Point-hebdo FMF du 21-04-2025

Chers amis,

Ce Point Hebdo pourrait s’intituler « Mieux vaut en rire qu’en pleurer ». Ou plus vindicatif : fourbissez vos armes !

Il va évidemment se centrer sur la Proposition de Loi dite PPL Garot. Je vous rappelle qu’à ce jour seul l‘article 1 a été voté à l’Assemblée Nationale, qui valide l’interdiction de s’installer dans les villes déjà correctement pourvues en médecins. Au lieu de comprendre comment des villes comme Limoges, Dunkerque, ou Brest, ont fait pour attirer et garder leurs médecins libéraux, on va leur interdire de nouvelles recrues.

Mais la suite reste à venir pour un nouvel examen le 6 mai. D’abord le vote de l’article 4 de cette PPL, qui oblige tout médecin à reprendre les gardes. Plus des amendements déposés entre temps par nos chers députés. Et là, on assiste à un festival. C’est à qui rivalisera d’absurdité. Nous avons retenu les deux meilleurs :

L’amendement N°16 qui vise purement et simplement à supprimer le Médecin Traitant. Bon sang mais c’est bien-sûr, pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt ?! Quel est le problème : les patients n’arrivent pas avoir un médecin traitant ? Eh bien c’est simple, supprimons-le. Alors, comment vous expliquer Mesdames et Messieurs les députés ? Les patients ne demandent pas d’avoir une croix dans la case « médecin traitant », ils demandent à pouvoir être soignés lorsqu’ils en ont besoin. Supprimer la notion de médecin traitant n’augmentera pas l’offre de soins, c’est de cela dont il s’agit. Au contraire, avoir un médecin traitant offre la garantie pour les 85% de la population qui en sont pourvus, de recevoir les soins appropriés dans des délais raisonnables.

L’amendement 37 voudrait interdire de vendre son autorisation d’exercer. C’est écrit ainsi, mais pourrons-nous continuer à monnayer la présentation du nouveau-venu à notre patientèle ? Tant qu’on y est, pourquoi pas interdiction de revendre ses locaux professionnels ? Certes, ils ont compris que la « régulation » des infirmiers et des kinés, qu’on nous vante tant, n’avait pas fonctionné parce que les intéressés avaient vendu leurs cabinets ou embauché des collaborateurs. Mais est-il raisonnable pour autant de proposer des mesures parfaitement illégales ? Bon, il parait que 60% des propositions de Loi sont anti-constitutionnelles, cela laisse songeur sur le professionnalisme de nos représentants politiques.

Heureusement le vaillant chevalier Garot a LA solution : les Centres de Santé. Aux côtés de la Présidente du Conseil régional Occitanie, il a réussi à vanter les 100 médecins de ces Centres de santé de la région, qui ont quand-même effectué 300 000 consultations depuis 2022. Soit 1000 actes annuels (soit 4 actes par jour en moyenne) … alors que la moyenne nationale est à 5 000 ! On se demande sur quelle planète vivent ces gens-là.

Mais il n’y a pas que la Loi Garot. En embuscade se tient aussi un Projet de Loi portée par le sénateur Mouiller. A peine moins coercitive et toute aussi irréaliste et inutile. Qui sera aussi, hasard du calendrier?, examinée au Sénat le 6 mai. Il ne s’agit plus d’interdire les installations mais d’obliger à avoir un cabinet secondaire lorsqu’on est installé dans une commune non prioritaire. Qui paiera ces cabinets secondaires, et les équipements très onéreux pour nombre de spécialités ? Qui assurera la continuité des soins lorsque nous serons absents de notre cabinet principal (surtout quand la suite de la Loi Garot veut aussi interdire les remplacements au long cours)? Quelle qualité de soins lorsque les patients vont devoir consulter des médecins toujours différents ? Pas sûr qu’ils aient réfléchi à toutes ces questions. Et au final, effectuer ces déplacements sera encore du temps médical en moins. Ah j’oubliais, le sénateur propose aussi d’instaurer un « Office national d’évaluation » pour effectuer les zonages. M. Garot lui, voudrait un autre indicateur appelé « ITOS ». Je rappelle que l’IRDES présentait encore un autre zonage, basé sur l’ensemble des professionnels de 1er recours. Bref, chacun y va de sa petite idée. L’objectif étant sans doute qu’il y ait moins de rouge sur les cartes, parce que ça fait tâche.

Alors oui, nous devons réagir ! Expliquer à nos patients, la population, les médias, qu’interdire de s’installer autre part ne fera pas venir des médecins dans leur commune. Que devoir annuler une journée de consultations pour compenser une nuit de garde n’est pas rentable en terme de nombre de patients vus. Qu’obliger et interdire tout le temps n’est pas propice à des solutions souples et adaptées aux différents territoires. Que les médecins ne sont pas des irresponsables, qu’ils vivent aussi les conséquences de la pénurie et font de leur mieux pour y remédier.

Pour cela, la FMF vous appelle à

  • FERMER LES CABINETS A PARTIR DU 28 AVRIL
  • VENIR MANIFESTER A PARIS OU DANS LES PRINCIPALES VILLES LE 29 AVRIL
  • CESSER NOTRE PARTICIPATION A LA PDSA A PARTIR DU 28 AVRIL

Ce sont des actions intersyndicales. Tous les syndicats d’externes, d’internes, de médecins libéraux, SOS-Médecins, les Collectifs MPD et Comeli, sont unis pour réclamer le retrait des articles 1 et 4 de la PPL Garot, et l’écoute des médecins qui ont aussi des propositions pour améliorer l’accès aux soins médicaux. Désespérer les médecins n’est pas la solution !

Comme d’habitude notre ami Richard Talbot nous explique le cadre réglementaire des grèves et réquisitions. Pour les remplaçants le syndicat des jeunes généralistes et remplacants ReAGJIR a ajouté une mention spécifique.

Allez, je termine par une petite note d’espoir. Certains députés essayent malgré tout de nous aider, en déposant une PPL sur les certificats absurdes. Cela ne changera pas tout, mais peut contribuer à faire comprendre à la société que les médecins sont là pour prendre soin de la population, et non pour distribuer des certificats à tout va afin de décharger d’autres personnes de leurs responsabilités.

RDV à Paris le mardi 29 avril à 14H au Panthéon ! Ou dans vos villes respectives.