Chers amis,
Nous partîmes 6 000 et par un prompt renfort nous arrivâmes 12 000 au Panthéon. Vous reconnaissez là notre belle manifestation de mardi dernier 14 février. Tout le monde était présent : les Coordonnés Médecins pour Demain en premier lieu, initiateurs de notre révolte, mais aussi tous les syndicats libéraux de médecins qui ont parlé d’une seule voix, mais aussi le Collège de Médecine Générale, mais aussi le Conseil de l’Ordre, et même les hospitaliers ! Il faut dire que le gouvernement n’a pas lésiné sur les sujets de contestation, chacun avait sa revendication : qui une vraie tarification de consultation aux normes européennes (50 euros), qui le refus des exigences du Contrat d’Engagement Territorial (CET), qui l’abandon de la loi Rist sur les consultations directes par des infirmiers ou kinés. Mais au bout du compte, la seule chose que nous demandons tous est de pouvoir exercer une médecine digne d’un pays européen en 2023 !
On pourrait penser qu’un tel mouvement de colère de médecins habituellement enclins à rester en retrait ferait au moins réfléchir en face. Eh bien non ! Les sénateurs ont voté la loi Rist, la Caisse continue à nous imposer son CET, et ses consultations à 26,50 euros. Oh bien-sûr, des virgules ont été changées, les sénateurs ont limité à 5 le nombre de séances auto-prescrites par les kinés, le CET ne comporte plus que 3 carrés au lieu de 4, et quelques rares consultations seront tarifées 60 euros (1ère consultation d’un patient en ALD, 1 consultation annuelle pour les patients de +80 ans en ALD, vous voyez le genre). Mais l’accès direct aux para-médicaux est là, il y a toujours 4 cases à cocher dans le CET, et la consultation reste à 26,50 euros pour qui ne veut/peut pas s’engager à augmenter significativement sa patientèle, à faire des gardes, travailler le samedi, ou aller en zones hypersinistrées (ZIP). C’est ce que nous expliquent nos représentants présents vendredi aux «réunions bilatérales » censées aboutir à une Convention avant le 28 février. Obliger, interdire, cocher des cases, le vocabulaire semble se réduire au fur-et-à-mesure qu’on grimpe dans les échelons de la hiérarchie politique. Ah non, j’oubliais Mme Firmin-Le Bodo (Ministre déléguée à l’organisation territoriale des professions de santé) qui a enrichi le lexique par ses menaces lors d’une interview : Et si, au moment de la convention, cet engagement gagnant-gagnant n’est pas accepté par les médecins, je ne sais plus quels arguments je pourrais opposer aux parlementaires face aux propositions de toutes formes de régulation, d’obligation, de coercition. « Régulation, obligation, coercition », des fois qu’on n’aurait pas compris avec un seul mot. Alors on vous explique Mme Firmin-Le Bodo. Les médecins ont sacrifié leur jeunesse à faire des études longues et pénibles, ils sont en contact quotidien avec la maladie, la mort, la peur de l’erreur, l’angoisse de la population, la pauvreté, si on doit avoir peur de quelque chose ce ne sera pas des propos d’un quelconque politique qui sera peut-être éjecté demain et dira exactement le contraire dans 3 mois.
La FMF, soucieuse de protéger les médecins, estime que nous avons le droit de vivre de notre métier sans forcément y passer nos jours et nos nuits, ce qui mettrait en danger patients et médecins, comme nous l’exprime notre Président de la branche généraliste Frédéric Villeneuve. Elle refuse de conditionner de meilleurs tarifs avec encore plus de travail.
Et puisqu’on en arrive là, il faut même envisager un déconventionnement massif. Quelles en seraient les conséquences ? Richard Talbot nous l’explique clairement. En attendant, demandez à votre CPAM la procédure à suivre. Même si vous la connaissez, envoyez ce courrier, il est bon que la Caisse sache à quoi on pense le matin en se rasant …
A très bientôt et passez une belle semaine ! On tient bon !