Point-hebdo FMF du 01-04-2018

Chers amis,

Gardez l’humeur joyeuse, et dîtes-vous que tout ce que je vais écrire pourrait être considéré comme un poisson d’avril. Le temps d’une journée.

Une séance de négociation a eu lieu mercredi à la CNAM, sur le tiers-payant. On aurait pu croire que la cause était entendue, le gouvernement étant bien au courant : les médecins libéraux ne veulent pas de tiers-payant obligatoire, surtout pas avec les complémentaires de santé. Mais non, Mme Buzyn persiste et signe : elle veut atteindre en 2020 la quasi totalité (98%) de tiers-payant pour les patients ALD-mater-ACS (Aide Complémentaire Santé). Et pire, elle veut l’étendre au plus vite pour les étudiants, en EHPAD hors ALD, et dans les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP), c’est-à-dire avec un double flux : à l’Assurance Maladie et aux Complémentaires, sachant qu’on n’a pas de garantie de paiement avec ces dernières. Pourquoi les MSP ? Eh bien, parce qu’elles reçoivent des subventions, et qu’il est donc facile de leur imposer des contraintes supplémentaires. Le bon côté des choses, c’est que les syndicats médicaux sont de nouveau unis pour refuser de négocier quoi que ce soit sur ces bases.

Les réunions sur la télémédecine se poursuivent également. Pas de gros changement, la CNAM continue à vouloir cadrer, encadrer, recadrer, ayant toujours peur d’une fantasmatique envolée des dépenses. Elle n’a toujours pas compris que les médecins libéraux sont à flux tellement tendus que les téléconsultations ne viendront pas en plus, mais à la place, des consultations présentielles actuelles. Il est donc prévu un nombre maxi de téléconsultations par an, sur des patients bien précis (ALD), dans un cadre restrictif (EHPAD). Pendant ce temps, des sociétés commerciales lancent des forfaits « téléconsultations illimitées » pour toute la famille. A lire, une réflexion intéressante sur le sujet.

Avril, c’est le mois de la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique). Mais attention, cette année, elle ne paiera pas vos impôts. D’une part parce qu’une portion sera payée en juin sous forme de « forfait-structure » (maxi 1725 euros). Mais surtout parce que les indicateurs se sont beaucoup durcis (pour les généralistes). Nous ne toucherons probablement que la moitié de 2017, a calculé notre expert Richard Talbot.

Cela était tellement prévisible qu’une clause de sauvegarde
a été signée dans la Convention (Art. 27.4) : si la ROSP baisse de plus de 10% en 2018, un complément sera versé par les Caisses. Au moins, ça a le mérite d’être clair : la ROSP n’a rien à voir avec la qualité des soins, c’est une prime d’ajustement. On se rappellera les feu indicateurs de « maîtrise médicalisée » des années 1995, qui ne servaient en réalité qu’à tenter de contenir des comptes volages. C’est peut-être le moment de faire le bilan de la Convention, comme nous le propose, toujours lui, notre ami Richard Talbot.

Des sous, des sous, des sous, c’est de toute façon le leitmotiv des Caisses, qui continuent à poursuivre de plus belle les médecins soi-disant gros prescripteurs d’arrêts de travail. Fortes de l’exorbitante impunité que leur a octroyée l’avant-dernier gouvernement, certaines ne se sentent plus de limites. Telle la Caisse du Vaucluse (84), qui a produit des documents avec des dates incohérentes, pouvant laisser supposer que certains sont antidatés. S’agissant d’un médecin soutenu par la FMF, nous allons porter plainte contre son Directeur, car nous ne pouvons passer sous silence de tels procédés. Je vous le redis, si vous êtes poursuivis par votre CPAM, ou si l’un de vos confrères l’est, ne restez pas seuls, et contactez notre cellule juridique. Et dans tous les cas REFUSEZ LA MISE SOUS OBJECTIFS (MSO) que veut absolument vous imposer la caisse.

Pour finir, nous vous rappelons que nos déclarations de revenus à l’URSSAF et la CARMF doivent maintenant se faire en ligne, sur le site « NetEntreprises ». Avec l’ergonomie que l’on connaît sur les sites d’état …

Allez, on dirait que tout ceci est une grosse farce. Que les médecins libraux sont libres de leurs prescriptions, de leurs honoraires, de leur organisation de travail. On peut bien rêver quelques heures.

Je vous souhaite de belles fêtes de Pâques.