Médecins et tests antigéniques : le désamour!

Les tests antigéniques n’ont pas changé fondamentalement la pratique des médecins libéraux.

Ils avaient pourtant tout pour séduire (d’après la CNAM…) : faciles, rapides, et bien payés.

Alors qu’est-ce qui coince ?

La FMF UG a sollicité les médecins à ce sujet lors de son dernier Zapping. Les résultats sont sans équivoque :

Plus d’un tiers n’a pas réussi à s’en procurer !

Plus de la moitié n’a fait aucun test, 11% seulement en ont fait plus de 10 !


Et cerise sur le gâteau, moins de 30% à réussi à les déclarer sur SI-DEP !

Et même 25 % ne connaît même pas l’existence du service. Et seulement 15% n’ont pas eu de difficulté.

C’est donc la conjonction :

  • D’une absence d’opportunité  : les tests antigéniques, annoncés à grand renfort de publicité, ont été très vite en rupture de stock. Pourtant on a vu fleurir un peu partout en France des barnums de « drives COVID » pour lesquels les indications (il est vrai très fluctuantes) n’ont pas toujours été respectées. Mais les tests n’ont pas trouvé le chemin des cabinets médicaux.
  • D’une grande complexité finalement : il faut s’équiper pour tester, avoir si possible un local dédié, faire attendre le patient avant de lui donner le résultat, déclarer sur SI-DEP (tous les tests) et ContactCovid (les tests positifs). C’est très difficile dans les petites structures, d’autant que les patients « cibles » n’arrivent pas groupés, mais au cours de la consultation. Et la cotation nécessite les déclarations pour être validée.
  • D’un outil de déclaration totalement inadapté : SI-DEP n’a fait l’objet d’aucune adaptation ou presque pour l’arrivée des tests antigéniques.
    • L’outil n’est pas connu.
    • Le portail est difficile à trouver. Et pourtant la CNAM l’a mis en lien depuis quelques jours sur EspacePro.
    • Il est difficile de se connecter : chez moi Safari tourne en boucle sur l’identification de ma CPS et FireFox n’est pas reconnu. Seul GoogleChrome trouve grâce à ses yeux.
    • On a l’impression à lire la page d’accueil que seule la e-CPS fonctionne (ce qui est inexact). Mais la création d’une e-CPS n’est pas un chemin de roses. Pour moi qui suis équipé d’une CPS depuis plus de 20 ans, c’est impossible, parce que l’ASIP (pas futéee non plus) s’obstine à m’envoyer le SMS de validation sur … le numéro fixe du cabinet qui figure dans mon dossier.
    • SI-DEP qui nécessite la lecture de la CPS n’est pas capable d’en extraire l’identité du médecin et son RPPS, qu’il faut donc aller chercher pour renseigner (DEUX fois) les champs d’identification. Ce qui pourrait se comprendre quand un laboratoire ou un pharmacien se connecte, mais quand c’est un médecin libéral …
    • SI-DEP n’est ni capable de lire une Carte Vitale, ni de reconnaître un patient par son numéro INSEE. Il faut donc entrer nom, prénom, sexe, date de naissance, adresse, en sus des renseignements médicaux.
    • En cas de test positif, SI-DEP n’est pas capable de générer automatiquement une fiche dans ContactCovid (ce sont pourtant exactement les mêmes renseignements ! mais ContactCovid lui identifie les patients par leur numéro INSEE). Seul point positif, quand un médecin se connecte, SI-DEP pointe directement sur les tests antigéniques et saute l’étape PCR.

Les médecins ont besoin de procédures simples, claires, qui ne changent pas deux fois par semaine, et faciles à mettre en œuvre. Il ne suffit pas de mettre un tarif attractif, encore faut-il qu’il soit véritablement utilisable. 

A l’évidence pour les tests antigéniques le challenge est loin d’être rempli. Et les médecins découragés par une première tentative décevante ne renouvelleront peut-être pas l’essai. Dommage, encore une opportunité ratée dans la gestion de la crise COVID.