Chers
amis,
- Les
vacances sont là pour beaucoup, mais
les médecins libéraux sont très occupés à confectionner
slogans et banderoles, en vue de la
grande manifestation du 15 mars. Initiée par
les internes, reprise aussitôt par les syndicats de
médecins libéraux, rejoints par les Coordinations (j’en
profite pour vous en signaler une nouvelle, dans le 65),
ainsi que par de nombreux patients, cette manifestation
s’annonce chaude et animée ! Rendez-vous à 13H place
Denfert-Rochereau à Paris 14ème,
départ du défilé à 14H, arrivée devant le Ministère
de la Santé avenue Duquesne dans le 7ème
arrondissement, dispersion prévue vers 16H30.
Pour
nos amis de la Réunion qui ne vont pas venir à Paris,
un rassemblement
aura lieu à 10H le dimanche matin 15 mars,
devant la Préfecture de Saint-Denis de la Réunion.
- Même
le syndicat des remplaçants et jeunes installés,
REAGJIR, qui avait encensé le tiers-payant, a fait
savoir qu’il serait présent le 15 mars. Et qu’en fait de
tiers-payant, il y était favorable, à condition qu’il ne
soit ni généralisé ni payable directement par les
complémentaires. Un tiers-payant social en quelque
sorte. Exactement ce que demande la FMF : la possibilité
de le pratiquer, pour les patients qui en ont besoin, et
seulement eux. Et sans obligation, pour ne pas être
pieds et poings liés avec les payeurs, que ce soit
l’Assurance Maladie ou les complémentaires. Une solution
pourrait venir de la carte monétique proposée par une
banque (en l’occurrence le Crédit Mutuel) : le
médecin télétransmet à la banque,
celle-ci s’engage à le payer dans les 5 jours, et elle
fait son affaire de se faire rembourser par les
assureurs.
- Le
tiers-payant généralisé cristallise l’opposition de
l’ensemble des médecins libéraux. Mais
n’oublions pas que la loi Santé telle que prévue,
comporte bien d’autres points à refuser en bloc :
parcours de soins centré sur l’hôpital, délégations de
compétences sans concertation, protocolisations à tout
va, soumission des cliniques privées, … Les groupes de
travail pour la réécriture de loi poursuivent leurs
propositions, mais semblent bien peu écoutés de la part
du gouvernement, malgré l’annonce de notre Président
François Hollande, de reprendre le dossier en main. La
seule chose obtenue est le 2ème
report de la loi, prévue maintenant pour arriver à
l’Assemblée Nationale à partir du 15 mars.
C’est dire s’il
faut continuer à mettre la pression : grève de la
télétransmission, pétitions, grève des gardes.
Vous êtes nombreux à agir sur le terrain si j’en crois
les nombreux retours, ne restez pas isolés dans le
doute. La mobilisation continue d’être forte. Exemple :
2 manifestations dans le Centre jeudi 18, avec à chaque
fois plus de 150 médecins présents malgré le froid et
une faible démographie locale.
- Les
revendications tarifaires ne sont pas au premier plan,
mais elles existent évidemment. D’autant que
tous les acteurs, y compris les institutions,
s’accordent à dire que les tarifs autorisés ne sont pas
compatibles avec un exercice de qualité. Cette fois,
c’est la Mutualité qui a estimé à 14% le besoin
vital de financement pour ses centres de santé
médicaux (contre 6% pour les centres infirmiers et
dentaires). Elle propose un forfait pour la coordination
et l’accompagnement des actions de santé publique. La FMF
ne peut que souscrire à cette demande, rappelant que
la coordination et la santé publique ne sont pas
l’apanage des centres de santé. Profitons de la
mobilisation exceptionnelle des médecins pour remettre à
plat le système de rémunération des médecins libéraux.
Vous avez compris qu’il ne s’agit pas seulement d’exiger
les 2 euros de majoration clinique !
Pendant ce temps, que font les Caisses ? Elles vous
préparent un nouveau formulaire
de « soins et traitements », à remplir par le
médecin traitant et valider par le Médecin-Conseil.
Serait-ce pour évincer les ALD non exonérantes,
concernant normalement toute pathologie avec soins >
6 mois, et rémunérées 1,5 Cs par protocole rempli ?
Pourtant, peu de médecins utilisent ce dispositif. En
tout cas, on est content de savoir que l’argent des
assurés sert à payer l’élaboration de ce nouveau
formulaire plutôt qu’à rémunérer les professionnels de
santé…
Et pendant ce temps, que font les ARS (Agences
Régionales de Santé) ? Elles envoient des courriers
aux généralistes, comme en PACA, les exhortant à
ne plus adresser de patients aux urgences que si
nécessaire (c’est vrai que ces idiots de médecins ont
l’habitude d’adresser les patients, juste pour
s’amuser), et leur conseillant de prescrire de
l’Olseltamivir chez les patients fragiles. Alors que ce
produit a clairement montré son inefficacité et sa
toxicité. Et si elles se recentraient sur l’organisation
des soins plutôt que de faire de la médecine ?
Bon allez, je vais tout de même terminer par une note
positive. Je vous avais dit qu’une concertation était en
cours, entre les professionnels de santé et la DGOS
(Direction Générale de l’Offre de Soins), pour la
réforme du DPC (Développement Professionel
Continu). Et bien contre toute attente, le projet final,
présenté jeudi 18, a pris en compte les propositions des
professionnels. En quelques mots, pour les médecins : le
DPC concerne l’ensemble de la formation, avec ou sans
évaluation des pratiques ; seules les orientations
prioritaires seraient indemnisées par les fonds publics
(Etat et Assurance-Maladie), dans une enveloppe dédiée ;
les autres seront prises en charge par le FAF (pour les
libéraux, et par les employeurs pour les salariés) ;
surtout, ce sont les professionnels qui reprennent la
main, pour fixer les orientations prioritaires, définir
les critères d’agrément des formations et des
organismes, et participer à la gestion de ce nouveau
DPC. Avec un système beaucoup plus souple, où tout ne
sera pas fixé d’emblée par décrets. Maintenant, il reste
à faire valider ce projet par notre Ministre MariSol
Touraine, et à le mettre en texte législatif. Et pour
les syndicats, à négocier avec la Sécu le montant de
l’enveloppe dédiée, sachant que l’indemnisation de notre
formation est une contrepartie de nos honoraires
indécents. Mais comme quoi, lorsqu’il y a volonté de
collaborer, des projets utiles et cohérents peuvent voir
le jour.
Je vous souhaite une très bonne semaine.
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