Le ministre me force à l’action

Incorrigible optimiste, je pensais qu’après deux jours de grève le Ministre entendrait ce qui se passait en bas de son ministère : pour la première fois depuis des années, une majorité de cabinets fermés deux jours entiers, des médecins libéraux jeunes, motivés, passionnés par leur métier, ayant juste envie d’exercer au mieux de leur immense compétence.

Le Ministre est venu nous parler de nos devoirs et de nos droits. Visiblement, il n’a pas idée de ce que sont nos devoirs, assumés au quotidien, avec une dose d’abnégation qu’il refuse de voir.

Ces gens-là ne comprennent que le rapport de force, c’est désolant, mais c’est comme cela. Alors, avons-nous d’autre choix que de durcir le mouvement ? hélas non. Fermer les cabinets une semaine, c’est un déchirement pour tout généraliste. Ceux qui ont programmé des vacances ont le sentiment de laisser tomber les collègues. Ceux qui avaient prévu de consulter pensent aux patients.

Si la gravité de la situation n’atteint pas les oreilles du Ministre, alors nous n’aurons plus à penser à ces patients, puisque la médecine générale aura disparu.

Parce que l’enjeu est là, face à des responsables sourds et muets, dont la seule innovation proposée est la consultation à trois niveaux, nous n’avons pas d’autre solution que de déranger les patients, de risquer de surcharger les urgences, de reporter des soins programmés.

Nous allons avoir droit à la « grève Mégève », à la « grève des confiseurs », à la « grève des nantis ». Peut-être, mais nous avons vu que les médias avaient souvent pris conscience de nos difficultés et que les patients souhaitent aussi que les conditions de travail s’améliorent.

Le C à 50 euros est une revendication certes simple, mais que penser de l’absence de proposition chiffrée pour la convention à venir ?

Médecins pour Demain nous a montré la voie : on peut croire à une mobilisation longue et dure parce que nous le valons bien. Les syndicats suivent, et c’est tant mieux.

Les responsables politiques nous poussent au désespoir, ce n’est ni juste ni responsable de leur part. Il nous faut maintenant assumer la légitimité de notre mouvement. Plus il y aura de cabinet fermés et plus notre profession sera reconnue en 2023.