Chers amis,
Les semaines se suivent et parfois se ressemblent. Les négociations conventionnelles se poursuivent, avec tous les syndicats, qui continuent à parler à l’unisson. Certes le représentant du SML avait quitté la table la semaine précédente, mais y est revenu mercredi. La FMF quant à elle, a décidé de continuer à s’y rendre, afin de défendre coûte que coûte la profession malgré les ridicules marges de manœuvre que nous laisse le Directeur de l’Assurance Maladie Nicolas Revel. La dernière séance du 08 juin nous a laissés sur notre faim. Pour rester positif, on note que la CNAM accepte la notion de 4 niveaux de consultations : simple, avec coordination, approfondies, particulièrement complexes, ainsi que des majorations pour les consultations non programmées, et pour certaines consultations de psychiatrie. Les choses se gâtent lorsqu’on aborde les rémunérations : + 15 euros pour un correspondant qui reçoit en 48H un patient à la demande du médecin traitant, mais seulement +3 euros pour ce dernier qui a accepté le patient en urgence. La FMF se réjouit du coup de pouce aux spécialistes, qui en ont bien besoin (surtout les spécialités cliniques), mais ressent comme une injure les 3 euros accordés lorsqu’on a bousculé son emploi du temps pour répondre à une demande urgente. Quant aux chiffres sur les 4 niveaux, rien n’a été annoncé, ni le contenu des ces consultations, ni la rallonge prévue. Mais lorsqu’on voit que M. Revel considère comme normal de facturer +3 euros pour une consultation intempestive, on peut légitimement être inquiet sur les rémunérations envisagées.
En revanche, la FMF boycotte les réunions du Comité de Pilotage (CP) sur la mise en route du tiers-payant généralisé. Attitude partagée par tous les syndicats … sauf un. MG-France a décidé de participer à ce CP, « pour voir ». Quel intérêt de perdre son temps à « voir » lorsqu’on s’oppose de toute façon au concept même du dispositif ? Première réunion prévue le 15 juin. Il est probable que les autres syndicats réunis feront une conférence de presse à ce sujet ce jour-là, pour marteler encore et toujours qu’on ne veut pas du tiers-payant généralisé.
Loin de la métropole mais si proche temporellement, et véritable enjeu de la Loi santé, Orange et Capgémini, avec la bénédiction de l’ARS, poursuivent à la Réunion le développement des « plate-formes d’appui », destinées à recueillir les données de santé de ville à améliorer la coordination entre les professionnels de santé. Je vous rappelle qu’il s’agit d’un site hébergé, sur lequel seront stockés tous les documents des patients. Hébergé par quel opérateur ?, je vous laisse deviner. Vous pouvez regarder cette belle présentation, mais allez surtout voir le schéma p.34, qui résume parfaitement le dispositif : au centre, le coordinateur (pour le moment un infirmier, mais il est envisagé un ordinateur surpuissant), le patient dans le 1er cercle, et tout à la périphérie, le médecin traitant. Le pauvre pivot du système de santé a tellement pivoté qu’il n’a pas résisté à la force centrifuge ! Comment faire pour conserver notre outil de travail qu’est la mémoire de nos dossiers ? Agir sur la messagerie sécurisée, sans laquelle rien ne pourra se faire. Le gouvernement tente d’imposer de force MSSanté, issue de l’ASIP (organisme ô combien talentueux qui devait produire le Dossier Médical Partagé), encore en phase quasi expérimentale, alors que la système Apicrypt est utilisé depuis des années par les médecins libéraux. Mais voilà, Apicrypt a l’énorme handicap d’être souple, réactif, et peu cher. Et accessoirement d’être organisé par les médecins libéraux.
Le Conseil de l’Ordre vient de publier l’Atlas 2016 de la démographie médicale. Sans surprise, on y constate que la désertification médicale libérale s’accroît. Et pas seulement dans les campagnes puisque le département des Yvelines a perdu 24% de ses généralistes depuis 2007. En revanche, les départements de Basse-Normandie, où l’URML (Union Régionale des Médecins Libéraux), dirigée par la FMF, a fait un énorme travail d’attractivité, gagnent des médecins. Preuve que le déclin n’est pas inéluctable si les pouvoirs publics se donnent la peine d’écouter les médecins de terrain.
Dans la rubrique simplification administrative, voici deux décrets modifiant les règles de prescriptions des perfusions et des prothèses mammaires. A vous couper l’envie de vous occuper de patients lourds à domicile. A noter que nos experts de la cellule juridique FMF signalent que les formulaires cités ne sont pas des imprimés CERFA. Ils ne sont donc pas opposables.
Et une petite dernière insulte pour la route, la CPAM 78 appelle en ce moment les médecins pour leur proposer un entretien avec une infirmière qui viendra leur expliquer les règles de bonne pratique concernant la prescription de PSA ! Ça en dit long sur la place du médecin libéral dans la hiérarchie des soignants version CPAM !
Je vous souhaite malgré tout une très bonne semaine. Et gardez confiance. L’Union Syndicale, obtenue grâce à la FMF, peut porter ses fruits.