Point-hebdo FMF du 10-12-2017

  • Vous avez aimé la saga Lévothyrox ? Vous allez adorer le feuilleton « Forfait structure ». L’année 2017 va se terminer sur un imbroglio administratif, dont la France a le secret. Je résume : une prime de 1225 euros doit être versée à chaque médecin en juin 2018, à condition qu’en 2017,
    1.  il ait télétransmis > 2/3 feuilles de soins avec un logiciel version 1.4 
    2.  il ait utilisé une messagerie sécurisée (dont Apicrypt)
    3.  il ait un logiciel certifié LAP (Logiciel d’Aide à la Prescription)
    4.  il ait affiché ses horaires
    5.  ET il ait un logiciel compatible DMP (Dossier Médical Partagé). C’est là que ça se gâte, car peu de logiciels remplissent ce dernier critère.
  • L’alternative est de créer soi-même un DMP (en pratique le sien propre), ce qui donnera la satisfaction à nos institutionnels d’afficher d’un coup + 100 000 dossiers créés. « Vous voyez que ça marche, le DMP ! ». La Caisse patauge un peu, et nous laisse finalement jusqu’au 31 janvier 2018 pour déclarer. Elle s’est aussi engagée à publier le 15 décembre, la liste des logiciels compatibles. Mais attention, même les éditeurs validés demandent à acheter un composant spécifique. Qui ne servira qu’à remplir le critère, à moins qu’emporté par votre élan, vous ayez décidé de renseigner le fabuleux DMP. DMP en plein essor paraît-il, depuis que l’Assurance Maladie s’en occupe. Effectivement, les CPAM ouvrent elles-mêmes des dossiers, en n’y incorporant que ce qu’elles connaissent : l’historique des remboursements, sans aucun tri ni lisibilité. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Bon, ne soyons pas mauvaise langue, ça ne fait jamais que dix-sept ans, que des centaines de têtes bien pensantes travaillent dessus … Le conseil de la FMF : il est urgent d’attendre, ne vous précipitez pas à acheter quoi que ce soit tant qu’on n’a pas plus de visibilité.
  • L’autre « affaire » est la compensation de la hausse de CSG. Vous le savez sans doute, les cotisations sociales vont disparaître au profit de la CSG. Cela a été acté par le vote définitif de la Loi de Finances de la Sécurité Sociale (LFSS) pour 2018. Problème pour les médecins secteur 1 : les cotisations URSSAF sont prises en charge en partie mais pas la CSG. Le Directeur de l’Assurance Maladie Nicolas Revel nous a bien proposé un plan alambiqué, où globalement, les médecins trouveront leur compte. Sauf qu’il y aura des gagnants et des perdants. Inacceptable pour la FMF qui a refusé de signer : AUCUN médecin ne doit perdre 1 centime dans cette affaire, ou le socle conventionnel vole en éclat. A suivre … Cette même Loi signe par ailleurs la fin du RSI, qui entre au Régime Général. Pour 2018, il ne s’agira que d’un transfert de gestion, les prestations et les cotisations resteront à l’identique.
  • Un arrêté qui peut vous concerner est celui du 15 novembre sur le zonage des territoires en terme de densité médicale. Le critère composite final est le nombre de consultations par habitant et par an. La moyenne est de 3,8. En-dessous de 2,5, c’est une zone sous-dotée. Entre 2,5 et 4, d’autres critères sont à observer : le nombre de patients en ALD, le nombre de médecins en secteur 1, le nombre d’hospitalisations évitables (sic). Au-dessus de 4, la zone est bien pourvue, sauf si l’ARS (Agence Régionale de Santé) en décide autrement. Le nombre de zones prioritaires devrait ainsi passer de 7 à 15%, ce qui est encore loin de refléter la réalité. Les régions qui comportent le plus de zones pénuriques sont les DOM, puis le Centre, puis l’Ile-de-France. A ce propos, à noter une excellente répartie de notre Ministre Agnès Buzyn à l’Assemblée Nationale, répondant à une énième demande de conventionnement sélectif pour les médecins. Elle a regardé les députés et a demandé : « quel député ici considère qu’il y a trop de médecins dans sa circonscription ? ». Pas un doigt ne s’est levé. CQFD.
  • Je terminerai par une étude internationale sur la « société numérique ». La France y est reconnue comme ayant de très bonnes compétences techniques et intellectuelles, mais de mauvaises infrastructures, et surtout une ergonomie désastreuse des services administratifs. Ce qui fait qu’au bout du compte, les services numériques sont peu utilisés par rapport aux autres pays européens. Quand on vous dit que l’administration française tue la créativité et la compétence !

Je vous souhaite une belle semaine.