. On a la surprise
d’y trouver Pierre-Louis Druais, président du Collège
de Médecine Générale, et, tout aussi surprenant,
Claire Rambaud, présidente du CISS (Collecif
Interassociatif Sur la Santé). Celle-là même qui, en
2010, déclarait que « les complémentaires
remettent en cause la notion même de solidarité », et
qui, maintenant,
appelle à ce que cet avis soit pris en charge par ces
complémentaires. Bonjour la médecine à 2 vitesses,
entre les patients avec une complémenatire et les
autres ; surtout qu’à ces tarifs, on peut gager que
seules les sur-complémentaires abonderont, et que les
montants des primes vont s’envoler (il faut bien payer
les 175 euros de frais de structure, malgré l’absence
de locaux et de personnel). Nous, petits manants
médecins de proximité (toutes spécialités confondues),
nous
retiendrons surtout qu’il semble logique à la
société de facturer 120 euros pour un avis d’expert.
C’est une bonne base de négociation sur nos
honoraires.
- Ca tombe bien, les
négociations conventionnelles vont bientôt
commencer, et comme je vous l’avais dit, pour
la 1ère fois, les syndicats se réunissent en amont
afin d’arriver avec des revendications communes.
Une première réunion a eu lieu mercredi 16 décembre,
plus une autre spécifique ce jour sur le régime de
retraite ASV. Ces deux rendez-vous ont été
constructifs, mettant en évidence de nombreux points
convergents. La FMF, qui oeuvre sans relâche pour
cette union syndicale, voit enfin ses efforts
récompensés, et peut espérer une prochaine Convention
plus favorable aux médecins libéraux.
- L’autre nouvelle de la
semaine a été la parution
des résultats
de la grande consultation du Conseil de
l’Ordre (CNOM). 36 000 médecins et 4 000
usagers de soins, ont répondu. Excusez du peu ! Du
côté des médecins, on retiendra qu’ils continuent à
aimer leur métier et leurs patients, malgré une nette
dégradation de leurs conditions de travail. Côté
patients, 95% sont contents de la relation avec leurs
médecins, et 86% de la qualité des soins. S’ils
renoncent parfois aux soins c’est surtout à cause des
délais de RDV, bien avant les problèmes financiers. Et
pour eux, les priorités portent sur la lutte contre
les inégalités de santé, la coopération entre médecins
(et avec les autres professionnels), l’allègement des
charges administratives pour plus de temps médical, et
enfin, l’indépendance de notre exercice. Là aussi, des
arguments pour les négociations à venir.
- Je l’ai gardé pour la fin,
mais ne pouvais l’occulter totalement : la
Loi Santé a été définitivement adoptée le jeudi 17
décembre, par quelques députés. Outre le
tiers-payant obligatoire (pour les ALD en juillet
2016, pour les autres, possible en janvier 2017, et
obligatoire en décembre 2017), cette loi instaure
également un N° unique pour la Permanence Des Soins
(PDS), le médecin traitant pour les enfants, la
relance du Dossier Médical Partagé (DMP) par
l’Assurance-Maladie, l’autorisation pour les
sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses, la
possibilité de prescrire de l’activité physique pour
les patients en ALD, et les « class action » dans le
domaine de la santé (regroupement de victimes pour une
plainte commune, comme pour le Benfluorex, par
exemple). Elle supprime le délai de réflexion de 7
jours pour les IVG. Et entérine la réforme du DPC
(Développement Professionnel Continu). Retrouvez le
détail
ici.
La loi a été votée le 17 décembre ; dès le 18, les
premiers décrets arrivaient pour avis chez les
syndicats. On voit que tout était orchestré d’avance !
L’affrontement va être difficile à éviter.
- Avant de vous quitter, je
vous rappelle que vous devez proposer
une complémentaire de santé à vos éventuels employés
au 1er janvier 2016. Comme toujours, notre
ami Richard Talbot vous a concocté sur le site de la
FMF une belle
synthèse sur cette obligation. A ce sujet, la
FMF vous recommande de vous renseigner auprès de La Médecine
Libre (LML), mutuelle indépendante
créée par des médecins pour les professionnels de
santé, avec des frais de gestion affichés et réduits
au minimum, afin d’utiliser les primes pour rembourser
au mieux les patients et valoriser les actes médicaux.
La FMF, séduite par cet esprit d’indépendance,
soutient cette initiative depuis le début, mais je
précise qu’elle n’y a aucun lien d’intérêt.
Je vous souhaite à tous de
très belles fêtes de fin d’année. Profitez de ces moments
pour retrouver vos proches, parfois un peu oubliés au
milieu de nos tourments, mais toujours là pour nous
soutenir. Merci à tous nos conjoints, enfants, parents ;
nous savons que vivre avec un médecin libéral
n’est pas facile.
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