Chers amis,
Calme apparent depuis deux semaines, car la Convention est signée, mais pas encore parue au J.O. (prévu fin octobre). Mais ne vous y fiez pas, des dispositifs importants sont en train de se mettre en place, et nous devons rester extrêmement vigilants.
Les PTA d’abord (Plates-formes Territoriales d’Appui). Je vous en parle souvent, mais c’est l’un des deux points qui va sans doute modifier le plus notre exercice dans les 5 ans à venir. Elles sont destinées à venir en aide au médecin (surtout traitant) pour gérer les situations complexes, comme nous l’annonce le site du gouvernement. Très bien. Sauf que la HAS (Haute Autorité de Santé) vient de sortir une recommandation sur une PTA spécifique, le Retour Rapide (ou Accéléré) Après Chirurgie (RRAC ou RAAC, au choix), dans laquelle on ne retrouve curieusement pas trace du médecin traitant dans la liste des professionnels concernés. La HAS explique pourquoi un peu plus loin : « le médecin traitant n’est pas impliqué dans les soins post-chirurgicaux » !! Bah voyons ! C’est toute la logique institutionnelle française qui s’applique : « on voit que les médecins libéraux ont des soucis, puisque personne ne s’installe. On va leur apporter des solutions, sans avoir la moindre idée de leurs besoins, ni de comment ils travaillent ». Alors invitez-vous aux réunions dès la conception de tels projets sur vos territoires si vous en avez connaissance et faites entendre votre vision de libéral. Les ARS (Agences Régionales de Santé) ne nous sont pas toujours hostiles ; simplement elles ignorent tout de notre monde.
Si vous avez lu attentivement le document ministériel cité ci-dessus, vous avez vu que 2,4 milliards d’euros devraient être débloqués pour les PTA, dirigés essentiellement vers l’interface ville-hôpital, c’est-à-dire la messagerie sécurisée, censée être opérationnelle dès janvier 2017. Là aussi, attention ! Les libéraux sont massivement équipés de la messagerie Apicrypt, souple, fonctionnelle depuis plus de 12 ans, évolutive, avec 50 000 utilisateurs, et des millions de données échangées chaque année. En un clic, vous incorporez les comptes-rendus et résultats d’examens dans votre dossier médical. Mais bien entendu, le gouvernement a préféré la messagerie MSSanté, le « machin » de l’ASIP, pour équiper les hôpitaux. Pour rappel, l’ASIP, c’est l’organisme officiel qui travaille depuis 2004 pour nous fournir le Dossier Médical Partagé (DMP) … Il vous faudra alors vous connecter au serveur, importer les données, et là, aucune interface prévue avec nos logiciels-métiers. Ca en dit long sur la volonté de coopérer avec les libéraux. Ne vous laissez pas imposer MSSanté, et exigez de vos hôpitaux qu’ils mettent en place un espace d’échanges (un « proxy »), sur lequel vous pourrez connecter Apicrypt et conserver vos fonctionnalités actuelles. Ceux qui souhaitent des explications claires et pratiques sur le sujet peuvent cliquer ici.
Sur la nouvelle Convention, le Conseil de l’Ordre a émis son avis. Comme la FMF, il souligne que cette Convention ne répond pas au besoin de réforme structurante, et augmente les charges administratives, tout en reconnaissant certaines avancées. On l’attendait au tournant de la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique), il botte en touche : il n’y voit pas de problème, du moment qu’elle « ne dispense pas des obligations déontologiques » ; il met juste en garde contre le risque d’exclure les patients qui ne rentreraient pas dans le moule. A la sortie de son AG le week-end dernier, la FMF a été plus incisive, et bien qu’ayant signé la Convention, elle rappelle son hostilité au principe même de la ROSP, justement parce que cette rémunération sélectionne les patients « rentables » et entrave notre liberté de prescription.
L’info pratique de la semaine concerne le courrier reçu de nombreuses CPAM, nous demandant d’établir un certificat pour les séjours hors domicile lors des arrêts de travail. Or il est stipulé que nous devons certifier le lieu et les dates de séjours des patients, ce que nous ne pouvons évidemment pas faire, ne l’ayant pas nous-mêmes constaté. Cette exigence est encore un abus de pouvoir des Caisses, auquel nous ne devons pas nous soumettre, car elle n’a aucun fondement juridique comme nous l’explique notre M. Règlement de la FMF, Richard Talbot.
Je finirai par une précision qui m’a été remontée après mon dernier Point Hebdo : le N° d’appel de la Caisse, spécifique pour les difficultés rencontrées avec les tiers-payants : 0 811 50 50 50, est un numéro surtaxé. Et par des excuses auprès du syndicat MG-France, que j’ai traité de « docile ». Il est vrai qu’ils ont été les premiers à lancer le mot d’ordre Cs à 25 euros, et de toute façon, il n’est pas dans les habitudes de la FMF de taper sur les collègues. Diviser la profession est toujours délétère. Mes excuses pour cet adjectif malheureux, je ne recommencerai plus, c’est promis.
Je vous souhaite une belle semaine.