Point-hebdo FMF du 21-12-2020

Chers amis,

Nous aurions pu croire, bercés de paroles lénifiantes et d’applaudissements, recevoir le respect de nos dirigeants au moins pour 2020. Que nenni, c’était trop demander. Le décret du 27 novembre vient de nous rappeler que pour « ces gens-là », les médecins ne sont que des délinquants en puissance. Il instaure en effet la possibilité pour les Caisses qui s’estiment elles-mêmes victimes d’un préjudice grave, de déconventionner les médecins libéraux sans autre forme de procès. Ah si, le médecin a quand-même 8 jours pour répondre (sachant que curieusement une frénésie s’empare des CPAM pour notifier les poursuites durant les vacances scolaires). Ne croyez pas que le préjudice « grave » ne concerne que les autres. D’abord c’est la CPAM qui décide ce qui est grave ou pas. Et surtout elle remonte à tous nos actes effectués depuis 3 ans. Si vous avez mal coté un acte, de façon répétée durant 3 ans, les montants considérés comme « indus » peuvent vite monter. Encore plus s’il s’agit de prescriptions d’actes chers comme l’oxygénothérapie ou des actes chirurgicaux. La cellule juridique de la FMF est amenée régulièrement à défendre des confrères de toute bonne foi, qui sont sommés de rembourser plusieurs dizaines de milliers d’euros. Pourtant il existe dans la Convention un arsenal déjà conséquent de procédures possibles, comme nous le rappelle Richard Talbot. N’ont-ils donc rien d’autre à faire en ce moment au gouvernement, que de réfléchir aux sanctions des médecins ?!

Délinquants d’un côté, bons à tout faire de l’autre. Un accord vient d’être signé entre le Patronat et les syndicats de salariés sur la surveillance par les médecins du travail. Constatant là aussi les conséquences délétères des mauvaises conditions de travail sur la démographie médicale, ils ont décidé d’un commun accord, mais sans en référer aux principaux intéressés, que le suivi professionnel pourrait être confié aux médecins traitants. Volontaires et formés, bien-entendu. C’est insulter les médecins du travail qui doivent suivre 4 années de spécialisation, et méconnaître l’exercice du médecin traitant. Comment délivrer une aptitude de conduite d’engins à un patient que l’on sait buveur excessif par exemple ? Et franchement, quel médecin a encore du temps disponible pour recevoir tous ses patients salariés pour une visite approfondie bisannuelle ? Rien n’est dit sur la rémunération, mais certaines mauvaises langues à la FMF prédisent qu’elle sera bien en-dessous des 80 euros que payent actuellement les employeurs. Voyons, pourquoi toujours penser à mal ? Pour le moment il ne s’agit que d’un accord ; le passage à l’Assemblée Nationale est prévu pour février.

Vous savez que la transparence et l’indépendance sont les valeurs phares de la FMF. C’est pourquoi elle s’est associée à la pétition lancée auprès du Sénat pour créer une commission d’enquête sur l’hébergement des données de santé françaises. Celles-ci sont en effet maintenant centralisées, dans le Health Data Hub, rassemblant notamment des résumés de sortie hospitaliers (PMSI), l’énorme base de données de l’Assurance-Maladie, et d’autres acteurs. Et devinez où est hébergée cette volumineuse banque de données ? Chez Microsoft ! C’est-à-dire un organisme qui refuse de reconnaître le RGPD (Règlement Général de Protection des Données) chargé de protéger (un peu) les données personnelles. Si vous aussi êtes soucieux de préserver les données intimes de vos patients (et les vôtres), signez cette pétition à titre personnel. Si vous ne voulez pas signer les yeux fermés, et vous avez raison, regardez ce qu’est le Health Data Hub (avec toute la pub qui va avec …) et ce qu’en dit la CNIL.

Enfin, une nouvelle passée un peu inaperçue : l’Assurance-Maladie rembourse désormais le Gardasil 9 (désolée pour le nom de marque, mais seul celui-ci est concerné) pour la vaccination anti-HPV de tous les garçons de 11 à 19 ans, selon le même schéma que leurs homologues féminines. L’extension du remboursement se fait jusqu’à 26 ans pour les Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes (HSH), ce qui pose, reconnaissons-le, un problème éthique de divulgation des pratiques sexuelles de nos patients. Et dont on ne comprend pas forcément l’argument scientifique, puisque que le vaccin doit être administré au plus tard la première année suivant les premières relations. Les HSH commenceraient-ils leur activité sexuelle plus tardivement que les autres ?

J’espère que ces infos, pas forcément très réjouissantes, ne vous empêcheront pas de goûter les bons moments en famille que nous permettent les fêtes de Noël. Elles auront une saveur particulière cette année 2020, mais sachons les apprécier. Il n’y a pas que les virus et la médecine dans la vie.