Chers amis,
Je pensais mon Point Hebdo du 25 juin le dernier pour l’été, mais la dernière semaine de juin fut riche en décrets, arrêtés, et autres décisions juridiques.
Les seuls arrêtés avec une incidence concrète sont ceux du 24 juin concernant le dispositif de recours aux psychologues. Je ne sais plus comment l’appeler, tant il a changé de noms en moins d’un an : Monpsy, Mon parcours psy, Mon Soutien Psy, et maintenant « prise en charge des séances d’accompagnement réalisées par un psychologue ». C’est plus explicite mais un tantinet plus long à dire ou écrire. Le 1er arrêté définit le cadre du conventionnement par le psychologue, et surtout supprime la nécessité d’adressage par un médecin. C’est au patient de savoir si sa pathologie relève d’un état anxieux ou dépressif léger à modéré, ou s’il présente une maladie plus grave. On note aussi que le patient ne doit pas être traité par anti-dépresseur depuis plus de 6 mois (auparavant c’était pendant plus de 3 mois). Cela peut s’expliquer par le fait qu’un patient sous antidépresseur prolongé est sans doute porteur d’une dépression sévère, mais d’un autre côté c’est souvent à ce moment-là qu’il devient plus réceptif à une psychothérapie. Mais je m’égare, je raisonne là en tant que médecin … Le 2ème arrêté fixe le tarif de la séance qui est passé, excusez du peu, de 30 à 50 euros. En revanche, il existe un gros doute sur le nombre de séances prises en charge : le site Ameli affiche 12 séances, mais l’arrêté se réfère au nombre de séances indiqué dans un précédent texte, qui était de 8 séances.
Côté infirmier, le décret sur l’infirmier référent est paru le 27 juin. Attention, pas le décret sur les prérogatives des Infirmiers de Pratique Avancée (IPA), qui se fait attendre malgré les fortes pressions de nos amis infirmiers. Non, là il s’agit juste d’autoriser les patients à déclarer un infirmier référent à la Caisse. Quel avantage ? Aucun. Quel problème s’il ne le fait pas ? Aucun non plus. Sans doute un texte en prévision de quelque nouvelle mesure inconnue à ce jour …
Et ce même jour est paru un décret sur un accès direct aux kinés dans le cadre d’accords dans les CPTS. Mais il ne s’agit que d’une expérimentation limitée à quelques départements, et le souci, c’est que la liste de ces départements ne figure pas dans le texte. Donc là aussi un décret dénué d’effets.
Bref vous l’avez compris, tout le monde souhaite pouvoir accueillir les patients sans diagnostic médical. Curieusement il n’y a que les médecins à s’en émouvoir. Alors que les principales victimes en seront les patients traités sans fondement médical, et aussi lesdits professionnels qui n’auront pas le filtre de l’adressage médical. Ils ne se rendent probablement pas compte des dangers et des difficultés auxquels ils s’exposent eux-mêmes. Comment leur dire que si un médecin a besoin de 10 années d’études, ce n’est pas parce qu’il est particulièrement stupide, mais parce que la médecine est complexe et qu’il est difficile de passer de la science à l’art.
Je termine par une décision du Conseil d’Etat qui va en décevoir plus d’un : il a rejeté le 26 juin le recours contre le remboursement du DIPA à la Caisse, auquel s’était associée la FMF. Nos 2 arguments étaient que les règles du « jeu » n’ont été annoncées que fin 2020 alors qu’il fallait demander les aides dès juin 2020, et que la Caisse a pris en compte les forfaits dans les revenus 2020 mais pas dans les revenus 2019 ce qui a forcément fait baisser le différentiel entre les 2 années. Le Conseil d’Etat s’est justifié par l’annonce dès le départ que les sommes versées étaient provisoires et pouvaient être soumises à remboursement, et qu’elles n’étaient pas destinées à conserver un certain revenu mais à compenser des charges. Toutes les Caisses vont donc pouvoir maintenant exiger les remboursements des DIPA pour les médecins l’ayant contesté par voie juridique (pour les autres, le remboursement a déjà été effectué).
Je vous souhaite un bel été avec de bons moments loin de ces turpitudes.