Liberté, j’écris ton APL*

L’article 1 de la proposition de loi Garot vient d’être adopté. Dans l’hémicycle, des visages réjouis. Dans nos cabinets, un goût amer.

Une loi qui, sous couvert d’équité territoriale, s’attaque à l’une des dernières libertés fondamentales de notre exercice : la liberté d’installation.

Ils applaudissent l’entrave. Ils célèbrent la contrainte. Ils votent avec enthousiasme ce que même l’honnêteté intellectuelle devrait leur interdire : un dispositif qui ne créera aucun médecin, mais dissuadera encore un peu plus les jeunes de s’installer.

Non, ce n’est pas une victoire de la solidarité. C’est l’aveu d’un échec politique.

L’échec de ceux qui, depuis vingt ans, ont rationné les formations, asphyxié les conditions d’exercice, abandonné les territoires… et qui aujourd’hui, désignent les médecins comme responsables de leur propre désastre.

Alors que des milliers de médecins tiennent encore debout un système à bout de souffle, malgré la fatigue, les menaces, les suicides, les agressions, alors que les jeunes confrères hésitent à choisir ce métier tant il est devenu hostile, voilà que le législateur, une fois de plus, préfère désigner un coupable plutôt que chercher une solution.

Ce texte est un signal. Et il est glaçant.

Il dit à la jeune génération : « Vous ne serez pas libres. »

Il dit aux patients : « Votre médecin sera là… si l’algorithme l’autorise. »

Il dit aux territoires : « Ce n’est pas à vous de décider ce dont vous avez besoin. »

Cette loi, c’est l’aveu de leur échec, camouflé derrière une fausse fermeté. Cette loi n’est pas un tournant : elle est un point de rupture.

Et cette rupture, ils en porteront l’entière responsabilité. Car il ne s’agit plus ici d’un désaccord technique, ni même d’un débat sur la répartition des moyens. Il s’agit d’un choix politique clair : celui de gouverner par la contrainte, contre ceux qui tiennent encore debout.

Nous resterons debout, unis, déterminés à défendre notre métier et ceux qui veulent encore l’exercer avec sens, engagement et liberté.

Nous défendrons la médecine libérale, celle qui soigne partout — parce qu’elle est libre.
Et nous rappellerons que sans liberté, il n’y aura bientôt plus de médecins à installer nulle part.

Nous ne sommes pas le problème. Et nous refusons d’en devenir la victime.

* APL : Accessibilité Potentielle Localisée