Chers amis,
La principale actualité sur notre exercice professionnel tourne toujours autour des négociations conventionnelles avec l’Assurance Maladie. Actuellement le Directeur Nicolas Revel est en phase de rencontres bilatérales avec tous les syndicats. Ce qui ne fait pas beaucoup avancer les choses, car le discours tenu est : « le gouvernement a décidé le virage ambulatoire, mais n’a pas un centime à verser pour mener à bien cette politique ». Même le passage du C/Cs à 25 euros, qui semblait acquis pour tout le monde, paraît mal engagé. Pourtant M. Revel, nous les médecins libéraux, ça nous parle, le virage ambulatoire ! Les cinq syndicats se sont de nouveau réunis le 12 mai, pour établir une plate-forme commune de propositions, concrètes, claires, faciles à appliquer rapidement pour peu qu’on en ait l’envie : 1) un forfait structure conséquent, nous permettant l’embauche de personnel administratif 2) une CCAM clinique (Classification Commune des Actes Médicaux) digne de ce nom, qui reconnaisse les consultations longues et complexes qui sont notre lot quotidien maintenant 3) une majoration sur les soins non programmés (qui évitent les passages aux urgences à 250 euros) 4) de même un coefficient qui valorise la chirurgie ambulatoire 5) l’abolition de tous les secteurs de facturation (S1, S2, CAS) pour un secteur unique avec possibilité d’ajustement d’honoraires pour tous lorsque les tarifs opposables sont manifestement indigents. Voilà, c’est simple, c’est ambulatoire, c’est libéral, et c’est auto-financé par les économies réalisées sur les activités hospitalières qui n’ont pas lieu d’y être.
Force de proposition, les libéraux le sont encore lorsqu’ils développent leur messagerie sécurisée Apicrypt. Créée voici 10 ans, par les médecins, pour les médecins, elle est largement utilisée pour communiquer entre médecins et avec les laboratoires de biologie. De nombreux hôpitaux l’ont également adoptée pour sa souplesse et son coût modique. \ »Trop simple, répond le gouvernement ; nous allons développer notre usine à gaz telle que nous les aimons, via l’ASIP (vous savez, l’Agence destinée à créer le Dossier Médical Partagé, depuis … 2004). Elle s’appellera MSS Santé\ ». Qui, soit dit en passant, n’a plus l’agrément CNIL depuis 2015. Alors vous aussi, montrez votre détermination à conserver les données de santé hors des circuits purement commerçants, et au minimum signez la pétition lancée hier pour soutenir Apicrypt. Et pour ceux qui ont des liens avec leurs hôpitaux de secteur, parlez d’Apicrypt et proposez aux services informatiques de se mettre en contact avec les représentants Apicem. La FMF a largement promu les installations territoriales, comme à la Martinique, en Normandie, en Ile-de-France, aujourd’hui bien équipées, et actuellement à la Réunion où de très nombreux médecins sont en cours de formation.
Face à ces ambitieuses propositions, que propose le gouvernement ? Un contrat individuel avec chaque médecin pour l’inciter à promouvoir le dépistage du cancer colo-rectal. Enfin, quand je dis « inciter », c’est un bien grand mot. Jugez donc : il lui sera demandé de se former au dépistage, de proposer le test, d’informer le patient de l’intérêt et des limites de ce test, de la conduite à tenir en cas de positivité, et, cerise sur le gâteau de s’assurer que le patient a bien réalisé et envoyé son test. Pour tout cela, il sera royalement rémunéré 60 euros pour 30 tests réalisés. Deux euros le test ! Le pourboire qu’on laisse habituellement chez le coiffeur. Vous avez dit insultant ? Même les médias grand public commencent à se rendre compte de l’imposture des Caisses / gouvernement, comme par exemple avec le Contrat d’Accès aux Soins (CAS) instauré par l’avenant 8 (que la FMF a refusé de signer).
Alors réagissons ! Sur tous les fronts. Tarifons des DE larga manu (je vous rappelle que n’importe quelle complémentaires de santé qui se respecte rembourse au moins 28 euros une consultation), refusons d’appliquer le tiers-payant pour tous les patients en ALD dès juillet prochain, même si ça vous paraît simple car payé uniquement par la CPAM, signons la pétition Apicrypt et développons notre messagerie sur notre territoire. Nous sommes en position de force, car la société a besoin de nous. Et pour une fois, les syndicats parlent d’une seule voix ; il faut que la base suive, et même les dépasse !
Le mot de la fin sera pour le décret paru le 13 mai, détaillant les procédures de sanction en cas de non mise aux normes handicapés des cabinets médicaux (et autres établissements). La Préfecture aura mission d’envoyer un courrier recommandé pour demander des justifications. Le médecin incriminé aura un mois pour répondre : soit il envoie les documents justificatifs (attestation de cabinet aux normes ou dérogation essentiellement), soit il s’engage à déposer un Agenda d’Accessibilité Programmée (Ad’AP) dans les six mois. Sinon, 1 500 euros d’amende. Pour une 1ère fois …
Je vous souhaite un très bonne semaine.